Voici notre sélection d’articles parus au premier trimestre 2018 dans de nombreuses revues scientifiques internationales et portant sur la périnatalité. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit. Au menu notamment : plusieurs contenus sur les effets de la dépression maternelle, les liens entre prise de paracétamol pendant la grossesse et retards de langage, le fameux baby brain qui ne serait pas un mythe…
Fort impact du syndrome d’alcoolisation foetale sur les enfants à l’âge adulte
Developmental medicine and child neurology
Cette méta analyse menée auprès d’individus souffrant d’un syndrome d’alcoolisation foetale et de leurs parents souligne l’étendue des difficultés rencontrées par les enfants une fois adultes : problèmes somatiques, tolérance élevée à la douleur, comportement destructeur, hyperactivité, agressivité, problèmes sociaux avec les amis, moindre assiduité scolaire et difficulté à conserver un emploi. Les parents, eux, considèrent qu’ils devront s’engager toute leur vie auprès de leur enfant et que l’ensemble de la famille se retrouve très isolé du fait du handicap de l’enfant.
Les très fortes conséquences d’une dépression du post partum sévère et persistante
Cette étude observationnelle portant sur 9848 femmes présentant des niveaux et des durées variables de dépression postnatale et sur 8287 enfants (étude longitudinale anglaise, cohorte Avon), aboutit à la conclusion que les enfants des femmes présentant un niveau sévère de dépression, de façon persistante, après la naissance, ont un risque accru de troubles du comportement à l’age de 3,5 ans, mais aussi de résultats plus faibles en mathématiques et de survenue d’une dépression à l’adolescence. Les mères présentant des dépressions sévères et persistantes peuvent souffrir de symptômes dépressifs jusqu’à 11 ans après la naissance. Pour cette étude, trois niveaux d’intensité ont été définis (modérée, marquée, sévère). A partir de l’échelle d’auto évaluation d’Edinburgh, l’intensité des symptômes dépressifs a été évaluée deux mois et huit mois après la naissance puis l’état psychique des mères a été régulièrement testé jusqu’aux onze ans de l’enfant.
Qu’elle soit persistante ou pas, la dépression post natale double le risque de troubles du comportement chez l’enfant. Mais la persistance et la sévérité de cette dépression accroît sensiblement les risques pour l’enfant. Pour les auteurs, lorsque cette dépression est sévère dans les premières semaines qui suivent la naissance, il est capital de vérifier si les symptômes persistent tout au long de cette première année. Si c’est le cas, ces mères doivent être prises en charge en priorité.
La sensibilité maternelle très altérée en cas de dépression sévère
Attachement and human development
Voici une autre étude sur l’impact de la dépression maternelle, cette fois sur la sensibilité de la mère (capacité à répondre de façon ajustée et rapidement aux signaux émis par le bébé) de la naissance jusqu’aux 12 mois de l’enfant. Les mères qui ont un niveau de dépression élevé apparaissent bien moins sensibles que les mères présentant des symptômes moins forts.
Les mères dépressives sont des grands-mères moins investies émotionnellement
La dépression maternelle semble avoir des effets transgénérationnels. C’est la conclusion de cette étude menée auprès de plus de 300 femmes anglaises et américaines de 60 ans et auprès de leurs enfants à leur tour devenus parents.
Lorsque ces femmes ont présenté des épisodes dépressifs, à quelque moment que ce soit de leur vie, leurs relations avec leurs enfants sont moins bonnes. Mais la dépression survenant pendant la période périnatale apparaît particulièrement préjudiciable à ces relations. Plus cette dépression a été forte plus les relations mère-enfant à l’âge adulte étaient mauvaises. Autre résultat : ces femmes étaient également émotionnellement moins proches de leurs petits enfants.
La supplémentation pendant la grossesse pour réduire les risques de TSA
Les données recueillies à partir d’une cohorte israélienne de 45 300 enfants montrent une association entre l’administration d’acide folique et de compléments multivitaminiques pendant la grossesse et le risque diminué pour l’enfant de présenter des troubles du spectre de l’autisme : les enfants des mères qui s’étaient vu prescrire ces compléments ont été moins nombreux à développer de tels troubles. Il semblerait donc que cette supplémentation pendant la grossesse constitue un facteur de protection. Néanmoins, ces résultats doivent être pris avec précaution : les chercheurs n’ont pas pu contrôler d’autres variables qui ont pu entrer en ligne de compte et réduire ce risque.
