Voici, pour la période couvrant le mois d’octobre notre sélection de contenus picorés sur le web concernant la périnatalité, le plus souvent en anglais. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.
Un effet positif de la vitamine D pendant la grossesse sur les TDAH
Australian & New Zealand Journal of Psychiatry
Une étude danoise montre que les enfants dont les mères ont pris de la vitamine D pendant la grossesse, suffisamment pour que la concentration soit élevée dans le cordon ombilical à la naissance, sont moins nombreux à développer des troubles de l’attention et de l’hyperactivité à deux ans et demi.
Plaidoyer pour les grossesses très tardives
The Conversation
Cet article de The Conversation écrit par un consultant en néonatalogie et professeur d’éthique médicale de l’université d’Oxford, Dominic Wilkinson, entend déconstruire les mythes autour des grossesse très tardives (post-ménopause) et défend le droit de ces femmes âgées à faire appel à des traitements d’AMP. Il revient sur trois arguments régulièrement avancés pour refuser la prise en charge de ces traitements au-delà d’un âge limite de la femme (en général 42 ans).
1) Il n’est pas bon pour les enfants d’avoir une mère trop âgée. Dominic Wilkinson estime qu’avec une espérance de vie moyenne de 85 ans pour les femmes, elles peuvent avoir des enfants après 50 ans et être encore là lorsqu’ils quittent la maison. Il avance aussi que la fatigue des soins et de l’éducation au quotidien touche aussi les jeunes mères. 2) Les grossesses tardives sont risquées. Le médecin ne nie pas les complications liées à l’âge (tension, diabète, accouchement prématuré) mais argue que d’après une étude 80% des femmes de plus de 45 ans ne rencontrent pas de problème majeur durant leur grossesse et au cours de l’accouchement.
2) Les FIV ne fonctionnent pas avec les femmes âgées. Il est donc inutilement coûteux de leur permettre d’accéder à ces traitements. C’est vrai, la probabilité d’obtenir une naissance vivante après une FIV à 44 ans est de 2%. Sauf qu’en ce qui concerne les femmes ménopausées, rappelle l’auteur, il n’est évidemment pas question de procéder à une FIV avec leurs propres ovocytes. Les ovocytes sont donnés, anonymement en général (en tous cas en France), par une donneuse beaucoup plus jeune (voire très jeune comme en Espagne où les donneuses sont souvent des étudiantes). C’est l’âge des ovocytes et non celui de la gestatrice qui entre en ligne de compte pour prédire le succès de la FIV. Les taux de réussite sont beaucoup plus élevés quand les ovocytes viennent d’une donneuse, quel que soit l’âge de la femme qui porte l’enfant. Dominic Wilkinson ajoute qu’en plus ces ovocytes « jeunes » permettent de réduire le risque de trisomie 21. Il omet néanmoins de préciser une donnée récente de la recherche : les dons d’ovocyte augmentent le risque d’hypertension gravidique et de pré éclampsie. Combiné au risque inhérent à l’âge avancé de la mère, ce facteur doit peut-être faire pencher la balance du côté de la prudence.
3) Les traitements contre l’infertilité ne devraient pas être pris en charge par la sécurité sociale. Dominic Wilkinson estime que la question n’a pas à se poser uniquement pour les femmes âgées. Et que si on décide de prendre en charge ces traitements, on doit le faire de façon juste et consistante. Au-delà, pointe-t-il, la vraie question est celle du surcoût pour la société des complications de ces grossesses liées à des FIV effectuées à l’étranger. Il estime légitime pour la société de rechigner à payer pour ces frais qui sont la conséquence d’une décision personnelle et volontaire et considère qu’il pourrait être demandé à ces femmes de prendre une assurance médicale complémentaire.
Modéliser la durée de séjour et l’intensité des soins dans les unités néonatales
Une équipe anglaise a modélisé la durée de séjours en unité néonatale et l’intensité des soins reçus en fonction de l’âge gestationnel des bébés. Il est en effet important de pouvoir estimer ces données pour l’organisation interne des services et pour accompagner au mieux les parents. Cette modélisation repose sur la probabilité pour un bébé, en fonction de son âge gestationnel, de mourir ou de rester plus ou moins longtemps en unité néonatale et de faire l’objet de soins intensifs, de soins « hautement dépendants » ou de soins « spéciaux ». « La juxtaposition de ces données prédictives produites pour chaque semaine d’âge gestationnel prodigue un outil utile pour les cliniciens qui ont à informer les parents au sujet de la durée de séjour et pour les gestionnaires qui réfléchissent en terme d’allocation des ressources ».
