Voici notre sélection d’articles parus en juin 2018 dans de nombreuses revues scientifiques internationales et portant sur le développement de l’enfant. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit. Au menu notamment : l’attachement, la théorie de l’esprit, l’impact de l’usage d’internet sur l’intelligence verbale, émotions.
Auto-régulation, activité neuronale et sensibilité maternelle
Le développement de l’auto-régulation est considéré comme une phase primordiale de l’enfance. Le système d’auto-régulation et d’auto-évaluation va de paire avec l’activité neuronale, illustrée notamment par la « négativité de l’erreur » dite Ne (une onde électrique négative émise dans le cerveau lorsque celui-ci détecte une mauvaise réponse). La façon dont le contexte de vie stimule le processus neuronal de l’auto-évaluation telle que la négativité de l’erreur est peu connue. Dans cette étude, le statut socio-économique (SSE) et la parentalité ont été testés comme éléments environnementaux influençant le développement de la Ne chez des enfants de 3-4 ans. Les résultats ont montré les augmentations attendues de l’activité cérébrale entre les âges 3 et 4 seulement lorsque la sensibilité maternelle et le SSE étaient élevés. Pour les auteurs, ces travaux montrent l’importance de prendre en compte l’environnement précoce pour comprendre le développement du processus neuronal soutenant l’auto-régulation chez les jeunes enfants.
Attachement, théorie de l’esprit et mentalisation parentale
Cette expérimentation vient renforcer le corpus de recherches qui lient l’attachement, la mentalisation parentale (la capacité d’un parent à considérer son enfant comme ayant ses propres pensées et sentiments) et la capacité de l’enfant à adopter le point de vue d’autrui. Les chercheurs montrent en effet que des réactions maternelles non ajustées à l’enfant prédisent un attachement insecure. Par ailleurs, le fait que l’enfant, à deux ans, manifeste de faibles ou fortes capacités à adopter le point de vue d’autrui va également jouer sur la stabilité de cet attachement (qui restera secure ou insecure, ou au contraire qui basculera de l’un à l’autre).
Règles d’or pour réussir la transposition d’un programme standardisé
Annals of the new york academy of science
La Plupart des pays à faibles revenus ou à revenus modérés manquent de ressources pour implanter des programmes de santé publique. Il est donc nécessaire de faciliter les interventions qui vont judicieusement mobiliser les ressources disponibles. Malgré les preuves de l’efficacité de nombreuses interventions, le fait de transposer celles-ci en contexte réel et de permettre leur déploiement à grande échelle est complexe et a souvent été négligé. Les auteurs profitent d’une étude de cas sur un programme de soutien à la santé des mères et des bébés mis en place en Afrique du Sud pour distiller huit pistes qui peuvent permettre de soutenir l’efficacité d’une intervention : un recrutement d’équipe selon un processus rigoureux, une formation de qualité (développer un corpus commun d’exemples concrets de problèmes à résoudre associés à des compétences spécifiques pour les résoudre), l’évaluation (avoir des retours sur la qualité), un soutien institutionnel et communautaire, un leadership stable (qui va s’occuper d’optimiser le potentiel de l’équipe, s’assurer d’un profond et durable changement d’état d’esprit).
L’attention portée au visage à 7 mois est un indicateur des capacités ultérieures d’empathie
Les chercheurs ont analysé l’intérêt des enfants pour les visages à 7 mois et le lien éventuel avec des compétences reflétant le comportement social entre 2 et 4 ans (l’aide spontanée, la compréhension des émotions, la mentalisation, la tendance à l’insensibilité et à l’absence d’émotion). Les différences inter individuelles à 7 mois concernant l’attention portée aux visages n’ont pas d’impact sur la capacité ultérieure à comprendre les émotions ou sur la mentalisation. En revanche, les bébés qui manifestent une attention plus soutenue vers les visages sont plus enclins plus tard à apporter leur aide et sont moins enclins à l’insensibilité. Pour les auteurs, ces résultats confirment que l’attention portée aux visages pendant la toute petite enfance est corrélée au développement de l’empathie et de la sensibilité aux besoins d’autrui.
