Dans un rapport de plus de 500 pages publié en juillet dernier, trois sociétés savantes américaines ont synthétisé 50 ans de recherche sur la parentalité. L’objectif : identifier les pratiques parentales les plus adaptées au développement de l’enfant.
Nous vous proposons ici une synthèse du très volumineux rapport rédigé conjointement par les Académie américaines des Sciences, de l’ingénierie et de la médecine, consacré à la parentalité. Intitulé « Parenting matters » (« la parentalité compte »), il a été publié en juillet dernier et a pour objectif de proposer au gouvernement américain un référentiel scientifique, un cadre pour le développement à venir du soutien à la parentalité. S’il comporte des chapitres très spécifiques à la société américaine, une grande partie de son contenu n’en demeure pas moins instructive pour n’importe quel acteur de terrain, de n’importe quel pays, en raison de son parti pris : identifier, à partir des apports de la recherche, les besoins fondamentaux du jeune enfant (de 0 à 8 ans) puis les postures et pratiques parentales qui favorisent un développement harmonieux. Une sorte de benchmarking des modes éducatifs les plus adaptés et les plus efficaces, du point de vue de l’intérêt de l’enfant. Pour ce faire, le comité en charge de ce rapport a passé en revue toute la littérature scientifique récente sur le sujet (en tous cas les très nombreuses études anglo-saxonnes) et en livre un passionnant condensé. Que nous avons à notre tour synthétisé.
Pour commencer, voici un court résumé de cette partie du rapport (et donc de cet article). Le comité a identifié des pratiques parentales associées avec un développement harmonieux de l’enfant dans le domaine de la santé physique, de la sécurité, des compétences émotionnelles, comportementales, sociales et cognitives. Ces pratiques sont les suivantes:
– La réactivité contingente, ou la capacité d’un adulte à répondre immédiatement au signe émis par un enfant et à lui signifier de l’attention (un parent qui sourit en retour à son enfant)
– Exprimer de la chaleur et de la sensibilité (dans le sens de l’attention bienveillante)
– Des routines, un chaos domestique réduit
– la lecture de livres partagée et les conversations adressées à l’enfant
– les pratiques qui garantissent sa bonne santé : soins prénataux, allaitement, vaccination, nutrition adéquate, activité physique, dépistage, sécurité domestique et routière
– L’utilisation d’une discipline appropriée (moins dure)
Voici maintenant le développement de cs différents items.
Le rôle crucial des parents et l’absolue nécessité d’un soutien
En introduction, le rapport le pose clairement : « Des années de recherche ont montré que la dyade parent-enfant et l’environnement familial constituent les fondations du bien être et d’un développement sain de l’enfant. L’impact des parents ne sera jamais aussi grand que durant ces premières années de vie. » Plus loin, il complète : « Pour assurer des expériences positives à leurs enfants, les parents s’appuient sur les ressources qu’ils ont à leur disposition. Ces ressources peuvent varier en nombre, en accessibilité et en qualité au mieux, et au pire peuvent être offertes de façon sporadique ou totalement manquer. Qu’il soit proposé par les services de petite enfance, par des programmes de soutien, des services de pédiatrie ou par l’entourage, le soutien prodigué aux familles est fondamental pour renforcer les expériences favorables de la petite enfance, pour promouvoir le devenir harmonieux des tout-petits et aider les parents à construire des relations fortes avec leurs enfants. Les parents jouent un rôle décisif dans la capacité de leurs enfants à construire et affiner leurs connaissances et compétences. »
Les besoins fondamentaux des enfants
Le comité énumère ensuite les quatre domaines dans lesquels des objectifs de développement doivent absolument être atteints :
– La santé physique et la sécurité : les jeunes enfants doivent recevoir les soins nécessaires à leur croissance et leur développement physique. C’est le point de départ sans lequel les autres objectifs ne sont pas atteignables
– Les compétences émotionnelles et comportementales : il est nécessaire de soutenir la santé mentale du tout-petit, l’estime de soi, la capacité à affronter des situations de stress, à tempérer ses émotions, à surmonter les peurs, à accepter la déception et les frustrations. Les parents et autres référents constituent des ressources essentielles pour permettre aux enfants de gérer leurs émotions, de faire face, d’adapter leur comportement. Les adultes référents assurent cette fonction par la valorisation de l’enfant, l’amour et le respect qui lui est porté, le sentiment de sécurité qui lui est donné. Ce soutien de l’entourage limite les risques de troubles « internalisés » (anxiété, dépression). A contrario note le comité, la crainte exacerbée, le sentiment d’impuissance ou de désespoir, l’apathie, le retrait, apparaissent comme les indicateurs d’une difficulté émotionnelle, laquelle a été observée chez de très jeunes enfants qui faisaient l’expérience de soins parentaux inadéquats.
