Les ministères de l’Education Nationale et de la Famille se mobilisent pour promouvoir la scolarisation des moins de trois ans dans les zones d’éducation prioritaire. Les deux Ministres ont organisé une conférence de presse commune. Notre partenaire, le site Touteduc, y était. Voici son compte-rendu.
“Certaines familles rechignent à inscrire leur enfant de moins de 3 ans à l’école maternelle” et “de nombreuses places sont vacantes”, expliquent conjointement Najat Vallaud-Belkacem et Laurence Rossignol. Les ministres en charge de l’Education nationale et de l’Enfance entendent donner ensemble “une impulsion forte” à la politique de scolarisation des tout-petits, même si la seconde insiste, “ce n’est qu’un des modes de garde des jeunes enfants”. Elles avaient réuni ce 4 avril l’ensemble des représentants des communautés éducatives, des collectivités et des acteurs de l’action familiale et sociale pour “une alliance”, des partenariats sur le terrain comme au niveau interministériel afin d’informer et de convaincre les familles.
Le dossier de presse rappelle quelque chiffres. Entre 2001 et 2012, le taux de scolarisation des moins de 3 ans est passé de 35 à 11 %. Depuis 2013, 1 100 classes spécifiques ont été ouvertes, avec des effectifs réduits et un(e) ATSEM en permanence. Elles regroupent 11 % des élèves des 93 600 “moins de 3 ans” (soit moins de 10 enfants par classe, ndlr), les autres étant le plus souvent dans des classes réunissant “une très petite section et une petite section” (les trois ans). Au total, quelque 25 000 places ont été “nouvellement offertes” mais “de nombreuses places sont vacantes”. Le taux de scolarisation des moins de 3 ans est actuellement de 11,7 % : 9,8 % hors éducation prioritaire, 19,3 % en REP et de 22,2 % en REP+. Les objectifs sont de 30 % en REP et de 50 % en REP+, soit 75 000 places.
Les DASEN (les directeurs départementaux de l’Education nationale) communiqueront aux CAF (caisses d’allocations familiales) avant la fin de ce mois une estimation du nombre de places disponibles. Les CAF identifieront les familles ayant des enfants de moins de 3 ans et les informeront, notamment par mail, mais aussi en organisant des réunions de sensibilisation, de la possibilité et de l’intérêt qu’elles auraient à inscrire leur enfant à l’école. Les PMI, les centres communaux d’action sociale, les lieux d’accueil parents-enfants, les ludothèques, les bibliothèques… seront mobilisés pour contribuer à la sensibilisation des familles.
Unamité des acteurs invités
Car l’ensemble des acteurs présents étaient unanime pour reconnaître les bénéfices d’une telle politique pour les enfants des familles les plus éloignées de la culture scolaire, même si Sylviane Giampino n’a pas encore rendu son rapport sur le développement du petit enfant dans les différents modes d’accueil (voir ToutEduc ici). L’AMF est “tout à fait prête à travailler” avec les deux ministres et la CNAF en ce sens, même si, pour elle, “l’Education nationale doit être aux côtés des professionnels de la petite enfance” et non pas faire “à la place de”. D’ailleurs, l’accueil en maternelle ne libère pas de places de crèche, et ne vient pas s’y substituer, il vient en complément.
Toutefois l’association des maires de France s’interroge. Ne faudrait-il pas élargir le périmètre aux ZUS et aux quartiers en “contrats de Ville”. L’UNAF (les associations familiales) insiste, le dispositif ne s’adresse pas à tous les enfants, et il est important que l’accueil se fasse tout au long de l’année scolaire. France urbaine (les grandes villes), également “aux côtés” des deux ministres, met en avant la nécessité d’inscrire cet accueil dans le cadre du PEDT (projet éducatif de territoire). La PEEP demande que l’école accueille les parents en amont de la rentrée, pour préparer avec eux l’accueil de l’enfant…
Des moyens pour l’aménagement des locaux
Najat Vallaud-Belkacem évoque dans ses réponses les spécificités des “très petites sections” pour lesquelles les instructions officielles ont été publiées (ici et ici), et annoncera, la semaine prochaine, avec P. Kanner que des moyens nouveaux aideront les villes qui seraient en difficulté pour aménager des locaux pour les petits. Mais pour elle, il n’y a pas de difficulté à accueillir des moins de trois ans avec des enfants plus âgés, “les enseignants savent gérer”.
Un visuel est prévu pour expliquer aux parents comment fonctionne l’école pour ces enfants (ici). A noter que plusieurs enfants y ont leur “tétine” et que la salle de classe comporte une table à langer. Interrogées par ToutEduc qui fait remarquer que l’école maternelle a longtemps refusé les tétines et n’acceptait que les enfants “propres”, Laurence Rossignol se réjouit de la voir évoluer, Najat Vallaud-Belkacem souligne l’importance des ATSEM, puisque ce sont ces personnels qui seront amenés à changer les enfants, et les représentantes de l’AGEEM (association des enseignant(e)s d’école maternelle) assure que les “postures professionnelles évoluent” pour un meilleur respect des besoins des enfants, et pour les amener progressivement à se libérer de la “tétine” ou du “doudou” (le site Eduscol y insiste d’ailleurs, ndlr).