Voici, pour janvier 2016, notre sélection de contenus picorés sur le web sur les thématiques Education/Périnatalité/Enfance, le plus souvent en anglais. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.
Education
Singapour, le bon élève de Pisa, mise sur la scolarisation précoce
L’intérêt de la scolarisation précoce pour les enfants des milieux défavorisés est un sujet d’actualité dans de nombreux pays. A Singapour, le parlementaire Vikram Nair a appelé le gouvernement à intensifier ses efforts pour inciter les familles à scolariser leurs enfants en maternelle. Il a insisté : avec les aides d’état, cette scolarisation ne leur coûtera que 20 dollars singapouriens par mois, « et cela a du sens que la mère retourne travailler pendant que son enfant est accueilli dans une structure ». Le parlementaire a rappelé que les enfants qui n’étaient pas allés en école maternelle avaient davantage de difficultés avec les apprentissages fondamentaux, notamment les mathématiques. « J’espère que tous les parents, notamment les moins aisés, vont comprendre que la pré scolarisation est à leur portée et qu’elle est importante pour le futur de leur enfant ».
L’école, sujet pas assez binaire pour les candidats américains à la présidentielle
C’est un constat posé par plusieurs éditorialistes américains, au premier rang desquels Rick Hess, du magazine Education week : l’éducation est totalement absente des débats électoraux autour de la présidentielle, contrairement aux précédents scrutins. Les candidats à la primaire s’aventurent très peu sur ce terrain. « Jusqu’à présent, note Rick Hess, les questions liées à l’école permettaient aux conservateurs de montrer à quel point ils pouvaient être compatissants et aux libéraux (démocrates) de montrer comme ils pouvaient être pragmatiques et responsables. Pour cette élection les candidats sont sommés à droite comme à gauche de se montrer idéologiquement fiables et l’éducation est une problématique qui s’y prête peu ». Ce que confirme Laura Moser, sur Slate.fr.. « L’éducation n’offre pas de marqueur idéologique fort permettant de différencier droite et gauche ».
Elle développe : « comme l’a montré le président Obama, on peut avoir des vues libérales (comprendre progressistes) sur l’avortement ou le contrôle des armes et être favorable aux charters school (écoles à gestion privée, autonomes, mais financées par l’Etat) ou en guerre contre les syndicats enseignants. Or, pour de nombreux libéraux, les « charter schools » sont rien moins que le début de la destruction du système éducatif américain. De la même façon on peut être conservateur et soutenir le « common core » (équivalent de notre « socle commun de connaissances et de compétences), instaurés par les démocrates. » L’école transcende les clivages politiques. Or, il ne serait pas porteur, d’un point de vue électoral, d’exprimer à voix haute de telles subtilités. L’ensemble des candidats semblent donc avoir passé un accord tacite : évitons les sujets sur lesquels il est difficile d’avoir un avis tranché et politiquement marqué, évitons l’éducation.
La sexualité et les migrants : toute une éducation à faire
the Blaze.com
Après le scandale des agressions sexuelles survenues, entre autres sur la place de Cologne en Allemagne la nuit du nouvel an, la principale organisation en charge de l’éducation sexuelle des jeunes en Suède a plaidé pour la mise en place de cours d’éducation sexuelle à l’intention des jeunes migrants. La porte-parole de la RFSU (Association Suédoise pour l’Education Sexuelle ), Kristina Ljungros, et la secrétaire générale, Maria Andersson, a ainsi expliqué : « Il y a un besoin aigu de connaissances en matière de sexualité, des maladies sexuellement transmissibles, au préservatif en passant par le droit à l’avortement, l’égalité de genre, la législation et les droits des homosexuels et personnes transgenres . (…)Une grande partie de ces garçons livrés à eux-mêmes viennent de sociétés avec des normes et des valeurs en ce qui concerne le genre et la sexualité qui diffèrent de celles communément admises par la société suédoise ».
Angleterre : prévenir la radicalisation mais sans froisser personne
BBC.com The Guadian.com
La secrétaire d’Etat à l’éducation anglaise, Nicky Morgan, vient d’annoncer la mise en place d’un site destiné à lutter contre la radicalisation, intitulé « l’éducation contre la haine ». Le site est destiné aux enseignants et aux parents et doit les aider à contrer des « idéologies perverties » et à protéger « les esprits impressionnables des vues radicales », y compris, par exemple, «des idéologies d’extrême droite » . Il propose des outils concrets pour identifier les signes de danger ou savoir comment aborder ces sujets avec ses enfants. Le ministre a pris soin de préciser qu’il ne s’agissait pas « d’éteindre tout débat dans les écoles ou d’envelopper les jeunes dans du coton ». Il s’agit, selon lui, de trouver un juste équilibre entre « la prévention de l’extrêmisme et la possibilité de débats ouverts avec des idées qui bousculent ». La BBC a interrogé le ministre sur le voile à l’école, qui n’est pas interdit en Angleterre. Réponse : « nous n’allons pas dire ce que les gens peuvent porter ou pas, mais les écoles peuvent imposer un uniforme. Ces « dress codes » dépendent des écoles mais il y a des circonstances où il est nécessaire de voir le visage de la personne, qu’il s’agisse d’un professeur ou d’un élève ».
Cette extrême prudence du ministre de l’éducation, qu’il s’agisse du voile à l’école ou de la prévention de la radicalisation en milieu scolaire montre bien la spécificité du contexte anglais, dont la politique d’immigration n’a jamais été « assimilationniste », et s’explique par une très récente polémique, relatée notamment dans le Guardian. En décembre dernier, le gouvernement anglais a officiellement demandé aux directeurs d’établissement de devenir des acteurs à part entière de la prévention contre la radicalisation en contrôlant les accès internet au sein de l’école et en signalant des enfants qui leur semblaient à risque. Les professeurs se sont montrés très réticents, expliquant qu’ils n’étaient pas des experts en anti terrorisme, que ce n’était pas leur rôle, qu’ils se voyaient mal espionner leurs élèves. Surtout ils ont pointé les effets pervers (selon eux), de ce qui leur était demandé : censurer la parole des élèves, qui, ne se sentant plus en confiance, n’exprimeraient plus à hautes voix des idées controversées, stigmatiser et aliéner les élèves musulmans en les considérant d’un œil suspicieux. D’où les précautions sémantiques adoptées par Nicky Morgan lors de l’annonce du site « l’éducation contre la haine ».
