Voici, pour la période mai-août 2017, notre sélection d’études et contenus sélectionnés pour la plupart dans des revues scientifiques (en anglais donc), et portant sur le développement de l’enfant, ses troubles et leur prévention. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.
Syndrome de stress post traumatique, thérapies cognitives et EMDR
The Journal of Child Psychiatry and Psychology
Cette étude randomisée apporte des éléments de preuve concernant l’efficacité des thérapies cognitives dans le traitement précoce des symptômes de stress post traumatique des enfants. 71% des jeunes ayant bénéficié de ce type de thérapie ont vu leurs symptômes disparaître contre 27% dans le groupe témoin. Les chercheurs notent qu’il semble inutile d’attendre plusieurs mois après la survenue de l’événement traumatique puisqu’il est finalement peu fréquent que les symptômes disparaissent d’eux-mêmes (notamment pour la dépression).
Une autre étude parue dans la même revue porte de son côté sur le recours aux thérapies EMDR (« Désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires » en français). Leur efficacité dans le traitement des états de stress post-traumatique a été montrée par plusieurs études. Les effets sur les enfants sont en revanche moins étayés. Les auteurs de cette deuxième étude ont analysé les effets de ces thérapies en les comparant avec ceux des thérapies comportementales basées elles aussi sur la mémoire traumatique, auprès de jeunes de 8 à 18 ans ayant vécu un événement dramatique (deuil, accident de la route, agression sexuelle, enlèvement). La thérapie cognitivo-comportementale étudiée repose sur le récit de l’événement écrit par l’enfant sur ordinateur en compagnie du thérapeute, sans éluder les parties les plus difficiles. L’enfant partage ensuite son récit avec ses proches. Selon cette recherche, les deux approches se sont révélées aussi efficaces l’une que l’autre dans la réduction du stress, des symptômes dépressifs ou des troubles du comportement. Le recours à l’EMDR est néanmoins efficace plus rapidement.
Pour réduire la mortalité infantile il est plus efficace de cibler les plus pauvres
Réduire les écarts/Rapport Unicef
Un rapport de l’Unicef paru en juillet conclut que les actions ciblant la santé et la survie des enfants et communautés les plus pauvres sont les plus efficaces et que pour espérer sauver davantage d’enfants dans les prochaines années, mieux vaut s’adresser aux plus démunis plutôt que d’avoir une approche plus universelle.
« Les résultats sont incontestables : investir en faveur des enfants les plus pauvres est juste en principe et justifié en pratique puisque cette approche permet de sauver davantage de vies pour chaque dollar dépensé », explique Anthony Lake, Directeur général de l’UNICEF. « À une période où chaque dollar compte, ces résultats sont d’une importance capitale pour tous les gouvernements qui œuvrent pour mettre un terme aux décès d’enfants évitables. Investir de manière équitable dans la santé des enfants permet également de leur assurer un meilleur avenir et de rompre le cycle intergénérationnel de la pauvreté. Un enfant en bonne santé est en effet plus enclin à apprendre à l’école et à mieux gagner sa vie une fois adulte. » Il est fréquent que les programmes d’intervention précoce mis en œuvre pour stimuler le développement cognitif, social et émotionnel des enfants, en dehors des programmes de santé visant à garantir la survie même des enfants, aient des effets plus massifs sur les jeunes les plus défavorisés. D’où les plaidoyers fréquents des instances internationales (OMS, Unicef, OCDE) pour cibler les populations destinataires des interventions plutôt que de procéder à une approche strictement universelle.
Le enfants pauvres plus « résistants » et plus résilients face à l’accumulation des risques ?
La multiplicité des risques familiaux a-t-elle un effet cumulatif sur la santé des enfants et des adolescents ? Les chercheurs ont élaboré un index de « risque familial cumulatif » (RFC) qui prend en compte, comme facteurs de risque : la monoparentalité, la précarité de l’emploi, les grandes fratries, le stress parental, le faible niveau d’instruction maternel, le mauvais état de santé de la mère, physique et/ou mental. L’étude montre que chaque facteur de risque a un impact sur la santé des jeunes. Les enfants vivant dans des grandes fratries ou des familles disloquées ont plus de risque d’être en moins bonne santé. Le stress parental accroît ce risque, l’emploi précaire aussi, ainsi que le faible niveau d’instruction ou la mauvaise santé maternels. Plus les facteurs s’accumulent, plus l’impact sur la santé des jeunes est fort.
