Intervenir précocement de manière globale et coordonnée permet d’améliorer le développement de l’enfant et de prévenir les situations plus sévères. C’est le message de cette campagne de grande ampleur lancée ce lundi 24 septembre par l’ANECAMSP avec le soutien de Sophie Cluzel, la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées.
Mahé a à peine quelques semaines lorsque ses parents remarquent son manque de tonicité musculaire. A deux mois, cette hypomotricité est confirmée. Un an plus tard le petit garçon est pris en charge par un CAMSP. Il marchera à 27 mois. Il a aujourd’hui 5 ans et s’il n’est pas encore prêt à jouer au foot dans la cour de l’école, il est vif, mobile, et se prend volontiers pour un aventurier.
Mahé est l’un des enfants dont le parcours illustre la campagne « handicap, agir tôt » lancée ce lundi 24 septembre par l’ANECAMSP. L’association a demandé à la société Créalis Medias et à Valéria Lumbroso, réalisatrice spécialisée dans l’enfance et le handicap, de produire une série de films de 4 minutes qui présentent chacun un enfant, une interview de ses parents et d’un spécialiste qui suit l’enfant. Cette campagne cible les futurs parents et parents des 0-6 ans mais aussi les professionnels de la petite enfance et de la santé. Il s’agit de sensibiliser ces publics au repérage précoce des difficultés, au décalage dans les acquisitions et à la nécessité de solliciter rapidement un avis spécialisé. Les films réalisés par Valéria Lumbroso abordent la prématurité, les troubles de l’audition, de la vision, de la motricité, du langage et l’autisme. Ils seront mis en ligne sur un site web dédié et seront normalement diffusés à la télévision. Des affiches et tracts seront distribués auprès des professionnels en contact direct avec les familles.
En finir avec le temps perdu
Ce lundi soir, la Secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, évoque ce « temps perdu à ne pas entendre des parents qui devinent que leur enfant ne se développe pas comme les autres » et ces « professionnels très démunis car ils ne savent pas nécessairement bien dépister ou ne savent pas vers qui orienter les familles ». Mère d’une fille autiste, Sophie Cluzel sait de quoi elle parle et elle le martèle : « il ne faut pas attendre ». Plus tard dans la soirée, Anne Bouygard de l’Agence Régionale de Santé du Centre- Val de Loire estime que si c’est une chance de bénéficier d’un repérage précoce, c’est, en creux, une perte de chance de ne pas avoir de prise en charge précoce. « Il y a encore des enfants qui passent à travers la raquette ». La campagne doit transmettre aux parents mais aussi aux professionnels quelques clés pour repérer les décalages significatifs dans les acquisitions de leur enfant. L’objectif est aussi de permettre aux professionnels de conseiller et orienter les parents, même ne l’absence d’un diagnostic, vers les dispositifs d’action précoce du secteur sanitaire et du secteur médico-social.
Geneviève Laurent, présidente de l’ANECAMSP, qui porte ce projet de campagne depuis plusieurs années, précise que l’objectif est aussi de faciliter l’accueil de ces enfants porteurs de handicap dans les EAJE et à l’école. Elle conclut, des larmes dans la voix: « C’est une question de santé publique, d’humanité, de vivre ensemble ».