La Grèce au bord d’une tragédie éducative
Euractiv.com
Un récent rapport européen dresse un constat alarmant du système éducatif grec, évoquant une « tragédie » et assurant que le problème est en partie politique. Le rapport pointe un grave sous-financement et un système très inégalitaire. Alors que le budget prévisionnel du pays prévoit que 4,5% soient alloués à l’éducation, seuls 3,2% sont en réalités affectés à ce secteur. « Un différentiel très élevé et inacceptable » est-il écrit. Ce sous-financement, doublé de programmes éducatifs inefficaces ont pour conséquences de très faibles performances. Les étudiants grecs sont parmi les plus mauvais dans les apprentissages fondamentaux (littérature, mathématique, sciences naturelles). Le nombre de jeunes qui ne sont ni à l’école, ni en formation, ni sur le marché du travail est passé de 17,5% en 2009 à 29,5% en 2014. Le rapport déplore aussi la faible qualité des infrastructures dans le secondaire. 21% des étudiants sont confrontés à un problème de chauffage ou d’éclairage dans les classes et 4,8% d’entre eux doivent composer avec un manque de locaux. Autant de mauvaises conditions qui nuisent à l’apprentissage. Depuis le début de la crise aucune école supplémentaire n’a été construite ni même rénovée.
Les parents en mal d’autorité, le livre qui fait débat aux USA
La presse anglo-saxonne a beaucoup chroniqué la sortie du livre de Léonard Sax, pédiatre et nouveau gourou de l’éducation, intitulé « l’effondrement de l’éducation : comment nous nuisons à nos enfants quand nous les traitons comme des adultes ». Le médecin explique que les parents d’aujourd’hui ont démissionné, renonçant à toute autorité, ce qui explique la vague d’obésité infantile, de sur-médication et de troubles du comportement et des apprentissages. Il fait des repas le moment de tous les dangers. « Lorsque les parents commencent à perdre le contrôle face à leurs enfants, le fait de leur donner le choix du repas constitue souvent le début de la fin ». Pour le pédiatre, les parents contemporains ont basculé dans la négociation permanente, et c’est en renonçant à faire manger des légumes verts à leurs enfants qu’ils ont mis le doigt dans l’engrenage. Pour Sax, le repas est ainsi à la fois le point de départ et une métaphore de la démission parentale. Il déplore le discredit jeté sur la notion d’obéissance ou l’obsession de relations démocratiques et égalitaires au sein des foyers où enfant et adultes seraient mis au même niveau.
Autre constat affligé : les parents sont incapables d’imposer des horaires de coucher (ou de supprimer les écrans dans le lit) et les jeunes adolescents manquent cruellement de sommeil. Sax estime également que les enfants d’aujourd’hui, laissés sans cadre par des parents en retrait, sont très influencés par leurs pairs. Ce qui ne leur permet pas d’intégrer les valeurs morales élémentaires telles que le bien et le mal, qui ne sont pas innées et ne peuvent être transmises que par les aînés. Pour Leonard Sax, les parents « authoritative » (que nous traduisons ici par «parents responsables »), qui sont capables de poser des règles claires et justes et de les faire respecter, ont des enfants en meilleure santé, plus épanouis, mieux armés. Il enjoint aussi les parents à cultiver l’humilité chez leurs enfants et à leur parler du sens de la vie et du bonheur, au-delà de la seule réussite matérielle.
Non seulement le livre de Sax n’a pas convaincu Melinda Wenner Moyer, chroniqueuse pour le Slate américain, mais il l’a passablement énervée. Elle l’accuse de généralisations abusives et de mauvaises interprétations. Elle revient notamment sur la notion de parents « authoritative » ou « parents responsables ». « Cette typologie parentale a été décrite pour la première fois par la psychologue du développement Diana Baumrind dans les années 60. C’est une approche qui implique d’être à la fois, de façon équilibrée, dans la chaleur parentale (la « réceptivité ») et dans l’imposition de limites et le contrôle (« l’exigence »). Ce modèle est souvent opposé au modèle autoritaire qui met beaucoup en avant l’exigence mais très peu la réceptivité. Il y a aussi le modèle « permissif » ou le modèle « négligeant », qui se comprennent quasi intuitivement. Sax a raison de défendre le modèle d’une parentalité « responsable ». La recherche a montré que les enfants élevés de cette façon sont les plus équilibrés, les mieux portants et réussissent mieux. Simplement Sax ne semble pas comprendre ce qu’est une éducation « responsable ». Prenez sa première recommandation : «Exigez, ne demandez pas, ne négociez pas. Si votre enfant demande “pourquoi ?” Répondez “c’est maman ou papa qui l’a décidé, voilà pourquoi” ». Ceci n’est pas une éducation responsable, c’est une éducation autoritaire. Et la recherche a montré que beaucoup de problèmes étaient liés à ce type d’éducation. » Melinda Wenner Moyer considère que Sax n’écrit pas que des âneries (il plaide pour des repas familiaux, des temps d’écrans limités, l’apprentissage de l’humilité) mais que ces quelques bonnes recommandations sont noyées au milieu d’inepsies archaïques et sans fondement scientifique. En tous cas, le sujet passionne. L’article de Macleans a déclenché une centaine de commentaires et celui de Slate, plus de 900.
