Voici, pour la période couvrant le mois de janvier 2017, notre sélection de contenus picorés sur le web sur la périnatalité, le plus souvent en anglais. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.
Les femmes migrantes du Pays basque espagnol plus exposées aux IVG à répétition
International Journal of Public Health
Cette étude menée au Pays Basque Espagnol par l’OPIK (groupe de recherche sur les déterminants de santé et changements démographiques) s’est intéressée aux inégalités de santé en matière de planification familiale selon l’origine géographique et le niveau d’éducation des femmes. Les chercheurs ont analysé les chiffres relatifs aux IVG pratiquées parmi les femmes de 12 à 49 ans entre 2009 et 2013. La proportion d’IVG était de 3,9 pour mille parmi les femmes d’origine espagnole alors qu’elle était de 45,6 pour mille pour les femmes originaires d’Afrique sub-saharienne, de 26,5 pour mille pour les femmes en provenance d’Amérique du sud et de 22,9 pour mille pour celles d’Amérique centrale et des caraïbes. Les femmes migrantes ont également un taux plus élevé d’avortements répétés et dépassent plus que les autres le délai de 12 semaines d’aménorrhée. En dehors de l’origine géographique, le niveau d’éducation a également un fort impact sur le recours à l’IVG. L’étude de l’OPIK montre que les femmes qui ne sont pas allées au-delà de l’école primaire ont beaucoup plus recours à l’avortement que les femmes qui ont un diplôme du secondaire, lesquelles ont un taux de recours plus élevé que les femmes diplômées du supérieur. Elément de surprise pour l’équipe : les femmes migrantes éduquées affichent un taux d’avortement plus élevé que celui des femmes basques. Les chercheurs imaginaient que leur niveau d’éducation neutraliserait la variable géographique. Ce n’est pas le cas. Le fait d’être diplômées mais d’occuper malgré tout des postes précaires ne correspondant pas à leur niveau d’études les rend aussi vulnérables que les autres femmes migrantes.
Conclusion de l’étude : il est nécessaire d’améliorer la planification familiale pour les populations vulnérables et de cibler ces populations dans les campagnes de sensibilisation et de prévention.
Le stress lié à la migration a un impact sur le poids de naissance du bébé
International Journal of Epidemiology
Cette étude de l’Université du Michigan montre que le stress lié à la migration est associé avec le fait de mettre au monde des bébés de plus petit poids chez les mères d’Amérique latine partie aux USA. Les bébés qui naissent dans les 37 semaines qui suivent le départ du pays d’origine ont un risque accru de 24% d’avoir un poids à terme plus faible que les bébés nés l’année précédant le départ. Le risque de naissance prématurée est aussi plus élevé chez les femmes latino-américaines que chez les Américaines blanches non latines. Selon les chercheurs, « les facteurs de stress psychosociaux peuvent affecter la femme enceinte en modifiant l’équilibre de l’hormone du stress d’une façon qui affecte le fœtus, aboutissant à une restriction de la croissance et à un petit poids de naissance même pour des bébés nés à terme ».
Une appli pour réduire l’hospitalisation des femmes césarisées
American Society of Anesthesiologists
Lors du dernier congrès de la Société Américaine d’Anesthésie, un programme d’accompagnement des patientes devant subir une césarienne programmée a été présenté. Il s’agit d’une appli téléchargée par les femmes enceintes sur leur smartphone censée les informer, les accompagner et les rendre davantage actrices de leur suivi. L’appli leur rappelle les rendez-vous médicaux, leur délivre des informations (par exemple quand commencer et arrêter une médication), facilite les contrôles post-opératoires à distance (gestion de la douleur, rétablissement de la plaie). L’expérimentation menée auprès de 30 patientes a permis de diminuer la durée moyenne d’hospitalisation d’une journée (de 3,7 à 2,7 jours).
Un lien établi entre des infections prénatales et les troubles neurodéveloppementaux de l’enfant
Une recherche effectuée par une équipe suisse montre que l’exposition prénatale aux infections ou inflammations augmente le risque de désordres neurodéveloppementaux de l’enfant. C’est l’activation du système immunitaire de la mère qui pourrait provoquer, par un processus épigénétique, une altération de la programmation du génome du fœtus.
Objets connectés en puériculture : questions et inquiétudes
JAMA Pediatric
Dans cet article du JAMA pediatrique, des médecins s’interrogent sur le marché émergent mais croissant des objets connectés à destination des parents, censés les renseigner sur la saturation sanguine de leur enfant, sa vitesse cardiaque, ou les alerter en cas de bradycardie ou d’apnée du sommeil. Aux Etats-Unis où l’académie Américaine de Pédiatrie a clairement déconseillé aux parents d’utiliser ces appli dans le but de prévenir la mort inattendue du nourrisson, les fabricants jouent avec la loi. Ils ne se positionnent pas comme des produits médicaux ou de prévention (ce qui nécessiterait d’obtenir des autorisations). Il est difficile de trouver un équilibre entre la nécessité d’encourager l’innovation technologique et l’obligation de s’assurer que ces innovations sont fiables, sûres et efficaces.
Choisir sa donneuse d’ovocytes sur catalogue
Dans ce très long article, The Atlantic aborde la PMA et le recours au don d’ovocytes à travers plusieurs témoignages qui offrent des angles variés et soulignent à quel point l’approche américaine (qui s’embarrasse peu des notions d’éthique) est radicalement différente de la philosophie française (l’une des plus restrictives en matière de PMA). Le site relaie ainsi l’expérience d’une lectrice devenue mère d’une petite fille après avoir bénéficié d’un don d’ovocytes. La jeune femme exprime son grand bonheur mais ne cache pas que celui-ci est entaché d’interrogations inconfortables. Elle a trouvé « surréaliste » le moment où elle a choisi sur catalogue la donneuse, avec ce sentiment de pratiquer un eugénisme qui ne dit pas son nom. Elle a l’impression d’avoir acheté ce bébé (aux USA les donneuses sont rémunérées et les couples paient), a conscience que seules les couples aisés peuvent recourir à ces techniques et qu’il s’agit d’une pression exercée sur les jeunes femmes qui n’ont pas d’autres moyens pour payer leurs études. Elle confie aussi le ressentiment qu’elle a pu éprouver à l’encontre de son conjoint, le seul à pouvoir revendiquer une filiation biologique avec l’enfant.
Dans une autre partie de l’article, The Atlantic rappelle que le comité d’éthique de la Société Américaine de médecine reproductive a renoncé à proposer une grille tarifaire pour le don d’ovocytes qui serait établie en comparaison du don de sperme. Ce comité a conclu qu’il était difficile d’estimer quel était réellement le montant approprié (certainement entre 5000 et 10.000 dollars) dans la mesure où on ne sait pas vraiment ce qu’il s’agit d’indemniser : le don d’ovocytes en lui-même, l’inconfort de la procédure ou le service rendu. Une autre jeune femme, étudiante, relate l’échange par mail, là aussi « surréaliste », avec un couple auquel elle est prête à céder quelques ovocytes pour…25.000 dollars. Le couple a des exigences précises : la donneuse doit avoir un physique très avenant, une taille minimale, un bon score au test de raisonnement pratiqué à l’entrée des universités, un héritage juif. Rappelons qu’en France le don de gamètes est anonyme, non rémunéré pour les donneuses, gratuit pour les couples. Et connaît, en raison de cette interdiction d’indemnisation, une grave pénurie.