– Les compétences sociales : Elles permettent aux enfants de développer et maintenir des relations positives avec leurs pairs et les adultes. Les compétences sociales sont interconnectées avec d’autres compétences (cognitives, linguistiques, émotionnelles) et favorisent le respect de l’autre ainsi que la tolérance. Ces compétences incluent l’empathie, la coopération, le partage, notions nécessaires dans le domaine scolaire et en dehors, garantes d’un succès futur dans une grande variété de contextes.
– Les compétences cognitives : Elles englobent les compétences et habiletés nécessaires à chaque âge et chaque stade de développement, pour réussir à l’école et s’insérer dans la société. Il s’agit de compétences en langage et communication, aussi bien qu’en lecture, écriture, mathématiques, et résolution de problèmes. Pour les voir émerger, les enfants ont besoin d’un environnement stimulant et soutenant.
Pour les auteurs du rapport, ces différents domaines constituent le contexte à partir duquel le savoir, les attitudes et les pratiques parentaux les plus essentiels doivent être définis. Les auteurs insistent sur ces trois notions, savoir, attitudes et pratiques. La notion de « savoir » relève de la cognition, l’attitude de la motivation, et les pratiques se réfèrent à la façon de s’investir ou d’agir. Ces trois composantes interagissent en théorie et en pratique.
Une forte corrélation entre ce que les parents savent au départ et la façon dont l’enfant évolue
Les auteurs proposent alors une analyse très fine et très instructive des liens entre le savoir (en matière d’éducation) détenu par les parents, et le développement de l’enfant. Nous n’avons jamais lu ou entendu une telle approche en France où le principe premier consiste à partir des compétences des parents, et à pré-supposer qu’elles sont forcément là. Il existe en tous cas de nombreuses études analysant la corrélation entre ce savoir parental et les aptitudes sociales, émotionnelles, cognitives, des enfants. Le comité américain estime que « pour optimiser le développement de leur enfant, les parents ont besoin d’une compréhension basique des étapes du développement infantile, des normes et du type de pratiques qui permettent la réalisation de ces étapes. »
Les études recensées (un tiers des pages de ce rapport sont consacrées aux sources bibliographiques) suggèrent que les parents avec un niveau élevé d’éducation ont tendance à en savoir davantage sur les étapes de développement, ses processus, et sur les pratiques efficaces en matière de parentalité. Les auteurs avancent que ce différentiel dans la somme de connaissances détenues reflète peut-être un accès inégal à une information pointue, un niveau de confiance variable dans les informations délivrées, et une confiance en soi elle aussi inégale.
Résultat: les mères qui ont un bon corpus de connaissances interagissent beaucoup plus positivement avec leur enfant. Elles sont plus susceptibles de donner des livres et du matériel éducatif adapté à l’âge et de s’investir dans la lecture, les échanges verbaux, la narration d’histoire. En revanche, les parents qui ne savent pas que les apprentissages commencent à la naissance sont moins susceptibles de s’engager dans des pratiques qui favorisent les apprentissages ou d’exposer les enfants à l’écoute de mots et les inciter à parler. Les mères qui n’ont pas connaissance du fait qu’un très jeune bébé est déjà attentif sont moins susceptibles de répondre aux tentatives de leur enfant d’interagir avec elle.
Certaines études ont mis en avant une association positive directe entre le savoir parental et le développement de l’enfant, notamment la diminution des difficultés comportementales et l’amélioration des performances cognitives et motrices. Le savoir parental est associé avec une parentalité améliorée et la qualité de l’environnement domestique, données qui sont à leur tour associées avec le développement de l’enfant. Une étude expérimentale a montré qu’une intervention axée sur les connaissances des mères avait permis d’augmenter l’investissement de celles ci dans l’apprentissage précoce des enfants, et avait amélioré les pratiques disciplinaires. Dans le même type de recherche, un moindre taux de trouble des conduites a été observé chez des garçons à haut risque.