Attachement, couple et pratiques parentales
Attachment and Human Development
Cette étude analyse les liens éventuels entre les relations au sein du couple parental, le mode d’attachement de chaque partenaire et la façon dont chaque parent prend soin de son enfant de 8 mois. 125 couples ont été suivis depuis la grossesse de leur premier enfant. Les deux partenaires ont répondu à un questionnaire pour évaluer leur propre attachement (celui qui s’est construit pendant leur enfance) et les interactions conjugales ont été observées. Les couples ont été classés selon le type d’attachement de chaque partenaire (secure/secure, mère secure/père insecure, père secure/mère insecure, insecure/insecure…). Les soins donnés à l’enfant ont été observés au domicile. De façon assez attendue, les couples « secure/secure » manifestaient les relations conjugales les plus positives et la plus haute sensibilité à la fois maternelle et paternelle. Pour les auteurs, le type d’attachement de chaque conjoint a un impact sur la qualité du couple avant l’arrivée de l’enfant qui a son tour contribue à prédire la qualité ultérieure des pratiques de soins de chaque parent.
Aider les mères à mieux concilier vie pro et vie perso pour une meilleure santé mentale des enfants
Ces travaux cherchent à comprendre le sens de la causalité entre une relation travail/famille conflictuelle ou enrichissante chez la mère, les troubles internalisés ou externalisés des enfants et les conflits conjugaux. Les auteurs ont modélisé les données portant sur 2946 enfants avec une mère en emploi, issues d’une cohorte longitudinale australienne. Ces familles ont fait l’objet d’un recensement tous les deux ans pendant dix ans (des 4-5 ans des enfants jusqu’à leurs 14-15 ans).
Les résultats montrent des associations bi-directionnelles entre cette interface « travail-famille » et le développement de l’enfant. Des difficultés initiales à concilier travail et famille pour la mère sont associées à une augmentation au fil du temps des troubles internalisés des enfants. Inversement, des troubles internalisés des enfants à 4-5 ans prédisent une baisse linéaire de l’enrichissement prodigué par la conciliation famille/travail de la mère. En revanche, une bonne conciliation de départ ne semble pas entraîner de modifications des troubles internalisés ou externalisés des enfants. Cette bonne conciliation est associée à une diminution des conflits interparentaux, et le conflit conjugal initial est lui-même associé à une augmentation linéaire des problèmes d’externalisation des enfants. Pour les auteurs, ces chiffres montrent l’importance de la relation vie privée/vie professionnelle dans les indicateurs de santé de la famille. La corrélation la plus évidente est celle mettant en lien la conciliation vie privée/vie pro avec les conflits de couple et avec la santé mentale de l’enfant. Ce qui confirme que les interventions et politiques qui visent à promouvoir un environnement de travail « family-friendly » peuvent être très bénéfiques pour les parents et leurs familles.
Prise de risque et comportement antisocial pendant l’enfance
Journal of child Psychiatry and psychology and allied disciplines
D’un côté l’impact du comportement « antisocial » d’un enfant sur une future inadaptation sociale est connu. De l’autre, la prise de risque précoce a été associée avec des comportements anti sociaux à l’adolescence et à l’âge adulte. Mais les liens entre la prise de risque pendant l’enfance et le comportement anti-social sur la même période est peu connu. C’est ce lien qu’analyse cette étude. 1086 enfants dont 51% de garçons ont été suivis sur trois vagues entre l’âge de 7 et 11 ans. Le comportement anti-social (agressivité, opposition) a été évalué avec un questionnaire auprès des enseignants et des pairs. La prise de risque a été évaluée avec la grille BART.
Les résultats montrent que déjà dans l’enfance, parmi des enfants au développement typique, la prise de risque est associée avec les prémices d’un comportement anti-social.
Les parents adoptifs aussi engagés et sensibles que les autres au fil des mois
Child Psychiatry and human development
L’observation de familles adoptives en comparaison avec des parents biologiques aux 2 ans et aux 3 ans de l’enfant montre de réelles différences dans les interactions lors de la première vague d’observation mais pas lors de la deuxième vague. Un questionnaire a également été soumis aux parents pour mesurer leur degré d’engagement dans la parentalité auprès de cet enfant. De la même façon, cet engagement augmente nettement entre les deux vagues chez les parents adoptifs, l’engagement étant un bon prédicteur de la sensibilité parentale.
Théorie de l’esprit et inclinaison au partage chez les jeunes enfants
145 enfants âgés de 3 à 6 ans ont participé à un test en deux temps (10 mois d’intervalle) censé évaluer leurs capacités pro-sociales. Les enfants étaient amenés à partager une récompense avec un étranger, des amis proches, des connaissances non amies. De façon générale, dans les deux vagues du test, les enfants partagent davantage avec leurs amis proches. Les enfants plus âgés sont plus enclins à partager que les plus jeunes, avec leurs amis ou avec des étrangers. La théorie de l’esprit prédit une plus forte propension à partager avec les amis et les enfants les plus jeunes avec un haut niveau de score au test de la théorie de l’esprit partagent davantage avec leurs amis à tous les âges.