De moins en moins de crèches universitaires pour les étudiants anglais
The Guardian.com
7% des étudiants anglais à plein temps et un tiers des étudiants à temps partiel sont parents. De plus en plus d’universités ferment leurs crèches pour des raisons budgétaires. La dernière en date, l’université Anglia Ruskin, qui dépend de Cambridge, a annoncé vouloir fermer la sienne pour la remplacer par un lounge destiné aux étudiants. Ce qui a suscité un mouvement de colère chez les parents concernés qui ont initié une pétition en ligne. En France une dizaine de campus proposent des crèches universitaires.
Préserver les acquis québecois des années 70 à l’heure des coupes budgétaires
Journals of Cambridge.org La Presse.ca UQAM.ca sciencepresse.ca
Ces différents articles canadiens mettent en lumière une étude récente qui montre les bienfaits pour les enfants de milieux défavorisés de la « révolution tranquille » survenue au Québec dans les années 70. Cette modification en profondeur du système scolaire a permis une démocratisation du système scolaire et une meilleure égalité des chances. Résultats : les enfants des milieux les plus démunis ont pu être scolarisés trois années de plus que ne l’avaient été leurs propres parents et changer ainsi de statut économique et social par rapport à la génération précédente. L’ascenseur social a bien fonctionné pour eux. Bémol important cependant : les enfants en grandes difficultés scolaires ou avec des troubles du comportement n’ont pas tiré parti de cette révolution. La chercheuse en charge de cette étude, Marie-Hélène Veronneau estime qu’il est donc important de détecter le plus en amont les difficultés et de mieux penser les aides ciblées. Or, le Québec est actuellement soumis à de fortes restrictions budgétaires et les réseaux de soutien spécialisé sont impactés par ces mesures d’économie.
En Angleterre, pas assez d’écoles, plus assez de profs
Le système scolaire britannique semble doublement à la peine. Un premier article sur le site de la BBC détaille le parcours du combattant pour des parents qui inscrivent pour leur première fois leur enfant à l’école. Le manque de places devient criant avec, selon le Labour, 500.000 enfants qui étudieraient dans des classes surchargées. Les collectivités locales ont perdu la main sur les ouvertures d’école. Seul l’Etat peut désormais décider d’une ouverture. Or, les « académies » semblent freiner des pieds et ne pas avoir une vision claire des besoins sur le terrain. Des voix s’élèvent pour demander que cette compétence revienne aux autorités locales. Lesquelles sont parvenues à créer 300.000 nouvelles places ces dernières années juste en augmentant la taille des classes ou en convertissant des espaces au départ non scolaires. Restent les écoles privées ou les écoles ouvertes par des fondations. Lesquelles n’affichent pas toujours des critères d’admission très clairs. Et n’ouvrent pas forcément là où les besoins se font le plus sentir. Résultat : les parents sont de plus en plus nombreux à se retrouver en liste d’attente, à devoir faire le tour des écoles du quartier pour aller à la pêche aux informations, ou à laisser leur enfant le matin dans une classe bondée qui déborde dans le couloir.
Autre sujet de préoccupation : la crise traversée par le corps enseignant, crise qui se manifeste notamment par une une baisse des vocations et la démission de nombreux enseignants. Sur The conversation, Howard Stevenson, directeur de recherche à l’université de Nottingham, explique que les enseignants anglais sont sous payés et sous pression, confrontés à une charge de travail insupportable et à un management absent ou à la limite du harcèlement. Pour ce spécialiste, l’une des solutions résiderait notamment dans la réintroduction d’une convention collective négociée avec les syndicats enseignants qui sécuriserait l’exercice de leur métier, les mettant à l’abri de modifications contractuelles permanentes. Howard Stevenson conclut sur le fait que le gouvernement britannique devrait se souvenir que l’éducation est un bien public et non une place de marché.
Les Etats-Unis aussi ont leur refondation de l’école
Department of Education
Le secrétaire d’état à l’éducation national américain, John King, vient de commencer au Texas une tournée qui doit lui permettre de rencontrer dans cinq états différents, des parents, des professeurs, des étudiants pour évoquer avec eux la façon dont la nouvelle loi sur l’école doit permettre à chaque enfant de réussir, quels que soient ses capacités, ses origines ethniques, son lieu d’habitation ou les revenus de sa famille. Ce nouveau texte, le « pacte de réussite pour chaque étudiant » remplace l’ancienne grande loi sur l’éducation votée en 2001, intitulée « Aucun enfant laissé sur le bord de la route », texte considéré par les acteurs de terrain comme de moins en moins applicable.
La nouvelle mouture doit permettre à chaque élève d’acquérir les standards académiques qui les préparent à réussir au lycée et dans le monde professionnel. Il s’agit aussi de promouvoir l’accès de davantage d’enfants à une pré scolarisation de qualité. Ou de réduire le poids trop lourd des tests pour les étudiants et les enseignants. Ces tests ne doivent plus obérer l’enseignement et les apprentissages. Dans le même temps, précise l’administration Obama, il ne faut pas pour autant sacrifier les informations claires permettant de s’assurer que les enfants apprennent et progressent de façon effective.
Ce dernier point est important puisqu’il fait référence à l’un des sujets les plus débattus en matière d’éducation aux USA ces dernières années : « the common core standards » ou les « normes fondamentales communes », ce qui pourrait correspondre à notre « socle commun de connaissances et de compétences ». Il s’agit de définir les compétences qui doivent être impérativement acquises par les élèves, de l’école élémentaire au secondaire, en langue anglaise et en mathématiques.
La précédente loi sur l’éducation reprenait à son compte ces normes et incitait fortement les Etats américains à les mettre en œuvre. 46 Etats sur 50 les ont adoptées (mais quatre ont ensuite fait marche arrière). De nombreux débats ont émergé. L’imposition de ces nouveaux standards impliquent notamment de tester en permanence les élèves et soumettent l’ensemble de la communauté éducative à une énorme pression.
