Une fois n’est pas coutume, nous vous proposons ici le résumé traduit d’un article scientifique qui n’est pas récent (il a été publié en 2013) mais qui nous semble éclairant quant à la problématique du placement et de l’évaluation avant le retour en famille.
Le retour des enfants placés dans leur famille, en toute sécurité, est au cœur des pratiques en protection de l’enfance, au même titre que le retrait de ces enfants, pour justement garantir leur sécurité. Pourtant, notent les auteurs de cette recherche* publiée en septembre 2013 dans la revue Children and Youth Services, la « réunification familiale » tend à demeurer un angle mort de ce champ.
Les services de protection de l’enfance australien ont mis l’accent sur le travail de soutien avec les familles biologiques afin de prévenir les abus et les négligences, et donc les placements. Lorsque le placement se révèle nécessaire, l’objectif est de réduire la durée de la séparation et de maximiser les chances de réunification, en toute sécurité pour l’enfant.
La réduction de la durée des placements au cœur du système australien
En dehors du coût économique que constitue le placement, les recherches ont mis en lumière les conséquences indésirables pour les enfants d’un maintien hors du foyer familial pour de longues périodes (ndlr : sur ce sujet il semble qu’il n’y ait pas de consensus dans la littérature, notamment sur le fait de savoir si c’est le placement en lui-même qui est délétère, les conditions non optimales de celui-ci ou si ce sont les maltraitances subies antérieurement qui ont altéré le développement). Des périodes étendues de placement peuvent conduire à la perte de liens avec la famille, à la perte du sens de l’identité et à des difficultés lors de la sortie de la période de placement (ndlr : mais là encore, ce sujet se heurte à des biais et suscite de multiples controverses. Faut-il à tout prix maintenir le lien avec la famille ? Les difficultés ultérieures de l’enfant placé ne tiennent-elles pas à l’incapacité ou au refus du système de lui offrir d’autres liens d’attachement ?). Pour les enfants qui font l’expérience de placements multiples il existe des données sur leur difficulté à nouer des liens d’attachement avec des adultes et sur le risque accru de problèmes émotionnels et comportementaux à long terme (ndlr : là encore, est-ce le placement en lui-même qui entraîne ces difficultés ou les ruptures liées à la multiplicité des placements ? Un placement unique, à long terme, auprès d’adultes référents capables de devenir de nouvelles figures d’attachement aurait-il les mêmes conséquences ? )
Le volume de plus en plus important d’enfants pris en charge limite la capacité du système australien à maintenir une planification efficace des dossiers, y compris pour le calendrier des « réunifications », et à garantir des normes de prise en charge élevées. En 2011, 0,73% des moins de 18 ans étaient placés (ndlr : contre 0,97% des mineurs français), un pourcentage qui n’a cessé d’augmenter chaque année depuis dix ans, soit de 33% depuis 2007. 42% des enfants pris en charge en Australie avaient moins de cinq ans en 2010-2011. 93% d’entre eux étaient placés au sein d’une famille, 45% dans une famille d’accueil et 46% chez des proches. Les enfants des familles indigènes sont surreprésentés parmi ces enfants protégés.
La recherche est limitée sur la question du retour en famille, particulièrement en Australie, alors que les données laissent à penser que la plupart des enfants placés finissent par retourner au domicile. Etant donné ce contexte, l’étude résumée dans cet article explore la façon dont la connaissance des caractéristiques familiales, leurs besoins et forces peut contribuer à la prise de décision en protection de l’enfance, et aborde une problématique internationale peu traitée.
Les auteurs proposent un rappel quant au contexte australien. Chaque territoire a sa propre législation, ce qui fait qu’il existe en fait huit systèmes différents de protection de l’enfance qui présentent néanmoins des procédures similaires. Une loi nationale de 1998 donne la priorité aux droits de l’enfant d’être élevé au sein de sa famille biologique et à la prévention du placement, et prévoit que si le placement est requis, tout soit fait pour que sa durée soit la plus courte possible.