Ces enfants qui expriment leurs émotions par l’alimentation
Manger plus ou moins en réponse aux émotions négatives est un phénomène connu chez les enfants. A partir d’une cohorte norvégienne cet article cherche à identifier des facteurs contextuels qui peuvent influer sur ce mode de réaction (tempérament de l’enfant, symptômes dépressifs, événements difficiles, fonctionnement familial, sensibilité parentale). Une faible capacité à être apaisé, une moindre structuration parentale à l’âge de six ans sont associés à une plus forte tendance à la compensation émotionnelle par la nourriture à dix ans. Un mauvais fonctionnement familial à six ans prédit une tendance à davantage chipoter son assiette à dix ans.
La croissance du périmètre crânien est un biomarqueur pertinent du développement de l’enfant
Scientific report
Résumé en français de cette étude (ci-dessous) disponible sur le site de l’Université de Montréal
Une croissance atypique du périmètre crânien (PC) durant la première année de vie a été associée à certains troubles du neurodéveloppement, notamment l’autisme. Cependant, l’impact d’une croissance du PC atypique durant la période néonatale sur le développement de l’enfant n’est pas bien connu. Ainsi, ce mémoire s’intéresse à la croissance néonatale du PC comme biomarqueur du développement socioémotionel, cognitif et moteur durant l’enfance. Plus précisément, l’apport prédictif de la croissance du PC de 0 à 12 mois sur le tempérament (contrôle volontaire, extraversion et affectivité négative), les habiletés cognitives et les habiletés motrices (grossières et fines) à 24 mois a été évalué au sein d’un échantillon d’enfants sains (N = 756) provenant de l’étude longitudinale 3D du Réseau intégré de recherche en périnatalogie du Québec et de l’Est de l’Ontario (IRNPQEO). Les résultats indiquent que la croissance néonatale du PC prédit inversement le contrôle volontaire et l’extraversion, mais prédit directement les compétences motrices grossières chez les garçons. Les comparaisons de groupe indiquent que les garçons ayant une croissance du PC plus lente montre un contrôle volontaire significativement plus élevé et des compétences motrices grossières inférieures à ceux ayant une croissance normale ou plus rapide du PC. Cette étude est la première à démontrer une relation entre la croissance néonatale du PC et des aspects spécifiques du fonctionnement de l’enfant dans une population saine. Les résultats confirment la validité de la croissance du PC en tant que potentiel biomarqueur du développement normal et anormal de l’enfant. Des études subséquentes sont cependant nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes de la croissance du PC et confirmer l’importance clinique des résultats.
Prématurité et sociabilité des enfants
Les enfants nés très grand prématurés (23-27 semaines de grossesse) semblent avoir davantage de difficultés sociales avec leurs pairs que les grands prématurés (28-32 semaines) et enfants nés à terme. Ils sont plus nombreux à rapporter ne pas avoir d’amis proches, éprouver de l’insatisfaction avec leur réseau de pairs, et ont moins de temps en interaction directe avec des amis. Le taux de harcèlement semble en revanche similaire entre les très grands prématurés et grands prématurés.
TCC et dépression chez l’adolescent
Cette méta analyse portant sur les thérapies cognitivo-comportementales pour la dépression chez les adolescents suggère que ce traitement a des effets significatifs même si la taille d’effet est faible.
L’usage d’internet et son incidence sur l’intelligence verbale des enfants
Cette étude analyse les effets de l’usage d’internet sur le volume de la matière grise et blanche du cerveau sur une durée de trois années. L’âge moyen des enfants était de 11, 2 ans, s’étalant de 5,7 ans à 18,4 ans. Cette analyse longitudinale montre une association entre un usage accru du net, une diminution de l’intelligence verbale et une plus faible croissance de la matière grise et blanche de plusieurs régions du cerveau impliquées dans les processus langagiers, l’attention, les fonctions exécutives, les émotions et le schéma de la récompense. L’usage fréquent d’internet serait donc directement ou indirectement associé avec une diminution de l’intelligence verbale et avec une croissance atténuée du volume de la matière grise.
Prévention de l’obésité auprès de communautés migrantes
Journal of Nutrition Education and Behavior
Comment favoriser une meilleure hygiène de vie et mieux prévenir l’obésité infantile chez les familles latino-américaines ? L’étude s’est intéressée en particulier aux perceptions des parents en matière de style de vie sain. Ces familles ont le sentiment que le maintien d’un style de vie sain nécessiterait un trop gros effort et la prévention est rendue difficile par un manque de connaissances. Les auteurs concluent qu’il est nécessaire de se focaliser sur l’environnement de ces familles, d’accroître leur niveau de connaissances, de construire un sentiment d’auto-efficacité, de modéliser les comportements à partir de recettes familiales et de pauses d’activité physique et de faire appel aux ressources communautaires.