En revanche, lorsque le niveau de pauvreté est pris en compte, l’impact de cet index cumulatif s’atténue. La pauvreté semble modifier l’association entre le RFC et la santé des jeunes. Le risque d’être en mauvaise santé pour un enfant croît beaucoup plus vite au fur et à mesure qu’on cumule les différents indicateurs lorsque cet enfant est issu d’un milieu aisé. Les auteurs estiment que ces enfants, parce que moins « habitués » à l’adversité, pourraient être plus vulnérables que les enfants pauvres face à l’accumulation des risques. Autre hypothèse pour les auteurs : la santé des enfants était évaluée à partir des questions posées aux parents, il est donc possible que l’évaluation soit différente selon le milieu socio-économique et que les parents de milieu aisé soient plus enclins à déceler un souci de santé en cas de difficultés. Les auteurs semblent néanmoins davantage pencher pour la première option : les enfants pauvres, du fait de leur exposition aux situations difficiles, seraient davantage capables de résilience sur le plan de la santé. Ils estiment que ces résultats sont donc à prendre en compte et que les programmes qui portent sur le renforcement des compétences méritent autant d’attention que ceux qui ciblent davantage les manques d’une population.
Les hospitalisations pendant l’enfance -hors maladie et accidents- sont un signal d’alerte
Cette étude effectuée à partir d’une cohorte suédoise porte sur les liens entre une hospitalisation pendant l’enfance (avant 15 ans) pour des violences, empoisonnement, tentative de suicide ou automutilation et les comportements à risque et comportement délictueux au cours de l’adolescence et en tant que jeune adulte. Le fait d’être hospitalisé pour une cause autre qu’une pathologie ou un accident pendant l’enfance est-il prédictif de comportements à risque par la suite? Il semble que oui. Parmi les hommes ayant été hospitalisés pendant l’enfance pour des automutilations ou tentative de suicide, un sur sept est ensuite incriminé dans un délit violent avant l’âge de 35 ans. Et parmi ceux ayant été hospitalisés pendant l’enfance pour des violences subies, un sur quatre participera à un délit violent à l’âge adulte. Côté femmes : parmi celles qui ont été hospitalisées pendant l’enfance pour des raisons non accidentelles, une sur 5 sera de nouveau hospitalisée avant l’âge de 35 ans pour une tentative de suicide. Les auteurs n’ont en revanche pas identifié de différence dans l’augmentation du risque qui serait liée au statut socio-économique de la famille.
Le risque est en tous cas bien plus faible lorsque l’hospitalisation au cours de l’enfance était due à un accident. Deux hypothèses : le traumatisme lié à cette hospitalisation initiale est moindre quand il s’agit d’un accident, et la part des facteurs génétiques et environnementaux est certainement plus faible chez les individus hospitalisés pendant l’enfance pour un accident. D’autre part, la multiplication des hospitalisations pendant l’enfance pour différentes raisons augmente le risque d’être exposé à des situations à risque à l’âge adulte, et c’est encore plus vrai pour les filles.
Pour les auteurs, cette étude met en relief l’intérêt de considérer ces hospitalisations initiales comme des facteurs de risque mais aussi des opportunités, et de s’en saisir pour proposer des interventions familiales. Ils précisent aussi que les jeunes présentant des conduites asociales et agressives ont souvent vécu des traumatismes durant l’enfance et qu’il ne faut pas l’oublier dans leur prise en charge.
Un nouvel outil pour mesurer l’attachement
Cet article résume trois études préliminaires menées sur un questionnaire multidimensionnel mis au point pour cerner la « fonction parentale réflexive ». Cette « fonction parentale réflexive », concept théorique qui émerge de plus en plus, consiste en la capacité d’un parent à percevoir son enfant comme un « agent psychologique ». Il s’agit d’une piste prometteuse pour la recherche menée sur les troubles de l’attachement puisqu’une fonction parentale réflexive perturbée semble clairement associée (même si l’association n’est pas forcément directe) à des difficultés relevant de l’attachement chez l’enfant. Reconnaître l’opacité des états mentaux d’un enfant tout en manifestant de l’intérêt et de la curiosité pour le monde interne de l’enfant apparaissent comme la marque d’une fonction parentale réflexive opérante. Les parents en difficulté du point de vue de l’attachement semblent manquer de ces aptitudes. Pour les auteurs ces premières études apportent des preuves de la validité du questionnaire mais ne constituent qu’une toute première étape.