Résumé des recherches précédentes sur les retours en famille après placement
D’après la littérature internationale, la plupart des enfants placés retournent rapidement chez eux et la probabilité du retour décline après six mois de prise en charge. Une étude américaine souligne que 36% des enfants retournaient chez eux avant 24 mois, une autre, toujours aux USA, évoque un taux de retour de 50 à 75% et une dernière souligne que la probabilité d’un enfant de retourner chez lui est de 28% lors de la première année et de 16% la deuxième année. Les facteurs prédictifs les plus étudiés sont l’âge de l’enfant, son genre, son ethnie, les raisons du placement et les modalités de ce placement. Plus l’enfant est jeune moins ses chances de retour sont grandes. Il en est de même pour les enfants malades ou handicapés, ou ayant des problèmes comportementaux ou émotionnels. En Australie les enfants indigènes sont moins susceptibles de sortir du placement. D’autres caractéristiques familiales ont un impact négatif sur la possibilité du retour en famille : la pauvreté, le stress environnemental, un logement inadéquat, la monoparentalité, les difficultés financières, la maladie mentale, les problème émotionnels, l’abus de substances et la violence domestique.
Lorsque les mères présentent, voire cumulent, un manque de supervision, de faibles compétences parentales, de la violence domestique, des problèmes de santé mentale, la probabilité d’un retour de l’enfant est plus faible. Une étude de 2011 a montré que les enfants de parents toxicomanes ou issus d’un foyer avec de la violence conjugale ont beaucoup moins de chances de quitter le placement que les enfants de parents présentant un problème de santé. Les auteurs notent que les enfants sont rarement placés pour une raison unique.
Les visites constituent un facteur clé de réunification. Lorsque les visites recommandées par le juge ont bien lieu, la probabilité du retour en famille est beaucoup plus élevée. La quantité de contacts entre parents et enfants est un fort prédicteur du retour en famille. Le fait de mettre en place un travail intensif avec la famille pendant le placement (mise à disposition de services concrets, liens forts avec le travailleur social, entraînement parental) accroît également la probabilité du retour. Le fait d’avoir déjà été placé réduit les chances d’un enfant de retourner vivre dans le foyer familial.
Les échecs de ces retours en famille ont également été explorés dans de précédentes études. Une étude anglaise de 2011 note qu’au bout de quatre ans, deux tiers des enfants revenus dans la famille ne vivent pas de façon continue avec leurs parents. L’absence d’évaluations complètes et la non résolution des problèmes qui ont conduit au départ à la prise en charge sont citées comme des facteurs importants de la réactivation de la prise en charge. D’après une étude anglaise, les enfants revenus chez eux présentent un taux significativement plus élevé de récidive d’abus que les enfants placés.
Pour les auteurs, il manque aujourd’hui des données plus larges prodiguant notamment des informations sur l’amélioration du fonctionnement familial.
Examiner la levée du placement à l’aune des besoins et des ressources des parents
La recherche menée en Australie se concentre sur les processus de réunification dans le cadre d’un programme de prise en charge familiale temporaire qui propose « des soins de crise, un temps de répit et des soins de transition ». Il s’agit d’une étude prospective longitudinale sur quatre années avec une approche à la fois quantitative et qualitative. Les objectifs sont : mieux comprendre, avant et après l’intervention, les caractéristiques , le contexte et le fonctionnement des familles dont les enfants ont momentanément été placés, identifier les caractéristiques des enfants et des familles de l’échantillon étudié qui sont associées avec le retour en famille, déterminer l’influence relative des caractéristiques de chaque dossier et du service proposé sur le retour en famille. Cet article explore la façon dont les besoins et les forces de la famille peuvent prédire ou non les résultats.
La recherche a été menée auprès de cinq centres familiaux australiens qui proposent à la fois un soutien aux familles pour éviter le placement et un service de prise en charge des mineurs (de 0 à 12 ans) en dehors du foyer familial. Le but est de permettre au maximum le retour de l’enfant chez lui. Lorsque ce n’est pas possible, un placement long ou une adoption sont envisagés. Des visites régulières sont planifiées.