Allaitement et intelligence de l’enfant
Les auteurs de cet article ont analysé un échantillon national de 790 dyades mère-enfant pour étudier la corrélation entre l’allaitement maternel et l’intelligence de l’enfant. Les chercheurs ont notamment concentré toute leur attention sur les possibles biais (intelligence et éducation maternelles). La corrélation entre l’allaitement durant les six premiers mois de vie et l’intelligence de l’enfant est statistiquement signifiante même si elle semble d’un impact mineur.
Ajuster l’intensité et le contenu des visites à domicile au besoin des familles
Cet article détaille les éléments qui semblent avoir le plus d’impact dans les programmes de visites à domicile. Ce sont les visites qui insistent davantage sur les pratiques parentales qui diminuent le plus le stress lié à la parentalité et l’étude met aussi en avant l’importance pour les familles à risque de recevoir beaucoup de visites. Les femmes à haut risque qui ont reçu un plus grand nombre de visites ont réduit leur recours aux méthodes éducatives dures. Les auteurs plaident pour un recensement plus fin des pratiques et des contenus de ces VAD, pour des suivis de résultats sur le long terme et pour appliquer des calendriers et des contenus plus flexibles selon les besoins (pour les familles exposées à des traumatismes par exemple).
Le développement de l’enfant aussi lié à son quartier
Canadian Journal of Public Health
Cette étude canadienne porte sur 1102 enfants pour lesquels les caractéristiques de l’environnement familial et du quartier ont été détaillées : niveau de défaveur du voisinage, santé du foyer, densité de population, instabilité familiale, sécurité dans le quartier, accès aux services. Il apparaît que les enfants vivant dans un quartier perçu comme dangereux ont 1,5 fois plus de risque des présenter une vulnérabilité dans au moins un domaine de développement. Idem pour les enfants élevés dans une famille ayant peu accès aux services.
Prévention de l’anxiété en milieu scolaire au Japon
Child and adolescent psychiatry and mental health
Cette étude japonaise montre l’efficacité d’un programme de prévention des troubles de l’anxiété proposé universellement aux écoliers de 10 à 12 ans. « Le voyage des courageux » est un programme cognitivo-comportemental testé auprès de deux classes (41 élèves).
Les parents de jeunes radicalisés passés à la question
Journal of child and family studies
Cette enquête réalisée en Belgique et aux Pays-Bas sur la radicalisation donne la parole à des adolescents et jeunes adultes ayant adopté des idéaux politiques ou religieux extrêmes et à leurs parents. Les auteurs montrent que face au comportement de leur enfant, les parents développent quatre types de réaction : le rejet, l’approbation, l’indifférence, la discussion. Les parents qui optent pour la discussion sont en fait très peu nombreux parce qu’ils se sentent impuissants, pensent qu’il s’agit d’une phase transitoire, sont occupés par d’autres problèmes… Il ressort aussi de cet article que, concernant la radicalisation religieuse, les parents ne voient au départ pas le danger. Soit parce qu’ils sont eux mêmes pratiquants, soit parce qu’ils considèrent positivement le fait que leur enfant cherche un sens à sa vie. Pour les auteurs le soutien et le contrôle sont des outils que pourraient utiliser les parents face au développement des idées extrêmes.
Observation via la vidéo et durée de l’extrait
Journal of psychopathology and behavioral assessment
Cet article s’intéresse à l’observation des interactions à l’aide de la vidéo avec cette question pas anodine : quelle doit âtre la durée de l’extrait choisi pour l’analyse si on veut obtenir des résultats réellement représentatifs du comportement qui nous intéresse ? Dix minutes, 20 minutes, la totalité de la vidéo à chaque fois ? Les auteurs estiment que choisir des séquences courtes de dix minutes permet tout à fait d’aboutir à des résultats fiables, si les extraits choisis sont pris au milieu d’une interaction.
Attention conjointe et développement du langage
Les auteurs s’intéressent ici au effets respectifs de « l’attention conjointe supportée » et de « l’attention conjointe coordonnée » qui sont deux modes d’interactions au cours desquelles un parent soutient le développement du langage de son enfant. Dans la première (attention conjointe soutenue), le caregiver accompagne les manipulations et découvertes de son enfant avec la parole mais lui laisse la direction des opérations, se cale sur son centre d’intérêt et l’enfant n’est pas engagé dans un échange réciproque avec le parent. Dans l’attention « conjointe coordonnée » il s’agit davantage d’un dialogue autour de l’objet. Dans cette recherche l’attention conjointe soutenue est associée à de meilleurs résultats en langage de réception et d’expression à 24 et 36 mois, mais plus à 48 mois.