D’après les auteurs du rapport, lorsque les parents sont mieux informés sur la façon de répondre aux besoins physiques et émotionnels de base de leur enfant, sur la façon de lire les signaux qu’il émet, la synchronicité entre le parent et son enfant s’en trouve nettement améliorée. Il existe tout un corpus de connaissances censées être détenues par les adultes référents et qui sont cruciales pour le développement de l’enfant. Pour le comité il faut ainsi impérativement apprendre aux parents à faire face aux pleurs du bébé, les informer sur la nutrition pour lutter contre l’obésité, les sensibiliser aux dangers de la maison pour prévenir les risques domestiques.
Impact des attitudes parentales sur le développement de l’enfant : moins de preuves scientifiques
Sur les attitudes parentales, les auteurs sont prudents en raison d’un corpus d’études moins conséquent. Ils posent que les attitudes parentales sont très variables d’un sous groupe de population à un autre en raison de l’influence des normes culturelles. Les valeurs défendues ont une incidence sur la parentalité. Les auteurs évoquent la notion de liberté individuelle chère aux Américains (on pourrait dire aux sociétés occidentales, qui posent toutes la primauté de l’individu sur la communauté) alors que d’autres sociétés vont mettre en avant l’interdépendance et l’importance accordée au collectif. Ces différences culturelles peuvent aussi déboucher sur des conceptions diverses de la répartition sexuée des rôles domestiques et parentaux et sur une vision très spécifique des objectifs recherchés pour un enfant à travers l’éducation. Selon les normes et valeurs défendues, les individus auront une définition différente de ce qu’est une éducation réussie (autonomie de l’individu par exemple versus adhésion au groupe). Le rapport à l’école ou aux châtiments corporels varie là encore selon la culture d’origine et le milieu socio-économique.
Le rapport cite ainsi une étude qui montre le contraste entre les mères afro-américaines et les mères américaines blanches dans leur façon de considérer l’intentionnalité de l’enfant (c’est à dire sa capacité à mal agir sciemment). Or, le fait de prêter à l’enfant de « mauvaises intentions » a une incidence directe sur le recours aux châtiments corporels. Il existe de plus en plus d’études sur la façon dont les attitudes et pratiques parentales s’inscrivent dans des systèmes, dans des écologies variées qui incluent la classe sociale, l’ethnicité, la culture. Autant d’éléments qui contribuent à façonner et expliquer les relations complexes entre les comportements parentaux et le développement des enfants. A noter aussi que les auteurs, à plusieurs reprises, déplorent le très faible nombre d’études dédiées aux pères.
L’impact des pratiques parentales sur le développement de l’enfant
– L’influence des parents sur la santé physique de l’enfant
Le rapport détaille d’abord les pratiques qui favorisent la santé physique et la sécurité de l’enfant : l’allaitement (toutes les études concordent sur les qualités préventives de l’allaitement maternel), la capacité à proposer un modèle de nutrition équilibré et une activité physique (l’offre de nourriture variée, le fait de dîner en famille, la limitation des écrans), le respect du calendrier vaccinal, l’accès à des soins prénatals de qualité (et à une supplémentation en acide folique ainsi qu’à des conseils sur l’allaitement et la prévention des maladies), l’instauration d’une environnement sûr par le respect des normes de sécurité (siège auto, casque à vélo, espace domestique sécurisé). Le rapport indique aussi que les parents doivent avoir conscience de la nécessité de surveiller les allées et venues de l’enfant, ses activités, de connaître ses amis, de savoir où il est quand il n’est pas à la maison, de superviser également l’exposition aux écrans et l’usage d’internet.
– L’influence des parents sur les compétences émotionnelles, comportementales et sociales
Les auteurs évoquent la capacité des parents à nourrir chez leur enfant un sentiment d’appartenance et d’estime de soi, vital pour son développement. Ils rappellent que l’importance des interactions précoces pour le développement des compétences sociales est inscrite dans plusieurs cadres théoriques : l’attachement, la théorie des systèmes familiaux et les théories eco-culturelles. Les parents socialisent leur enfant pour lui apprendre des valeurs et comportements culturellement appropriés, qui lui permettront d’être socialement compétent et d’agir comme acteur d’un groupe social. Les auteurs insistent sur l’importance de la « réactivité contingente », la capacité d’un adulte à répondre immédiatement au signe émis par un enfant et à lui signifier de l’attention, en réponse à sa propre attention.
