Voici, pour la période mai-août 2017, notre sélection d’études et contenus sélectionnés pour la plupart dans des revues scientifiques (en anglais donc), et portant sur l’autisme. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.
Améliorer la communication sociale chez les enfants autistes, une revue de littérature
Cette méta analyse porte sur la façon dont il est possible d’améliorer les compétences des enfants autistes dans les différents domaines de la communication dite pragmatique ou sociale (c’est à dire la capacité à adapter son langage, son comportement, dans un contexte de communication et d’échanges). Il s’agit de prendre en compte la capacité à initier un échange et à répondre aux sollicitations, à utiliser et à décrypter les expressions faciales ou l’expression corporelle, à interpréter les émotions d’autrui, à recourir aux fonctions exécutives (adaptation et planification notamment), à coopérer et négocier avec autrui. Les auteurs ont réalisé une méta analyse des études ciblant des enfants porteurs de TSA de 0 à 18 ans. Ils en ont identifié 21 répondant à leurs critères d’inclusion (randomisées, portant sur des moins de 18 ans diagnostiqués, consistant en une intervention dont l’objectif était d’améliorer l’un des domaines du langage pragmatique), soit 925 jeunes au total.
Les deux interventions qui ont montré un effet sur la communication sociale des moins de 5 ans ont été réalisées en milieu médical, et consistaient en une stimulation du langage fonctionnel. Les autres programmes sur cette tranche d’âge qui ciblaient davantage l’attention conjointe ont produit peu d’effets sur la communication pragmatique.
Les interventions ciblant les enfants de 6 à 12 ans concernent essentiellement des enfants sans troubles importants du langage, il existe peu de programmes pour les enfants non verbaux.
On trouve également peu de preuves concernant des programmes de renforcement de la communication sociale dédiés aux adolescents alors que cette tranche d’âge, exposée à des contextes psychosociaux mouvants pourrait bénéficier d’un suivi.
Autre enseignement de cette revue de littérature : les interventions qui visent l’enfant mais coachent aussi les parents sont les plus efficaces.
Les chercheurs sont en revanche circonspects concernant les interventions qui reposent beaucoup voire essentiellement sur la formation des parents et qui passeraient par exemple par des séminaires de formation en l’absence des enfants. Cet élément ne ressort pas comme étant un facteur d’efficacité. L’observation des interactions parent-enfant et le feedback régulier des professionnels aux familles apparaissent comme des critères d’efficacité importants. Les interventions en groupe semblent plus opérantes que les prises en charge individuelles. Les chercheurs reconnaissent que les données manquent pour le moment sur les compétences en communication pragmatique, concernant les adolescents par exemple mais aussi la prise en compte de co-variables comme la compétence verbale ou le niveau intellectuel.
Le deficit langagier n’explique pas les colères des enfants autistes
Journal of Developmental and Physical Disabilities
Les enfants porteurs de TSA ont-ils davantage de crise de colère en raison de leur deficit langagier, comme c’est souvent avancé ? Non répondent les auteurs de cette étude sur 240 enfants de 15 mois à six ans. A l’aide de tests de compétences intellectuelles et de questionnaires remplis par les mères sur les colères des enfants et leurs capacités de compréhension, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que le quotient intellectuel verbal et non verbal de ces enfants, leurs compétences en langage de réception et d’expression, leur capacité à être compris, expliquent moins de 3%
de la différence de prévalence des colères. Parmi ces enfants, ceux dont l’âge mental était suffisant pour communiquer mais qui manquaient de vocabulaire ne se mettaient pas davantage en colère que ceux qui pouvaient s’exprimer. Au contraire, les enfants avec un âge langagier d’au moins deux ans avaient davantage de crises de colère que ceux dont le niveau langagier était inférieur à celui d’un enfant de deux ans.
Stimuler les interactions parents-bébé pour contenir les troubles autistiques
Journal of Developmental and Physical Disabilities
En matière d’autisme, la recherche s’intéresse de plus en plus à la détection précoce des premiers symptômes, aux facteurs de risque (à l’identification notamment de « biomarqueurs neurocognitifs ») et aux interventions déclenchées lorsque le trouble ne semble pas encore vraiment installé (période prodromique). Comme le rappellent les auteurs de cette étude, l’idée est notamment d’exploiter la plasticité cérébrale des très jeunes enfants afin d’atténuer le risque développemental et de modifier « la trajectoire des symptômes prodromiques ».
L’étude menée par cette équipe a pris en compte des enfants à risque familial (un autre enfant de la fratrie déjà diagnostiqué) mais ne présentant pas de signes de développement atypique. Les interventions ont été menées lorsque les enfants avaient entre 9 et 14 mois, période au cours de laquelle les interactions parents-enfants apparaissent capitales pour le développement social de l’enfant. Des études précédentes ont montré qu’il existait une altération de ces interactions vers les sept mois de l’enfant lorsque celui-ci est à risque, avec une moins bonne sensibilité parentale.
La littérature semble montrer que cette moins bonne sensibilité parentale est en fait due à un défaut du circuit neurophysiologique visuel et social de l’enfant. Se met donc en place un cercle vicieux. A 14 mois, l’enfant est à son tour moins engagé dans la relation. Et cette moins bonne réciprocité, due au départ à de plus faibles compétences sociales de l’enfant, apparaît comme un facteur fortement prédictif d’un diagnostic d’autisme à 3 ans. Ce sont ces interactions altérées, se répondant les unes aux autres, qui semblent amplifier une vulnérabilité initiale.
Les auteurs insistent : les parents ne présentent pas de difficultés au départ. Simplement, il est plus difficile pour un parent confronté à un enfant avec un développement atypique de décrypter les signaux de communication qui lui sont adressés et de proposer des réponses adaptées.
L’intervention proposée par cette équipe a donc pour objectif d’inverser le processus et de stopper ce schéma d’interactions précoces négatives. Avec pour hypothèse que le renforcement des interactions aura des conséquence positives sur le développement de l’enfant et sur les symptômes précoces d’autisme.
12 sessions sur 5 mois ont été proposées à 28 familles (à leur domicile, à Manchester et à Londres) basées sur la promotion de la parentalité positive visant à renforcer la capacité des parents à comprendre les signaux de leur enfant et à y répondre. Les thérapeutes ont eu recours à des vidéos pour analyser avec les parents leurs réactions en situation.
Une diminution de la sévérité des symptômes précoces a été observée, avec un pic de l’effet à 27 mois (soit 10 mois après la fin de l’intervention) ainsi qu’une amélioration de la communication parent-enfant. Les auteurs estiment donc qu’il est pertinent de continuer à creuser la piste des interventions précoces dans le cadre des familles à risques.