Aider son enfant à positiver ses relations avec autrui
Cette étude souligne qu’il est important que les parents aident leur enfant à mieux percevoir les intentions d’autrui, et surtout à comprendre que les comportements des pairs ne sont pas forcément mus par l’hostilité. Les enfants attribuent souvent à tort une intention hostile à leurs congénères. Les parents peuvent les aider à percevoir le monde des relations sociales de façon moins hostile.
Statut socio-économique, investissement parental et réussite scolaire
Cette étude chinoise montre que l’impact du statut socio-économique des parents sur les performances en lecture de leurs enfants est fortement médié par les attentes et l’engagement parentaux. C’est le fait que les parents moins aisés sont moins investis sur les questions scolaires qui explique en grande partie les plus grandes difficultés des enfants. Les mécanismes diffèrent ici pour les filles et les garçons. Pour les garçons, ce sont à la fois les effets du revenu familial et de l’éducation des parents qui se trouvent modifiés par l’engagement parental et la communication parent-enfant. Pour les filles les effets du niveau d’instruction des parents sont modulés par la surveillance à la maison, la communication parent-enfant et les attentes parentales à la fois. Alors que les effets du niveau de revenu sont eux pleinement liés à la communication parent-enfant.
La maltraitance laisse des traces dans le cerveau
La maltraitance infantile entraîne des schémas neurophysiologiques spécifiques et une vulnérabilité socio-émotionnelle. Cette étude analyse de façon prospective les corrélations entre une asymétrie de l’activité frontale de la bande de fréquence alpha (considérée comme un marqueur psychophysiologique d’une vulnérabilité face à la dépression), la timidité et la psychopathologie. Des adolescentes de 14-16 ans, ayant subi des mauvais traitement pendant l’enfance, ont été comparées à un groupe contrôle n’ayant pas été maltraité, au cours de trois sessions à six mois d’intervalle. Parmi les adolescentes des deux groupes chez lesquelles a été observée une asymétrie de la bande de fréquence alpha, les adolescentes maltraitées manifestaient une plus grande propension à la timidité. Pour les auteurs, l’activité du lobe frontal droit et la timidité sont impliquées dans la vulnérabilité socio-émotionnelle des adolescentes qui ont été maltraitées.
Stress pendant l’enfance et adaptation à l’adolescence
Journal of developmental and behavioral pediatrics
Les enfants confrontés à des événements de vie stressants ont davantage de difficultés d’adaptation à l’adolescence, qui se traduisent par des problèmes internalisés et externalisés. C’est encore plus vrai pour les garçons et pour les enfants ayant une forte réactivité émotionnelle. Il semble que la dépression paternelle joue également un rôle dans ces difficultés d’adaptation.
De l’importance d’un environnement soutenant pour les enfants vulnérables
Réalisée au Pays de Galles, cette étude montre les liens entre les événements adverses (qui englobent la maltraitance et un environnement facteur de stress) et un piètre état de santé ainsi qu’un fort absentéisme scolaire. Mais elle souligne aussi à quel point la communauté qui entoure l’enfant peut être facteur de résilience (être traité équitablement, bénéficier du soutien de ses amis, se voir offrir la possibilité d’utiliser ses capacités, avoir accès un un adulte de confiance, pouvoir respecter quelqu’un). Pour les enfants qui étaient confrontés à au moins quatre événements adverses mais pouvaient compter sur tous ces facteurs de résilience, la prévalence d’un mauvais état de santé chutait de 59,8% à 21,3%.
Impact des violences sur la consommation de tabac et marijuana pendant la grossesse
Journal of interpersonal violence
Cette étude met en lien les mauvais traitements subis pendant l’enfance et à l’âge adulte avec la consommation de tabac et de marijuana pendant la grossesse. Elle montre que les violences intraconjugales sont corrélées à une consommation tabagique légère pendant la grossesse, que les maltraitances infantiles augmentent le risque de consommation élevée de tabac en période prénatale et que les violences sexuelles intraconjugales augmentent le risque d’une consommation de marijuana sur la même période. Les auteurs estiment urgent de prendre en compte cette dimension traumatique lorsqu’est abordée la question de la consommation de toxiques avec les femmes enceintes, particulièrement avec les femmes à risque socio-démographique.