Certains enseignants ont critiqué des normes trop figées et donc inapplicables. Les parents, eux, ont semblé déstabilisés par les nouvelles directives en mathématiques. Le nouveau pacte éducatif voté au niveau national, le « pacte de réussite pour chaque étudiant », signe en théorie la fin des « common cores ». Il redonne aux différents Etats davantage d’autonomie, les incite à développer leur propres solutions pour améliorer leur système éducatif et interdit d’imposer ou même de suggérer l’adoption des « common core standards ». Une sorte de volte-face qui voit l’administration Obama, après une tentative de volontarisme centralisateur, revenir à l’ancienne approche où chaque Etat fait comme il le sent en matière d’apprentissage de la lecture ou de la trigonométrie.
Numérique à l’école italienne: la pédagogie devra être à la hauteur
Comme en France, l’année 2016 sera celle du déploiement d’un vaste plan pour le numérique à l’école chez nos voisins italiens. Et, chez eux comme chez nous, les interrogations ne manquent pas : saura-t-on faire bon usage de ces nouvelles ressources ? N’y a-t-il pas des risques pour l’apprentissage à faire rentrer à l’école des outils, tels que les tablettes, déjà largement présents dans la vie des enfants ? L’écriture manuelle, en particulier, ne doit pas être délaissée, pour Benedetto
Vertecchi, enseignant-chercheur en pédagogie expérimentale à l’Université Rome III, car elle est “absolument nécessaire” à la construction de “raisonnements logiques et structurés”.
Pour le chercheur, l’écriture sur clavier ne permet pas un tel apprentissage. Il énumère les conséquences, déjà bien connues, d’un usage excessif et irréfléchi des nouvelles technologies chez les plus jeunes : problèmes d’orthographe, difficultés dans le maniement des concepts, la coordination et la structuration de la pensée, détérioration de la mémoire liée à “la certitude de réussir à toujours trouver une réponse à l’extérieur de sa propre tête“… Sans nier ces difficultés, d’autres appellent à voir dans le numérique une opportunité pour repenser l’école comme un lieu où “les élèves peuvent devenir acteurs de leur propre parcours d’apprentissage“. Selon Dianora Bardi, vice-présidente du centre d’études Impara Digitale, “la technologie toute seule ne fait pas une bonne école (…),la pédagogie doit être repensée pour permettre une construction partagée et participative du savoir“.
“Le vieux modèle d’apprentissage statique et frontal, fondé sur l’explication et la restitution, très simple et rassurant, ne suffit plus, n’est plus adapté à notre époque“, approuve Roberto Maragliano, professeur de technologies de l’instruction et de l’apprentissage à l’Université Rome III. Pour ce dernier, le numérique donne la possibilité aux enseignants d’innover, de mieux prendre en compte la complexité du réel, notamment par l’intégration de différents langages (écrit, audio, image, vidéo).
Désignés parmi les enseignants déjà en poste, 8.000 “animateurs digitaux” seront formés à partir de mars prochain pour intervenir dans les écoles italiennes.
Entre 2011 et 2015, dans le monde, 333 attaques contre des universités ou leurs représentants
Washington Post
Un beau texte de Robert Quinn, directeur exécutif de « Scholars at risk », réseau de promotion de l’éducation supérieure et de la liberté académique, présent dans 39 pays. L’homme a publié une tribune dans le Washington Post après le massacre survenu à l’université pakistanaise Bacha Khan. Il rappelle que ces dernières années 333 attaques ont eu lieu dans 65 pays contre des institutions du savoir. Il ne s’agit pas selon lui d’événements ponctuels et incompréhensibles mais d’une pratique généralisée qui a atteint un niveau critique. Et il s’agit surtout de la manifestation sanglante d’une impossibilité très contemporaine : la capacité à tolérer des points de vue opposés. Car si les universités sont attaquées, c’est parce qu’elles sont le lieu de la diversité des points de vue assure Robert Quinn. Il reprend l’image de l’ancien président de l’université palestinienne : l’université est l’endroit où « l’on apprend à laisser son arme à l’entrée », où l’on gagne en échange la capacité à argumenter, à raisonner, à persuader. « Ceux qui l’attaquent préfèrent la confortable certitude de la force à l’imprévisibilité du débat argumenté, la domination du point de vue unique au forum hébergeant plusieurs voix, que ce soit dans le nord ouest du Pakistan ou bien plus près de chez nous. »
Périnatalité
L’illusion du gros bébé
National Center for Biotechnology Information New York Times
Collège des gynécologues obstétriciens français
L’estimation du poids d’un bébé avant sa naissance est notoirement imprécise. Une nouvelle étude américaine montre que sur 5 bébés prévus « gros » lors d’un contrôle échographique, un seul naîtra au-dessus de la barre des 4 kilogrammes. Bien qu’on ne puisse pas s’y fier, cette mesure du poids du bébé joue un rôle non négligeable dans l’épidémie de césariennes que connaissent les Etats-Unis, écrit le New York Times. En effet, les femmes à qui on a prédit un gros bébé accouchent deux fois plus souvent par césarienne. Elles sont aussi 5 fois plus nombreuses à demander une césarienne. “L’accouchement est perçu comme un processus douloureux dès le départ. Si on vous dit que votre bébé sera gros, cela évoque plus de douleur et des risques et complications qui pourraient vous nuire à votre bébé et à vous. Il semble normal que les femmes cherchent à l’éviter”, affirme la chercheuse principale Erika R. Cheng, professeure en pédiatrie à l’Université de l’Indiana.
Les complications de la macrosomie sont bien réelles. Elle est associée à une plus forte incidence de dystocie des épaules, situation grave où les épaules du bébé se coincent et empêchent son corps de sortir. Une perspective peu réjouissante qui peut causer des blessures importantes au bébé. La dystocie concerne environ un bébé sur 200 dans la population générale mais le taux augmente de façon significative au-delà de 4 kilos. Pour les bébés qui flirtent avec les 5 kilos, ce risque est de 1 sur 5, voire plus encore dans le cas de mères diabétiques.