L’initiation précoce au tabac selon le milieu social
Les enfants exposés à des adultes fumeurs ou à un contexte tabagique sont initiés beaucoup plus tôt au tabac. Plus le milieu social est défavorisé, plus les parents fument en présence de leur enfant. A 11 ans, les enfants de mère sans qualification ont six fois plus de risque d’avoir déjà essayé la cigarette. Les auteurs concluent que le fait de réduire la consommation tabagique des adultes en présence des enfants pourrait limiter les inégalités en matière d’initiation tabagique.
L’impact des maladies chroniques sur le bien-être de l’enfant
Quel est l’impact d’une maladie chronique ou d’un trouble neuro-développemental sur le bien être physique et mental des enfants ? Les auteurs de cet article ont analysé les données d’une cohorte néerlandaise. Concernant l’asthme, qui se retrouve davantage chez les enfants élevés par un seul parent, l’impact est manifeste sur la santé physique, beaucoup moins sur le bien être psychique. Les enfants souffrant d’eczéma (également plus nombreux dans les familles monoparentales) en subissent les conséquences sur le plan physique mais aussi psychologique, surtout pour les filles. Les enfants dyslexiques souffrent davantage sur le plan psychosocial, en raison certainement de leurs difficultés scolaires. A noter que les parents, eux, et de façon assez logique, semblent aller mieux lorsque l’enfant fait l’objet d’un suivi.
Du côté des enfants porteurs d’un TDAH, les scores étaient très bon sur le plan de la santé physique, beaucoup moins, évidemment, concernant le comportement général et l’estime de soi. L’état de bien-être des familles semble particulièrement impacté, en particulier pour les parents de garçons. Mais les auteurs préviennent : les résultats sont à prendre avec précaution étant donné le faible nombre d’enfants hyperactifs dans la cohorte. Les enfants souffrant de migraines chroniques vivent dans des familles de faible niveau social. Il est donc difficile de savoir si l’impact sur les aspects psycho-sociaux est dû à la douleur récurrente ou aux conditions de vie en tant que telles. Pour les auteurs, ces enseignements devraient être pris en compte par les praticiens (avoir en tête les conséquences plus larges du trouble traité) et par les décideurs politiques et le système d’assurance maladie.
Impact du syndrome de stress post traumatique maternel pendant la grossesse sur le développement de l’enfant
Quel est l’impact d’un syndrome de stress post-traumatique maternel durant la grossesse sur le développement cognitif ultérieur de l’enfant ? C’est à cette question qu’ont souhaité répondre des chercheurs chinois avec cette étude menée auprès de 86 femmes qui étaient enceintes pendant ou juste après le tremblement de terre survenu dans une région du sud ouest de la Chine en 2008. Les auteurs constatent que ce syndrome de stress post traumatique est associé à un plus faible développement intellectuel des enfants de moins de trois ans. Les garçons semblent plus impactés que les filles.
Ocytocine et attention chez le très jeune enfant
Cette équipe de chercheurs s’est intéressée aux corrélations entre la sécrétion d’ocytocine et l’attention chez l’enfant de 6 mois à 7 ans. Au fur et à mesure que l’âge des enfants augmente, les auteurs ont observé une diminution parallèle de l’attention pour les indices sociaux (le regard, les gens, l’index pointé) et des niveaux d’ocytocine dans la salive. Avec, parallèle également, une attention qui croît avec l’âge pour les indicateurs dits « non sociaux »(formes géométriques, objets non pointés). Les chercheurs notent également une association significative entre le taux d’ocytocine et l’attention portée à l’aire de la bouche et des yeux de l’interlocuteur. Les taux d’ocytocine varient également selon certaines spécificités du génotype (selon la forme d’un des récepteurs de l’ocytocine). Les auteurs émettent l’hypothèse que le déclin du taux d’ocytocine avec l’âge reflète la réduction des interactions directes entre l’enfant et sa mère et notamment la moindre proximité physique. Deuxième conclusion : il apparaît que l’ocytocine et ses récepteurs constituent bien un piste prometteuse pour expliquer les formes atypiques d’attention sociale chez certains enfants.