L’échantillon est constitué de 168 enfants issus de 96 familles. Tous les enfants connaissaient là leur première mesure de protection. La durée minimale de suivi par le service devait être de deux semaines. Chaque famille participait à l’étude pour 18 mois. Les données ont été collectées à partir d’entretiens en face à face avec les travailleurs sociaux, l’idée étant d’investiguer le point de vue des professionnels sur les décisions de placement et de réunification. Ils étaient interviewés au moment où la famille intègre l’étude puis six mois plus tard ou au moment de la réunification si celle-ci intervient avant six mois. Ces professionnels devaient répondre à des questions concernant l’histoire et le fonctionnement des familles, les raisons du placement et le suivi mis en place dans le cadre du processus de retour dans la famille.
Une échelle standardisée pour évaluer le fonctionnement familial
Une échelle standardisée a été utilisée pour décrire le fonctionnement familial (le North Carolina Family Assessment Scale-Reunification -NCFAS-R-) au moment où les familles entrent dans le système de protection et à la fin de l’étude (donc au bout de 18 mois).
Cette échelle comporte sept grands domaines :
– L’environnement (stabilité et habitabilité du logement, sécurité au sein de la communauté, revenus, gestion financière, nourriture, hygiène personnelle, transports, environnement d’apprentissage),
– Les capacités parentales (supervision des enfants, pratiques disciplinaires, mise à disposition d’opportunités de développement, santé mentale du parent, santé physique, usage de drogues ou d’alcool),
– Les interactions familiales (liens avec les enfants, attentes vis à vis de l’enfant, support mutuel au sein de la famille, relations entre les parents),
sécurité familiale (absence/présence d’abus physiques, sexuels, émotionnels, de négligences, de violences domestiques entre conjoints),
– Le bien-être de l’enfant (santé mentale de l’enfant, comportement de l’enfant, résultats scolaires, relations avec les parents, avec les frères et sœurs, avec les pairs, motivation/coopération pour maintenir la famille),
– L’ambivalence (l’ambivalence du parent vis à vis de l’enfant, et vice -versa)
Le degré de disposition à la réunification : résolution des facteurs de risque les plus significatifs, finalisation du plan de suivi du dossier, résolution des problèmes juridiques, compréhension par le parent des besoins de l’enfant, mise en place de services de soutien
Données chiffrées sur l’échantillon
54,5% des mères étaient âgées entre 26 et 35 ans. 86,6% d’entre elles percevaient des minima sociaux comme première source de revenus, 4,9% étaient sans domicile. 70,5% vivaient dans des logements sociaux. 6% des familles avaient au moins huit enfants, 24% entre 5 et 7 enfants, 35% 3 ou 4 et 35% un ou deux enfants. Il était assez fréquent que les fratries soient placées.75% des familles avaient au moins deux enfants placés. 15% des familles s’étaient signalées d’elles-mêmes aux services sociaux.
Les résultats au NCFAS-R au moment de l’entrée dans le dispositif et au bout de 18 mois de suivi ont été analysés pour établir si les scores au moment de la sortir du dispositif différaient selon les caractéristiques familiales (l’âge de la mère, ou son niveau d’éducation) ou les spécificités du placement (raison du placement, des frères et sœurs accueillis au même endroit), et si les scores obtenus permettaient de prédire le retour de l’enfant. Tous les questionnaires n’ayant pas été remplis de la même façon, les chercheurs n’ont finalement conservés que 145 enfants dans 84 familles.
Au cours de l’étude, environ 52% des enfants sont revenus vivre auprès de leurs parents. L’âge des enfants à l’entrée dans le dispositif s’étalait de trois jours à 15 ans et l’âge moyen était de 5,91 ans. 12% des mères avaient moins de 25 ans. 41% des mères ont un niveau scolaire inférieur ou égal à la fin du collège. 22% des enfants ont été placé en raison de l’état de santé de leurs parents et le reste des enfants l’ont été pour abus ou négligences (28,3%), violences domestiques (12,4%), la toxicomanie de leurs parents. 56% des enfants ont été placés avec leur fratrie.