Mais pour l’Association des obstétriciens américains, comme d’ailleurs pour le Collège national des gynécologues obstétriciens français , la prédiction du poids de naissance est « trop imprécise » pour qu’on puisse en déduire une conduite à tenir en l’absence d’autres facteurs de risque. Si les lignes directrices de l’association américaine recommandent de « proposer » la césarienne à partir d’une estimation de 5 kilos, le docteur Aaron Caughey soupçonne que la barre est mise beaucoup plus basse chez beaucoup de médecins. Et cette proposition a des conséquences importantes: « Le simple fait de proposer la césarienne influence la décision des femmes. Si vous offrez quelque chose qui n’est pas habituellement proposé, d’une certaine façon vous dites que c’est une très bonne option. »
Déterminer l’âge gestationnel des bébés prématurés
Santelog
Site et texte en français
Environ 60% des bébés prématurés naissent en Afrique sub saharienne et en Asie du sud. Dans ces pays il peut être difficile de savoir à quel terme de la grossesse est né l’enfant et quel est son âge gestationnel. Des chercheurs de l’université de l’Iowa ont élaboré une méthode permettant de définir cet âge gestationnel à partir d’une goutte de sang.
Quand les chercheurs jouent au medium
Plusieurs articles ont été publiés au mois de janvier décrivant la mise au point de techniques de prédiction en périnatalité.
Premier dispositif : un test pour prévoir les chances de réussite d’une FIV
Daily Mail
Ces chercheurs anglais travaillent à l’élaboration d’un test qui pourrait prédire les chances de réussite d’une fécondation in vitro et éviter que des femmes ne se lancent en vain dans des années de traitements lourds, et donc inutiles. Le scientifique en charge de ces travaux, Nick Macklon directeur du centre de fertilité de Southampton, explique au Daily Mail que la présence d’un gène anormal au niveau de l’endomètre est quasi systématiquement associé à des échecs d’implantation de l’oeuf, alors que les ovocytes sont de bonne qualité. Un autre chercheur, du centre médical universitaire d’Utrecht explique : « ce que cette étude nous montre c’est qu’une grande part des femmes qui souffrent de problèmes récurrents de nidification pourraient être infertiles en raison d’un problème de réceptivité de leur utérus. Leurs chances d’être enceinte sont infimes et cette information donne aux médecins la possibilité de mieux les conseiller et d’éviter de dépenser en vain du temps, de l’énergie et de l’argent ». Des textes cliniques plus larges doivent être engagés.
Deuxième dispositif: une appli pour prédire le risque d’accouchement prématuré.
News Medical.net
Comme le note l’un des auteurs de l’étude détaillée dans cet article, « en dépit des avancées dans les soins prénataux, le nombre de bébés prématurés n’a jamais été aussi élevé, notamment en Grande-Bretagne et aux USA ». Les médecins ont donc besoin d’outils de confiance pour prédire si une femme présente un risque d’accouchement prématuré. Il est parfois difficile d’évaluer avec précision ces risques dans la mesure où toutes les femmes qui montrent des signes de pré travail ne vont pas forcément accoucher dans la foulée. Des médecins du collège royal de Londres ont donc développé une application, QuiPP, reposant sur un algorithme qui mêle plusieurs données : la durée des grossesses précédentes, la longueur du col, le taux de fibronectine, biomarqueur présent dans les sécrétions vaginales. Les médecins ont testé leur appli sur deux échantillons de femmes. Les premières étaient considérées comme à haut risque d’accouchement prématuré en raison de leurs antécédents mais ne présentaient pas de symptômes, les secondes avaient des contractions de pré travail, qui ne se transforment pas forcément en travail réel. Dans les deux études, l’application s’est révélée très performante, beaucoup plus en tous cas que chacun des critères pris isolément.
Troisième dispositif: évaluer le risque de déclenchement imminent d’une pré-éclampsie News Medical.net
Une équipe autrichienne maintenant. Les médecins de l’université viennoise de médecine ont montré que grâce à un simple test sanguin et à la mesure du quotient entre deux protéines, il était possible de dire si une femme à risque de pré-éclampsie allait effectivement de développer la maladie dans les semaines à venir. Une aide au diagnostic bienvenue qui permettra d’intervenir suffisamment tôt au bon moment et de façon proportionnée au risque.
Le code couleur, efficace pour diminuer le délai entre la décision d’une césarienne et la naissance
Science Direct.com
Texte et site en français
Cette étude réalisée en maternité de type 1 sur des césariennes pratiquées en urgence montre que l’utilisation d’un code couleur pour définir le degré d’urgence impacte positivement le délai s’écoulant entre la décision et la naissance puisque ce délai est réduit de dix minutes lorsque le code couleur est utilisé (le délai moyen passe de 54 mn à 44 mn). Pour le code vert, le délai moyen entre la prise de décision est de 62 minutes, pour le code orange de 42 minutes et pour le code rouge de 22 minutes.
Des conseils et du sport : pas vraiment d’impact sur le poids du bébé et le risque de complications
British Journal Of Obstetrique and Gynaecology
Une équipe norvégienne a testé un programme d’intervention axé sur le mode de vie des futures mères afin de savoir si cet accompagnement pouvait avoir un impact sur la prise de poids de la mère, le poids de naissance de l’enfant et plus généralement sur la santé de l’un et de l’autre à l’accouchement. Ces travaux font partie intégrante d’une vaste étude lancée en 2013 en Norvège, la NFFD (norwegian fit for delivery). Deux groupes ont été comparés. Dans le premier les femmes recevaient régulièrement des informations sur les recommandations en vigueur et des conseils précis sur leur alimentation et devaient se rendre deux fois par semaine à des séances d’activité sportive d’une heure. L’autre groupe bénéficiait de la prise en charge traditionnelle. Résultats : l’accompagnement plus intensif a permis de limiter la prise de poids des femmes par rapport au groupe contrôle. En revanche les chercheurs n’ont noté aucune incidence sur les complications obstétricales ou la proportion de gros bébés.