Grossesses adolescentes : la Grande-Bretagne ne doit pas se contenter du récent succès de sa politique de santé publique
Grâce à une politique très volontariste en terme d’éducation et de santé, la Grande-Bretagne est enfin parvenue à faire baiser de façon notable le taux de grossesses adolescentes (qui était l’un des plus élevé d’Europe). L’auteur de l’article estime qu’il faut aller plus loin, parce que ce taux reste encore élevé, comme celui des IVG d’ailleurs. Il plaide notamment pour une meilleure information des femmes concernant la contraception de longue durée (stérilets et implants) et il avertit : il est nécessaire de vérifier que la stratégie qui a fait ses preuves auprès des adolescentes est tout aussi efficace pour les jeunes adultes qui ne sont ni scolarisées ni en formation professionnelle (et qui ont donc moins accès aux campagnes d’information).
Aux Etats-Unis, près de la moitié des décès maternels ont une cause psycho-sociale plutôt que médicale
American Journal of Public Health
C’est une étude qui fait froid dans le dos. Des chercheurs de l’Université de Boston ont mis en exergue le fait que la moitié des décès de patientes américaines survenant en cours de grossesse n’étaient pas dus à des causes médicales mais à des overdoses, de la violence conjugale, des suicides. Dans 46% des décès survenus et non causés par une overdose, l’usage de drogue était néanmoins présent et dans 19% de ces décès, homicides exclus, de la violence conjugale est apparue. La moitié des femmes décédées avaient fait l’objet d’une hospitalisation non programmée dans le mois qui a précédé le décès. Les auteurs de l’étude appellent donc les acteurs de la santé publique et les praticiens à changer de cadre d’analyse. La prévention au cours de la grossesse est aujourd’hui essentiellement médicale et porte sur la réduction des risques de pré éclampsie, d’accouchement prématuré, de troubles cardiaques ou de saignements. Peut-être faudrait-il bien davantage prendre en considération les risques psycho-sociaux dans la mesure où près d’une grossesse sur deux se termine par le décès de la patiente sans raison médicale inhérente à cette grossesse.
Les femmes obèses peu conscientes des risques pour leur bébé à naître
Un panel d’experts de l’Office Parlementaire de science et technologie, en Angleterre, s’inquiète du manque d’information des jeunes femmes enceintes et obèses quant aux risques de ce surpoids pour leur bébé à naître. La morbidité des enfants a considérablement augmenté ces dernières années en relation avec le surpoids maternel. Les futures mères en ont rarement conscience. Mais c’est peut-être avant la grossesse qu’il faudrait transmettre l’information…
Une autre étude présentée lors du congrès du Collège Américain de Chirurgie montre que les femmes obèses qui subissent une chirurgie bariatrique (anneau gastrique, gastroplastie, gastrectomie…) et qui perdent donc du poids avant la grossesse, présentent des risques moins élevés de césarienne.
Impact des antidépresseurs pendant la grossesse sur le développement du langage
Les enfants dont les mères ont pris des anti-dépresseurs pendant la grossesse ont plus de risque de présenter des troubles du langage. Les chercheurs ont étudié une très importante cohorte de Finlandaises ayant accouché entre 1996 et 2010 et réparties en trois groupes : celles ayant pris des anti-dépresseurs pendant la grossesse, celles ayant été diagnostiquées comme dépressives mais n’ayant pas reçu de traitement médicamenteux et celles n’ayant manifesté aucun trouble psychique. Il apparaît que les enfants des deux premiers groupes sont plus nombreux à développer des troubles du langage et que ce risque est plus important dans le premier groupe. En revanche, aucune différence n’a été notée quant au développement moteur.
Coucher l’enfant dans la chambre des parents pour prévenir la mort subite
Académie Américaine de Pédiatrie
L’Académie Américaine de Pédiatrie publie de nouvelles recommandations pour la prévention de la MIN, la mort inattendue du nourrisson (voir notre article récent sur le sujet), avec le souci de délivrer des conseils simples et clairs. Le bébé doit être couché sur le dos sur une surface ferme, dans un berceau ou un lit à barreaux, dans une gigoteuse si nécessaire. Il ne faut placer ni couverture, ni oreiller, ni peluches. Surtout l’AAP conseille de coucher l’enfant dans la chambre des parents (mais dans un couchage séparé) jusqu’à l’âge d’un an. Un bébé ne doit jamais être couché sur un sofa, avec ou sans la présence d’un adulte. L’AAP recommande l’utilisation de la tétine, déconseille les objets connectés commercialisés pour prévenir la MIN. Elle enjoint les pédiatres à avoir une attitude ouverte et à ne pas être dans le jugement lors des échanges avec les familles sur le couchage des enfants.