En ce qui concerne les scores du NCFAS-R à l’entrée dans le dispositif, les familles rencontraient de substantielles difficultés dans plusieurs domaines. 49% faisaient l’expérience de problèmes modérés et sérieux, incluant des problèmes relatifs à l’environnement d’apprentissage, à la gestion financière, l’alimentation. Seules 12,5% des familles disposaient de ressources sur lesquelles s’appuyer de façon générale. 70,8% d’entre elles avaient des problèmes modérés à sérieux sur le plan de la parentalité, le principal problème concernant la supervision des enfants. Pour 47,7% de ces familles, l’abus de substances constituait un sérieux handicap pour la parentalité, 45,5% des familles manifestent également des troubles des interactions. 55,9% d’entre elles ne pouvaient garantir la sécurité des enfants en raison de négligences, d’abus émotionnels ou de violences domestiques. Seules 6,4% de ces familles semblaient présenter des ressources internes sur le plan de la sécurité offerte à l’enfant.
Malgré les nombreuses difficultés rencontrées par ces familles, elles étaient moins nombreuses (30,6%) à présenter des scores préoccupants pour l’indice « bien-être de l’enfant », peut-être en raison des capacités de résilience des enfants. Seules 15,6% des familles semblaient moyennement ou peu motivées à suivre le programme et à maintenir la cohésion familiale. En dépit des multiples facteurs de stress, dans 56,6% des familles les relations de l’enfant avec son parent étaient notées au-dessus de la moyenne. Sur le plan de l’ambivalence, seuls 15,4% des enfants présentaient un tel état mental vis à vis de leurs parents alors que la situation inverse était beaucoup plus fréquente : 32,6% des parents exprimaient des sentiments ambivalents vis à vis de leurs enfants. Cette donnée est importante dans la mesure où les interviews qualitatives montrent que les travailleurs sociaux perçoivent l’empathie et l’engagement parentaux comme des facteurs prédicteurs de la probabilité d’une réunification réussie (et par conséquent comme un critère majeur de la pertinence du retour en famille). 50,3% des familles présentaient de faibles scores quant au fait d’être prêtes pour le retour en famille et seules 17,3% présentaient des ressources internes dans ce domaine.
Une nette amélioration des compétences parentales après l’intervention
Lorsque les résultats du NCFAS-R sont analysés à la sortie de l’étude (au bout de 18 mois), on constate des progrès notables sur le plan du fonctionnement familial. De 49% des familles en difficultés sur cet item on passe en effet à 29,8%. Alors que 70 ,8% des parents manifestaient des difficultés modérées à sérieuses dans leur parentalité à l’entrée dans le dispositif, ils ne sont plus que 39,3% au moment de sortir de l’étude. Même progression sur le plan des interactions : les familles considérées comme bénéficiant de forces claires et solides sont passées de 18,6% à 26,2%. Les familles présentant une forte insécurité pour les enfants passent de 55,9% à 34,5%. Concernant le bien-être des enfants, les familles présentant de mauvais résultats diminuent (de 30,6% à 8,4%).
Pour la notion d’ambivalence, les résultats sont plus mitigés. Les familles qui présentaient des difficultés modérées pour ce critère se sont nettement améliorées alors que le pourcentage de parents en grande difficulté a peu évolué (de 16,6% à 13,1%). De la même façon, les familles présentant une faible disposition à la réunification à l’entrée dans le dispositif ont peu diminué (de 50,3% à 40,3%). Il y a au total 50% de l’échantillon qui manifeste des difficultés qui, du point de vue des professionnelles, vont obérer leur capacité à la réunification (ce qui est confirmé par le taux effectif de retour en famille dans l’étude, de 52,4%). Les 47,6% de non retour en famille reflètent très certainement la persistance de problèmes relatifs au critère « disposition de la famille à accueillir de nouveau l’enfant » (ndlr : pour mémoire « résolution des facteurs de risque les plus significatifs, finalisation du plan de suivi du dossier, résolution des problèmes juridiques, compréhension par le parent des besoins de l’enfant, mise en place de services de soutien »).
Les chercheurs ont regardé si les scores au NCFAS-R étaient associés à des variables démographiques. A l’entrée dans le dispositif, les scores n’évoluent pas de façon significative une fois prises en compte ces variables, excepté pour le critère du bien-être de l’enfant. Les enfants placés avec leurs frères et sœurs ont de meilleurs scores.