Une nouvelle étude sur l’accouchement à domicile, et les débats qui en découlent
New England Journal of Medicine
Canada Journal.net
New York Times
Cette nouvelle étude américaine sur les accouchements à domicile ou dans des centres de naissance effectuée dans l’Oregon (2,4% de naissance à domicile, 1,6% dans des maisons de naissance) présente au moins un intérêt : les chercheurs ont intégré dans leurs chiffres les taux de transfert pendant le travail. Les études précédentes avaient en effet tendance à ne pas compter comme accouchement à domicile une naissance survenue à l’hôpital après un transfert. Ici, une fois rebasculées dans le groupe « naissances planifiées à la maison » celles qui commencent à domicile et se terminent à l’hôpital, les chiffres montrent bien un sur risque de mortalité périnatale et néonatale pour les accouchements à domicile. «Il existe un petit risque de sérieuses complications qui sont mieux prises en charge à l’hôpital, elles sont rares mais le risque n’est pas nul », résume le co auteur de l’étude, Aaron Caughey, pour le Canada Journal. Un autre médecin, auteur d’un commentaire accompagnant l’étude, estime lui que c’est aux parents de « considérer ce qui est important pour eux et quel niveau de risques ils sont prêts à tolérer ».
L’étude souligne par ailleurs que le recours à l’induction, l’extraction instrumentale ou la césarienne est évidemment beaucoup plus fréquent dans les naissances hospitalières. Autant d’interventions qui peuvent être en elles-mêmes délétères. Les auteurs estiment également que si on les écoutait davantage, certaines femmes ne se sentiraient pas contraintes d’accoucher à domicile. Ils donnent l’exemple des accouchements par voie basse après une césarienne, inenvisageables dans de nombreux hôpitaux américains. Enfin, ils mettent en avant la spécificité du système médical américain dans lequel les sages-femmes pratiquant l’accouchement à domicile ne sont pas forcément bien formées, ou pas incluses dans le système de soin classique.
A la suite de cette parution, un pédiatre américain, Aaron E.Caroll a publié une tribune dans le New York Times.
Son texte commence par un proverbe destiné aux étudiants en médecine : « quand vous entendez des sabots, pensez à un cheval avant de penser à un zèbre ». A savoir, pensez au plus probable, à la norme, à l’ordinaire, avant de penser à l’exception. Aaron E.Caroll « abat ses cartes » d’entrée de jeu. Il n’est pas un partisan des « home births » parce qu’il a vu trop de complications pendant son internat et sa femme n’aurait pas fait ce choix pour leurs enfants. Donc, explique-t-il, « quand je pense accouchement à domicile, je pense « zèbre » », c’est à dire à l’accident. Mais, argue-t-il, une naissance hospitalière induit un risque accrû de déclenchement ou de césarienne et de prise en charge de l’enfant dans une unité néonatale (sans que cela soit forcément justifié selon lui). Accoucher à l’hôpital signifie entrer dans un protocole et en subir les excès, les approches standardisées et potentiellement iatrogènes. Donc, il ne lui semble pas irrationnel de la part des parents d’accepter un sur risque raisonnable pour en éviter un autre. Il termine en développant l’exemple anglais. Là-bas les sages-femmes libérales sont parfaitement intégrées au système de soins et tout est prévu pour un éventuel transfert à la maternité. En conclusion, il estime qu’en matière d’accouchement à domicile il y a parfois des zèbres, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y pas de chevaux.
The Lancet et Plos, la science engagée
The Lancet
Plos
Deux revues scientifiques de premier plan, The Lancet et Plos s’engagent une nouvelle fois dans des initiatives dont le but est de faire avancer la cause des femmes et des enfants grâce à la recherche. Dans le cadre de sa campagne « le meilleur de la science pour des vies meilleures », sorte de manifeste appelant à réellement mettre la science au service du progrès, The Lancet réitère son action de prévention contre la mort in utero. « 7200 vies sont perdues chaque jour à cause des décès néonataux. Imaginez si nous pouvions réduire ce nombre et stopper cette épidémie de douleur. (…) A travers le monde, la mort in utero représente la première menace pour un enfant, avant même les maladies les plus connues, telles que le sida, la malaria ou la rougeole ».
Or, déplore la revue, « nous n’en parlons toujours pas ouvertement. » « Les jeunes filles et les femmes sont abandonnées à leur souffrance silencieuse. Le stigmate est d’autant plus fort qu’elles n’ont pas accès à l’information. On doit en faire beaucoup plus pour faire tomber les barrières socioculturelles, religieuses et médicales qui inhibent un dialogue ouvert. » The Lancet milite pour qu’une grossesse médicalement sûre soit un droit universel et que toutes les femmes aient accès aux préconisations médicales concernant la prévention et les risques. Dans les mois à venir, la revue s’engage à créer des rendez-vous, organiser des débats, informer les leaders d’opinion sur le sujet pour que « la recherche fasse la différence. »
De son côté, la revue Plos s’associe pour la quatrième fois avec le « Groupe de travail sur la santé maternelle », émanation de l’école de santé publique de Harvard pour produire un numéro spécial intitulé « populations négligées: diminuer les inégalités et améliorer l’évaluation en santé maternelle ». La revue lance donc un appel à contribution à l’attention des chercheurs. L’idée est notamment de mettre en avant de nouvelles méthodes d’identification et d’évaluation des disparités dans ce secteur et des outils pour les réduire.