Ces interactions sont fondamentales. Une parentalité émotionnellement adaptée, avec des parents qui répondent à temps et de façon adaptée aux besoins de leur enfant est un facteur majeur permettant sa sécurité émotionnelle, ses habiletés sociales, ses compétences symboliques, ses habiletés verbales et son accomplissement intellectuel. La majorité des enfants aimés et soignés depuis leur naissance, qui développent des relations riches avec leurs parents, grandissent harmonieusement. A l’inverse les enfants qui sont négligés ou subissent des relations abusives, intrusives ou dans le contrôle, présentent un risque sur le plan de la santé ou du comportement. D’où l’importance des allers-retours, des échanges constants, du sourire ajusté des mères. Les auteurs rappellent qu’il existe des pauses spontanées dans les vocalisations des bébés pour permettre au parent de répondre. Ils renvoient à la théorie de l’attachement : l’enfant qui bénéficie d’un attachement secure peut aller explorer le monde.
Les parents doivent promouvoir et modeler des relations positives, prodiguer à leur enfant des expériences et opportunités enrichissantes et stimulantes qui vont lui permettre d’exercer ses compétences. Ils peuvent faire participer les enfants aux activités de routine avec d’autres membres de la famille. Les parents peuvent aussi aider leurs enfants à acquérir les fonctions exécutives qui vont leur permettre de s’adapter à un environnement changeant, de réguler leurs impulsions et réponses face à des facteurs de stress.
Il est prouvé que le comportement des parents joue sur le fonctionnement émotionnel de l’enfant. Une discipline inconsistante, des émotions parentales négatives, une santé mentale altérée, autant de facteurs liés aux difficultés de régulation des émotions des enfants. Lorsque des mères sont invitées (et entraînées) à moins faire appel à de la discipline « stricte» et davantage à une parentalité plus soutenante, elles rapportent ensuite une diminution des problèmes de comportement de l’enfant.
Une autre étude montre que des mères incitées à faire preuve de plus d’empathie sont devenues moins permissives et leurs enfants moins agressifs.
Autres enseignements de la recherche : les interactions sur un mode punitif conduisent à davantage de problèmes de comportements disruptifs. Des faibles niveaux d’engagement chaleureux dans la relation de la part des parents sont retrouvés dans les familles où les enfants sont dans une forte opposition. Toutes les études montrent qu’un soutien parental actif entraîne un changement dans les pratiques parentales qui induisent une baisse des désordres internalisés chez l’enfant (anxiété, dépression, retrait, apathie…)
Mais ces interactions de qualité ne se développent pas forcément de façon spontanée. Les familles défavorisées sont plus à risques de ne pas engager ce type d’interactions. On observe des différences entre groupes ethniques également, en raison, notamment, des variations des normes socioculturelles. Les auteurs insistent : « les parents confrontés à la pauvreté, au conflit conjugal, à un chaos domestique sont moins susceptibles de développer ce type de relations. Construire les capacités de chacun à mettre en œuvre des relations adaptées et nourrissantes avec son tout-petit est crucial pour promouvoir le bien-être des enfants.» En France il est très politiquement incorrect de suggérer que les pratiques parentales des familles vulnérables sur un plan socio-économique, pour lesquelles les difficultés sont en général cumulatives, sont souvent (mais pas toujours) moins adaptées au bon développement de l’enfant que celles des milieux plus aisés.
– Les pratiques parentales qui stimulent le développement cognitif des enfants
« En tant que premiers éducateurs de leurs enfants, les parents jouent un rôle crucial dans leur développement cognitif, dans les acquisitions de langage, de lecture, de numération », rappellent les auteurs. La recherche montre que parler à l’enfant, répondre à ses questions, compte beaucoup dans l’élaboration du vocabulaire. Les enfants dont le père est éduqué et s’adresse à eux avec un langage complexe et diversifié développent un vocabulaire élaboré. Le rapport pointe plusieurs fois le manque d’études consacrées aux pères. Autres pratiques parentales cruciales pour le développement cognitif : poser des questions ouvertes (« pourquoi », « où » « quoi »), pratiquer la lecture dialogique (poser des questions pendant la lecture, pointer du doigt).
La lecture partagée concourt à bien préparer l’apprentissage de la lecture. Elle permet à l’enfant de prendre conscience de la correspondances entre les phonèmes et les graphèmes, il commence à appréhender les concepts grammaticaux et syntaxiques, il se familiarise avec la structure narrative. La lecture du soir permet aussi de poser des routines sécurisantes.