Paracétamol pendant la grossesse et retard de langage chez les filles
Cette étude menée sur 754 Suédoises porte sur l’association entre la consommation de paracétamol pendant la grossesse et d’éventuels retards de langage chez l’enfant. Elles ont été incluses entre 8 et 13 semaines de grossesse. Leur consommation de paracétamol entre la conception et le début de l’étude a été notée et des analyses urinaires effectuées. 59,2% de ces femmes ont consommé du paracétamol au cours de cette période et la concentration de la molécule dans les urines correspondait à la consommation indiquée. Une plus forte consommation de paracétamol en début de grossesse est associée à un risque accru de retard de langage chez les petites filles, pas chez les garçons.
Nouvelles recommandations américaines pour l’allaitement partagé et le don de lait
Les autorités de santé américaines et plusieurs sociétés savantes ont publié des recommandations concernant l’allaitement partagé et le don de lait. Ces pratiques semblent en effet en augmentation. Or, elles présentent de réels risques sanitaires. Ces recommandations rappellent donc aux mères qui souhaiteraient obtenir du lait maternel pour leur bébé via ces modalités informelles, de s’assurer à tout le moins de l’histoire médicale récente et prénatale de la donneuse et du fait qu’elle ne consomme pas du substances toxiques. Les auteurs donnent des conseils concernant la pasteurisation du lait maternel tout en rappelant que cette pasteurisation risque néanmoins de considérablement diminuer les bienfaits du lait. L’utilisation d’internet pour recourir à une femme allaitante ou pour acquérir du lait est vivement déconseillée.
Le « baby brain » ne serait pas un mythe
Dans cette méta analyse les chercheurs mettent en évidence qu’il existe bien une modification des fonctions cognitives pendant la grossesse (phénomène appelé « baby brain »), essentiellement au cours du dernier trimestre. La comparaison entre des femmes enceintes et non enceintes soulignent de moins bonnes performances chez les premières sur le plan du fonctionnement cognitif général, de la mémoire et des fonctions exécutives. Mais l’impact de ces modifications sur la qualité de la vie au quotidien nécessite d’autres investigations.
L’infertilité, facteur de risque pour l’enfant comme n’importe quelle maladie chronique maternelle
En quoi l’infertilité apparaît-elle comme un facteur impactant la santé de l’enfant et devrait-elle être prise en compte dans les bilans de santé de la mère et de l’enfant ? Parce que l’infertilité est la condition la plus associée à des bébés de plus petite taille et de plus petit poids. Pour les chercheurs en charge de ce programme de prévention, il faut donc prendre en compte l’infertilité au même titre que n’importe quelle maladie chronique de la mère car elle peut avoir des conséquences sur le long terme pour la santé des enfants. Pour les auteurs, il y a donc une question importante à poser pour mieux comprendre la santé des femmes et de leurs enfants : « Avez-vous déjà été active sexuellement pendant au moins une année sans utiliser de contraception et sans être enceinte ? »
Impact de la prématurité sur la vie sociale de l’enfant
Les enfants prématurés semblent avoir plus de difficultés à interagir avec leurs pairs pendant la petite enfance. Selon une étude effectuée à partir d’une cohorte allemande de 1000 enfants, les grands prématurés, même ceux ne présentant pas de lourdes séquelles, semblent avoir moins d’amis et passer moins de temps avec eux. Les parents estiment que leurs enfants sont moins acceptés par les autres, en tous cas jusqu’à l’entrée en école élémentaire. Lorsque ces enfants présentent en plus des handicaps moteurs ou cognitifs, les difficultés sociales sont encore plus élevées. De façon générale, dans cette cohorte, les garçons, les enfants de famille nombreuse, ceux qui présentent des difficultés cognitives, motrices ou de comportement, et ceux qui n’ont pas bénéficié de relations parents-enfants de qualité pendant la toute petite enfance, ont moins d’amis, les voit moins souvent et se sentent moins acceptés.