Petite enfance/Pédiatrie/société
Aung San Suu Kyy en guerre contre…les écrans
The Guardian
Les spécialistes du développement de l’enfant ne sont pas les seuls à tirer la sonnette d’alarme concernant l’usage trop intensif des écrans. Aung San Suu Kyy, la vétérante de l’opposition birmane, assignée à résidence pendant vingt ans, avec pour lui tenir compagnie «à peine plus qu’une librairie poussiéreuse et une radio », a elle aussi fustigé le rapport compulsif des enfants aux ordinateurs, jeux en ligne et réseaux sociaux. « Nous avons rarement des bibliothèques dans nos écoles et plus le temps de lire des livres en classe. Notre système éducatif repose sur le fait d’apprendre par cœur et de répondre à des questions. Ce qui limite la pensée critique et l’accès aux livres ».
Télémédecine et smartphones pour mieux soigner les ados
New York Times
Perry Klass, médecin et chroniqueuse régulière sur le New York Times commence par raconter la première fois où l’un de ses enfants lui a envoyé sur son smartphone la photo d’une lésion dermatologique en lui demandant « Hey, m’man, c’est inquiétant ? ». Partant du principe que les ados d’aujourd’hui sont tous hyper connectés, qu’il est parfois difficile de les envoyer dans le cabinet d’un médecin,et qu’en parallèle le marché des applications médicales est devenu foisonnant elle s’interroge sur les bienfaits d’une télémédecine qui leur serait dédiée.
Elle rappelle notamment qu’en santé mentale les textos sont déjà utilisés pour le suivi des jeunes malades. C’est aussi le cas pour les adolescents atteints de pathologies chroniques telles que les transplantations du foie ou le suivi du diabète de type 1. Ils semblent mieux suivre leur régime alimentaire lorsqu’ils reçoivent des conseils et rappels par SMS. Etant donné que tout le monde se lance déjà à des degrés divers, dans l’auto diagnostic à l’aide des sites internet, il serait intéressant de réfléchir à la façon dont les hôpitaux pourraient investir ce champ, notamment pour proposer aux plus jeunes le juste soin au juste prix. La question étant de trouver un équilibre entre les bienfaits de sites qui permettent aux ados de parler entre eux de leurs problèmes de santé, voire d’obtenir des conseils, et les risques présentés par des sites proposant des informations non fiables.
Pédriatrie : mieux prendre en compte les déterminants sociaux de santé
JAMA
Les auteurs de cet article scientifique mettent le projecteur sur ce qu’ils appellent les « déterminants sociaux de santé ». Ces déterminants, c’est à dire la façon dont les gens vivent et travaillent, auraient deux fois plus d’impact sur la santé générale d’un individu que la qualité du système de soins en lui-même. Et leur influence est très précoce. Le stress induit par des situations sociales « à risque »passe « sous la peau des enfants » comme l’écrivent les chercheurs, et a des effets épigénétiques, modifiant en profondeur leur constitution physiologique et neurocognitive.
Plusieurs études ont ainsi montré les conséquences de la maltraitance pendant l’enfance sur la santé et le bien-être ultérieurs des individus. Atténuer les effets délétères de ces déterminants sociaux est fondamental pour promouvoir un développement et une santé optimum des enfants tout au long de leur vie. Or, très peu de pédiatres prennent en compte ces critères lors des visites de routine par manque de temps, d’habitude, de connaissance des ressources communautaires. Et les recommandations des instances professionnelles proposent peu de préconisations sur la meilleure façon d’identifier les facteurs de risques sociaux des familles ou sur ce qu’il faut faire quand un besoin social est identifié. « Les pédiatres peuvent se sentir débordés par le challenge que représente le fait d’identifier des circonstances sociales au cours d’une visite de 15 minutes ».
Les pédiatres ont déjà connu cette difficulté par le passé lorsqu’ils ont été en première ligne de la détection précoce des problèmes de développement. Dans un premier temps la façon dont ils devaient procéder à ce dépistage et ce qu’ils devaient en faire ensuite n’était pas claire. L’Académie américaine a donc avalisé le fait que la surveillance était un processus flexible et longitudinal selon lequel des professionnels bien informés établissent des observations et a proposé un outil standardisé pour identifier les troubles du développement. Les auteurs de l’article notent que le développement est un processus et les déterminants sociaux une condition mais que les deux sont susceptibles de changer rapidement et fréquemment et nécessitent donc une évaluation continue et appropriée. Les chercheurs croient en la nécessité d’impliquer les familles vulnérables et de faciliter leur mise en lien avec les ressources communautaires. Ils proposent un nouveau cadre conceptuel pour aborder les déterminants sociaux de santé au sein et au-delà du système de soin de proximité.
Vaccins : quand la construction de l’information influence la santé publique
Rai TV
“La battaglia dei vaccini” (“La bataille des vaccins”) – Rai3 – Emission Presa diretta
En Italie, comme en France et dans le reste de l’Europe, les parents sont de plus en plus nombreux à hésiter avant de faire vacciner leurs enfants (voir notre enquête sur la défiance française et notre tour d’horizon des autres pays sur le sujet). Dans la péninsule, depuis 2010, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) observe une baisse de 2 à 3% concernant la deuxième injection du vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Alors que les associations qui défendent le libre choix des familles sont très actives chez nos voisins outre-alpins, la ministre de la Santé a souhaité donner l’exemple en rendant publique la vaccination de ses jumeaux. Les journalistes de la Rai ont enquêté sur les causes, mais aussi les conséquences, de cette “bataille des vaccins”. Ils se sont notamment intéressés au processus de construction d’une information tronquée qui, en dépit de l’existence d’études scientifiques solides qui la discréditent, se diffuse, alimente rapidement la méfiance des familles et parvient à faire chuter le taux de vaccination.
