Un budget resserré menace le GIPED qui gère le 119 et l’ONPE. Or, l’un comme l’autre sont essentiels au repérage de la maltraitance et à la connaissance de la population des enfants placés ou bénéficiant d’une mesure de protection.
A quelques semaines de l’annonce d’une stratégie protection de l’enfance, c’est une nouvelle qui passe mal. Le SNATED, service qui gère le 119, le numéro de l’enfance en danger, pourrait subir une réorganisation qui amènerait à réduire les heures d’écoute la nuit. L’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE), lui, pourrait perdre deux postes. Or, les écoutes de nuit sont essentielles car les départements ne disposent pas de services d’urgence nocturnes pour prendre les appels de détresse en dehors des horaires ouvrables. « C’est la nuit que surviennent les urgences puisque les cellules de recueil de l’information préoccupantes sont fermées, explique une membre de l’intersyndicale. Les appels concernent les fugues, les mises à la rue, les violences qui se produisent sur le moment, les appels d’angoisse des parents qui ont à gérer des révélations survenues en fin de journée. Ce sont aussi les appels d’outre-mer ou les appels qui n’ont pas été pris dans la journée.» Quant à l’ONPE son travail de soutien aux départements avec la mise en place d’outils est capital. L’observatoire permet aussi de combler un manque bien français : les données chiffrées. Mieux connaître la population concernée par la protection de l’enfance est aujourd’hui une problématique cruciale. Tout sauf un luxe.
400.000 euros vont manquer
Pourquoi la situation financière de ces deux organismes risque-t-elle de se tendre ? Fin 2017 Bercy demande un effort aux groupements d’intérêt public. La Direction Générale de la Cohésion Sociale a alors considéré que le fonds de roulement du GIPED qui gère les deux entités était trop conséquent. Il a donc été décidé de réduire le budget de 7% pour 2018 (moins 400.000 euros). La compensation de cette baisse a été assurée en puisant dans le fonds de roulement. Pour les acteurs concernés il s’agissait d’une décision ponctuelle qui ne devait pas figer dans le marbre l’enveloppe budgétaire. Or, la DGCS vient d’annoncer que le budget 2019 serait identique à celui de 2018. Mais il n’existe plus de fonds de roulement pour combler le différentiel. Le Ministère a donc raison lorsqu’il argue qu’il n’y a pas eu de baisse du budget entre 2018 et 2019. Mais une ligne de crédit a belle et bien disparu entre temps. Pour le 119 il n’y aura pas de suppression de poste mais une réorganisation qui risque de réduire considérablement le nombre d’écoutants la nuit. « Une option assez dramatique » selon un observateur fin connaisseur du sujet. Et un message politique assez désastreux.