Un diplôme inter universitaire voit le jour en 2018 sur la prise en charge des femmes qui sont ou ont été victimes de violences. Comment les repérer au cours d’une consultation de routine, comment accueillir des affects violents, comment faire face aux traumatismes, où orienter ces femmes… Et comment, toujours, agir avec bienveillance.
La grossesse est à la fois une période à haut risque et une opportunité saisissante pour prévenir et prendre en charge des troubles psychiques. Elle réactive les anciens traumatismes mais amène aussi la femme à consulter les professionnels de santé de façon plus intensive. Ces derniers peuvent se trouver démunis face à des femmes en grande souffrance, débordées par leurs émotions et les affects liés à des violences précédemment subies (inceste, excision, violences conjugales etc..). Mais peuvent aussi se saisir de cette perche tendue pour apporter leur aide. En dehors de ce moment particulier de la vie d’une femme, d’autres occasions médicales peuvent l’amener à exprimer, de façon plus ou moins explicite, des symptômes d’une maltraitance passée ou actuelle.
Pour aider les soignants à reconnaître les signes et à mieux accompagner ces patientes, au détour d’une grossesse mais aussi tout au long de leur vie et de leur parcours médical, l’association “Un maillon manquant” a initié un diplôme Inter universitaire intitulé « Prise en charge des violences faites aux femmes, vers la bientraitance ».
« La décision de créer ce diplôme est née de la volonté de briser le silence et la solitude des patientes mais aussi la solitude des soignants face à des situations émotionnelles déstabilisantes, explique Perrine Millet, gynécologue obstétricienne à l’origine du DIU. Notre manque de formation pour faire face aux maltraitances qu’ont subies les femmes nous empêche de les dépister, de les repérer et surtout d’ajuster nos soins, plongés dans le désarroi que nous vivons. C’est ainsi que peuvent se surajouter des violences dans le soin, par méconnaissance.»
Cette formation s’adresse aux médecins généralistes, médecins en cours de DES, gynécologues médicaux et obstétriciens, sages-femmes, kinésithérapeutes spécialisés en pelvi-périnéologie, échographistes en gynécologie obstétrique et à tout professionnel soignant sur étude de dossier. Elle a pour objectif de connaître les différents types de maltraitances, les aborder lors de l’anamnèse, dépister les situations à risque et pressentir les maltraitances qui ne se disent pas, connaître les prises en charge : physique, psychique, juridique et sociale, travailler en interdisciplinarité, orienter et construire un parcours de soin centré sur la patiente.
Elle dure un an (71 heures en présentiel, 35 heures en ligne) et multiplie les approches, médicales, juridiques, historiques, anthropologiques. La liste des intervenants est impressionnante. Le sujet mérite, il est vrai, une expertise pointue.