On en sait aujourd’hui beaucoup sur le différentiel de vocabulaire entre riches et pauvres. L’ « art de la conversation » est plus présent chez les classes moyennes et supérieures. Il existe un moindre recours à la lecture dans les familles pauvres et migrantes, en raison d’un accès difficile aux livres, de l’illettrisme, des horaires de travail erratiques qui ne permettant pas les routines. Le rapport note qu’il existe peu d’études expérimentales ayant évalué l’impact des interventions ciblant spécifiquement la capacité des parents à stimuler les apprentissages des enfants. C’est particulièrement le cas pour les mathématiques.
– La nécessité d’un cadre routinier et stable
L’organisation de l’environnement familial, l’instauration de « routines » font également partie des prérogatives parentales qui comptent. Les enfants ont besoin d’un cadre prévisible et ordonné. Cela les aide à élaborer leur capacité d’auto-régulation. Ils comprennent que les événements peuvent être prévisibles et qu’on peut être récompensé de savoir attendre. A l’inverse, un environnement imprévisible peut altérer la confiance des enfants dans leur capacité à agir sur leur environnement et à prédire les conséquences de leurs actes. Ils peuvent éprouver des difficultés à réguler leurs propres comportements en fonction des situations. C’est en cela que les horaires de travail décalés auxquels sont souvent confrontés les familles plus précaires sont problématiques: ils induisent stress et fatigue et impactent la capacité des parents à maintenir des routines.
Le rapport évoque les études qui ont montré des liens entre les environnements domestiques marqués par l’instabilité, la désorganisation ou des formes de chaos et le développement de troubles des conduites ou du développement chez l’enfant. Le chaos domestique est fortement corrélé aux capacités de régulation de l’attention et à l’éveil. Il se peut que les enfants élevés dans de tels environnements s’adaptent à ce contexte en détournant leur attention de cette sur-stimulation et de ces stimuli imprévisibles, en se mettant en quelque sorte hors tension. A court terme c’est une solution adaptative . A long terme cela peut amoindrir leur capacité de socialisation et affecter négativement leur développement cognitif et socio-émotionnel.
Des liens apparaissent également entre un environnement chaotique, de plus faibles performances des enfants et la sensibilité maternelle. Dans ces environnements, la capacité des parents à répondre aux besoins de leur enfant est amoindrie. Rien que le son de la télévision en bruit de fond permanent a un impact sur la capacité de concentration d’un enfant pendant un jeu.
– Mettre en place une discipline ajustée
Enfin, la discipline est une composante essentielle de la parentalité. Quand les parents disciplinent leurs enfants, ils ne font pas que punir, ils ont pour objectif de l’accompagner vers l’auto-contrôle, l’autonomie et la capacité à se soucier des autres. Les parents doivent exprimer clairement leurs attentes, modéliser les comportements attendus, renforcer les comportements positifs. Avec le temps les enfants intériorisent les attentes et apprennent l’auto-régulation. Les auteurs procèdent à un long développement sur la fessée et ses impacts négatifs à court et long terme sur le développement de l’enfant. Ils reviennent aussi sur un outil disciplinaire de plus en plus utilisé : « Le temps de pause isolé». Recommandée par l’Académie Américaine de Pédiatrie pour les tout-petits et les enfants plus âgés, cet isolement de l’enfant lors d’un moment de crise est de plus en plus étudié.
La deuxième partie du rapport détaille les dispositifs de soutien à la parentalité à visée universelle ainsi que les programmes ciblés qui font tous l’objet d’évaluation par rapport à leur impact sur les pratiques parentales et sur les critères de développement de l’enfant. Nous avons synthétisé ce travail dans un second article. La lecture de ce volumineux rapport dans sa totalité serait certainement déconcertante pour un professionnel français, ne serait-ce qu’en raison de l’objectif poursuivi par les auteurs, identifier les liens de causalités ou de corrélation entre des pratiques éducatives données et le développement harmonieux ou altéré d’un enfant. D’autre part il n’est jamais fait référence à Freud, Dolto ou Leibovici. On y parle ensuite de normes, d’enfants à risque, d’entraînement des parents. Enfin chaque assertion s’appuie sur une revue de la littérature et il n’est question que de programmes évalués. Très exotique, décidément. Très instructif aussi.