A la sortie de l’étude, l’âge de la mère, son niveau d’éducation et la non séparation de la fratrie, prédisent de façon significative les résultats du NCFAS-R. Les mères de moins de 25 ans présentent de meilleurs scores dans le domaine de la sécurité familiale, de l’ambivalence, de la disposition à la réunification et sur la moyenne globale des résultats. Les mères plus éduquées obtiennent de meilleurs résultats pour l’environnement, les capacités parentales, la sécurité familiale, et l’ambivalence. Le placement des fratries ensemble améliore le fait pour les familles d’être prêtes pour le retour des enfants.
Tous les scores du NCFAS-R à l’issue de l’étude prédisent de façon significative le retour en famille.
De l’intérêt d’une évaluation approfondie et globale de la famille avant la levée du placement
Les auteurs rappellent qu’une évaluation des besoins de la famille et de la sécurité qu’elle offre aux enfants est indispensable avant toute décision de levée de placement et que cette évaluation doit être complète, doit en tous cas aller au delà de l’attention portée aux incidents qui ont justifié le placement pour analyser le fonctionnement familial, la santé et l’état d’esprit émotionnel des parents, l’environnement social et communautaire. Pour les auteurs, le recours à des outils standardisés comme le NCFAS-R permet d’identifier les besoins, les forces et les domaines de risques, la sécurité de l’enfant et les capacités parentales, au moment du placement et au moment du retour.
Conformément à la philosophie du programme de départ, une fois que les professionnels ont acquis la certitude clinique que le fonctionnement de la famille a été suffisamment étayé et que les problèmes préexistants et les besoins d’aide ont été résolus, ils ont mis en oeuvre avec application les mesures permettant aux enfants de rentrer chez eux, veillant ainsi à ce que les enfants ne soient pas placés plus longtemps que ne le requiert leur situation de famille.
L’engagement du travailleur social et les visites, facteurs clé du retour
Les auteurs font ensuite un long développement sur la question du maintien du lien par des visites. Ils assurent ainsi que la littérature met en lumière le rôle fondamental de la relation entre les professionnels et les parents et notamment l’implication des professionnels dans la mise en place de visites et de contacts ainsi que leur soutien de la motivation parentale. C’est ce contact maintenu qui est très prédictif du retour en famille. Dans la présente étude, les visites étaient fréquentes, vues positivement par l’ensemble des parties prenantes, les professionnels s’assurant que ces visites permettaient de renforcer le lien.
La qualité de la relation entre le parent et le professionnel apparaît également cruciale. Lorsque celle-ci est constructive le professionnel peut proposer des techniques d’éducation efficaces qui permettent aux parents d’apprendre des stratégies répondant aux besoins des enfants.
La nécessité d’un accompagnement étendu pour répondre à des difficultés multiples
Les auteurs relèvent également l’impact des données environnementales, psychologiques et sociales. La majorité des familles suivies vivent des minima sociaux. Il apparaît évident que les privations financières imprègnent tous les aspects de la vie de famille, avec de multiples facteurs de stress. De nombreuses familles sont concernées par la toxicomanie et la maladie mentale. La plupart sont isolées, sans amis ou famille élargie sur qui compter. Les professionnels interrogés considèrent comme vitale la continuité du service offert et la nécessité de sans cesse encourager les parents à se saisir de ces services. Ces services incluent l’éducation parentale afin d’accroître les connaissances des parents sur les effets de la violence domestique, des négligences et des abus de substances, l’orientation vers un service de prise en charge des addictions, une planification financière, une aide juridique, du conseil, une aide au logement. Dans cette étude il semble que les mères les plus jeunes et les plus éduquées se saisissent davantage des aides éducatives. Il est possible que ce facteur explique la plus forte amélioration de ces mères aux scores du NCFAS-R et ait contribué à la réunification. Mais l’échantillon est trop faible pour confirmer cette hypothèse.
Les auteurs insistent sur l’aspect multifactoriel des problèmes rencontrés par ces familles et la nécessité de proposer une prise en charge globale : aides financières, logement, voisinage sûr, santé, protection de l’enfance. Les problèmes de logement apparaissent comme cruciaux, ce qui justifie une étroite collaboration entre le logement social et les services de protection de l’enfance.
*”Accomplishing family reunification for children in care: An Australian study“,
Elizabeth Fernandez, Jung-SookLee, in Children and Youth Services Review,septembre 2013