Cela pourrait ressembler à du parrainage, tel qu’il est pratiqué en France, mais ce n’en est pas. De l’aide éducative en milieu ouvert alors ? Non plus. De la visite à domicile façon PMI ? Encore perdu. Le Petit Vélo Jaune, association belge, c’est tout cela à la fois et en même temps ça n’a rien à voir. Et c’est donc très intriguant.
L’association existe depuis cinq ans en Belgique sur le territoire Bruxellois et dans une partie du Bravant wallon. Elle met en relation des jeunes parents en besoin de soutien et des co-équipiers, tous bénévoles. Chaque co-équipier s’investit pendant une année minimum auprès d’une famille, à raison d’une visite au domicile par semaine, si possible dès la naissance de l’enfant voire dès la grossesse. Le bénévole offre sa présence à un parent en situation d’isolement, son écoute, sa disponibilité. Il fait part de ses propres expériences, ne s’interdit pas de donner des conseils, transmet son propre savoir-faire par les mots ou les gestes. Il a aussi comme attribution de redonner aux parents la confiance qui leur manque dans leurs propres capacités. Ce bénévole gomme la frontière avec l’extérieur, avec la cité. C’est lui qui amène la jeune mère seule à ouvrir de nouveau la porte pour emmener ses enfants jouer à l’extérieur, à se rendre à la médiathèque, à découvrir ou redécouvrir les services disponibles dans son quartier. Il suscite et facilite les interactions entre la mère et son bébé, par le jeu et les petits moments de plaisir partagé. Le co-équipier est un tisseur de liens multiples, au sein de la cellule familiale, entre la famille et l’extérieur.
Des parents isolés, souvent en grande précarité
Les familles, elles, sont constituées de parents d’enfants de moins de trois ans. Ils arrivent seuls jusqu’à l’association ou, le plus souvent, sont adressées par d’autres services (maternités, services sociaux, consultations pré et post natales de l’Office National de l’Enfance). La précarité économique ne constitue pas un critère de sélection en tant que tel mais, de fait, c’est un élément récurrent, qui va de paire avec, ou explique, l’isolement social et les difficultés en lien avec la parentalité. « Lorsqu’on est dans un logement insalubre et que le frigo n’est pas plein c’est difficile de donner un cadre sécurisé et rassurant à son enfant », rappelle Vinciane Gautier, la co-fondatrice avec Isabelle Laurent de la structure. Plus de 65% des parents soutenus sont immigrés et 68% des familles sont monoparentales. La plupart ont souffert enfant au sein de familles déstructurées et carencées. Des critères d’exclusion ont été posés : la maladie psychique non médicalisée, l’addiction, des familles déjà avancées dans les mesures de protection de l’enfance, des situations trop lourdes, des familles SDF.