Le documentaire revient sur la plus extravagante de ces rumeurs, selon laquelle la vaccination peut provoquer l’autisme, née d’une étude publiée à la fin des 1990 en Angleterre dans la revue médicale The Lancet. Son auteur, reconnu plusieurs années après coupable de conflits d’intérêt et d’erreurs scientifiques, a été radié de la médecine. Mais les rumeurs ont parfois la vie dure et des “médecins-gourous” continuent aujourd’hui, en Italie et ailleurs, à entretenir des espoirs – de guérison, d’indemnisation – chez les familles d’enfants autistes. Autre éclairage de ce documentaire : Au Pays de Galles, où le taux de vaccination avait fortement chuté suite à l’article publié dans The Lancet, c’est une épidémie de rougeole qui, il y a trois ans, a fini par inverser à nouveau la courbe de la vaccination. Au plus fort de la crise, 300 cas, dont 88 ayant nécessité une hospitalisation, ont eu raison des réticences des familles. En Ouganda, la rougeole représentait pendant la guerre, où la vaccination n’était pas possible, l’une des cinq premières causes de mortalité infantile.
La fin de l’enfant unique, la nouvelle révolution chinoise
South China Morning Post South China Morning Post Figaro.fr news.xinhuanet.com Asia Times
Plus de médecins, de sages-femmes, et un meilleur suivi des grossesses tardives, les autorités chinoises promettent de mettre les moyens pour accompagner la fin de la politique dite de l’enfant unique. Depuis le 1er janvier, tous les couples mariés sont désormais autorisés à avoir un deuxième enfant, sans amende. Potentiellement, 90 millions de Chinoises sont concernées, et parmi elles 60% ont plus de 35 ans, la moitié plus de 40 ans, rapporte l’agence Chine nouvelle. La fin de la politique de l’enfant unique, annoncée fin octobre, répond à un impératif économique: pallier le déséquilibre entre les hommes et les femmes (116/100 au sein d’une même génération) et le vieillissement de la population (les 65 ans et plus représentent 110 millions en 2010 et devraient atteindre plus de 25% de la population en 2050), souligne le South China Morning Post.
L’enjeu est crucial et le parti communiste promet donc de meilleurs services publics notamment en matière de périnatalité, afin d’amorcer la dynamique démographique et doper ainsi la consommation et l’emploi. A la clé, une hausse possible de o,5 pour cent de la croissance économique, grâce à un boom dans les secteurs de l’immobilier, de l’éducation, des soins de santé et la stimulation des ventes d’articles de consommation courante et de l’emploi, espère Wang Pei’an, viceministre en charge de la santé et du planning familial chinois, cité par Le Figaro. Le gouvernement enjoint donc “universités et écoles médicales à mieux former les sages-femmes et les pédiatres, et souhaite des salaires plus élevés pour rendre ces métiers plus attractifs“. Ce responsable politique cité par l’agence nationale Xinhua, est conscient que la fin de la politique de l’enfant unique, en vigueur depuis 1979, va conduire à des grossesses plus tardives, avec leur lot de risques et de complications.
Déjà, dans la ville de Canton, une clinique spécialisée dans l’allaitement est ainsi, à peine ouverte, prise d’assaut par des futures mères entre 35 et 40 ans, rapporte le Ghangzhou Information Times. Autre geste pour la démographie: la reconnaissance de ceux que les Chinois désignent comme les “enfants noirs”. Comme le relaie notamment le Telegraph, ils sont ainsi environ 13 millions selon les chiffres officiels (ils pourraient en réalité être le double) dépourvus de certificat de naissance, parce qu’ils sont nés dans l “illégalité”, leurs parents ayant déjà un enfant. Or, sans le “hukou”, ce précieux sésame administratif, la prise en charge des soins et l’accès à l’éducation sont compromis, le mariage ou l’ouverture d’un compte en banque interdit. Une nouvelle directive votée fin 2015 assure que tout un chacun devrait être en mesure d’obtenir un hukou, indique Chine nouvelle.
D’ici 2017, 17 millions de bébés pourraient voir le jour à la faveur de la nouvelle politique de natalité, chiffre le South China Morning Post. Mais le compte pourrait ne pas y être et les fratries ne pas s’agrandir, notent plusieurs journaux, seulement 40 pour cent de parents disant envisager un deuxième enfant. Les freins sont avant tout financiers. “Pour les jeunes couples en ville qui envisagent d’avoir un deuxième enfant, la préoccupation majeure est le prix à payer. C’est juste économique“, analyse ainsi un universitaire cité par Asian Times. L’augmentation du coût de la vie et des frais de scolarité dans des villes comme Pékin, Shanghai ou Canton pourrait dissuader les couples de faire un deuxième enfant. La nouvelle politique de natalité n’est pas non plus une aubaine pour les employeurs, car elle est synonyme de plus de congés maternité, ni pour les salariées pour qui une deuxième grossesse peut entraver l’évolution professionnelle, poursuit Asian Times.
Lors d’un premier assouplissement de la politique de l’enfant unique, en 2013, seules 6,7% des familles pékinoises qui remplissaient les critères avaient saisi l’opportunité d’avoir un deuxième enfant, rappelle le South Morning Post. Le quotidien hong kongais est toutefois moins sceptique que d’autres journaux sur le succès de la politique du “deuxième enfant”. Pour preuve, il cite les frémissements déjà ressentis depuis plusieurs semaines dans le secteur immobilier, avec une demande accrue de logements dotés de 3-4 chambres, en particulier ceux situés à proximité des “bonnes écoles”. Les couples recherchent beaucoup de grands appartements en vue d’avoir un deuxième enfant: une chambre pour les parents et le nouveau ne, une autre pour l’aîné et la troisième pour les grands-parents ou la domestique. Les grands logements ne représentaient dans le passé que 30% des transactions, beaucoup de clients se rabattaient vers des surfaces comprenant une ou deux chambres, mais désormais les grands appartements atteignent la moitié des opérations, explique ainsi un agent immobilier de la région de Pékin cité par le journal anglophone Hong kongais. Immanquablement, les prix ont grimpé: de 200.000 yuans en moyenne pour un appart avec 3 chambres, il faut désormais compter 1 million. La tendance est similaire à Shanghai où, prédit un agent immobilier, “la demande des grands appartements sera encore plus grande dans les deux ans à venir“.