Télévision dans la chambre à 7 ans, kilos en trop à 11 ans
Effectuée à partir de la cohorte britannique longitudinale Millenium (voir notre article pour en savoir plus sur ces cohortes), cette étude souligne la corrélation entre la présence d’une télévision dans la chambre d’un enfant à l’âge de sept ans et le risque de surpoids à 11 ans, ce risque étant majoré chez les filles. Les auteurs n’ont pas trouvé le même lien avec l’ordinateur et les jeux vidéos. L’effet de la télévision, lui, persiste une fois pris en compte le milieu social. Néanmoins les enfants des familles à bas revenus ou dont la mère était faiblement instruite étaient plus nombreux à avoir une télévision dans leur chambre. Plus de la moitié de l’échantillon observé avait une télévision dans la chambre.
Effets positifs des programmes de santé mentale implantés dans les écoles
Site de la Compagnie Wolters Kluwer
Dans la prochaine édition de la revue de psychiatrie d’Harvard devrait paraître une étude sur l’efficacité des programmes de prévention en santé mentale implantés dans les écoles. Certains de ces programmes s’adressent à l’ensemble des élèves, d’autres ciblent les élèves les plus à risque. Ils visent à réduire l’anxiété, la dépression, les troubles du comportement. 13% des enfants et adolescents dans le monde souffriraient de troubles psychiques.
La ghettoïsation résidentielle responsable de l’asthme des enfants afro-américains
Les chercheurs ont souvent du mal à comprendre pourquoi les enfants afro-américains souffrent deux fois plus d’asthme que les autres. Cette étude tend à confirmer que la réponse réside dans le maintien d’une ségrégation résidentielle selon laquelle les familles issues des minorités continuent de vivre dans des quartiers peu sains et pollués. L’explication avancée auparavant tenait davantage au faible poids de naissance de ces enfants (ils sont statistiquement plus souvent de petit poids) mais si ce facteur semble davantage prédisposer à l’asthme, il n’en est pas la cause. C’est en étudiant les codes postaux des enfants suivis que les chercheurs ont abouti à l’hypothèse plus probante de la sociologie résidentielle.
Les effets délétères d’une brusque augmentation de la consommation de cannabis à la fin de l’adolescence
Les auteurs de cette étude ont souhaité comprendre les processus qui lient la consommation de cannabis à l’adolescence à des difficultés psycho-sociales concomitantes et ultérieures. Les adolescents consommateurs de cannabis obtiennent en effet de moins bons résultats scolaires et sont plus sujets aux troubles de l’humeur et à la dépression. Les chercheurs ont donc disséqué la fréquence et le mode de consommation de 158 jeunes hommes année par année en les interrogeant à l’âge de 20 ans (puis à l’âge de 22 ans pour voir leur évolution psycho-sociale). De façon inattendue, les garçons qui consommaient du cannabis occasionnellement pendant leur adolescence puis ont considérablement augmenté leur consommation à 19 ans sont ceux qui présentaient le plus d’altérations au niveau du cerveau, les plus forts taux de dépression et le plus bas niveau de diplôme, par rapport à ceux dont la consommation avait toujours été élevée.
Notables différences neuronales entre filles et garçons chez les enfants porteurs de troubles du comportement
Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry
Cette étude souligne pour la première fois des différences nettes entre le cerveau de filles et de garçons manifestant tous des troubles des conduites (agressivité, violence, impulsivité, comportement antisocial). D’après la littérature scientifique, 5% d’une classe d’âge scolaire serait atteinte de tels troubles (avec une prévalence trois fois plus élevée chez les garçons) et de précédentes études ont montré que près de la moitié des enfants qui manifestent de tels troubles présenteront des comportements fortement problématiques et délictueux à l’âge adulte (voir les travaux de Richard Tremblay à ce sujet).
Dans cette étude, les adolescents porteurs de troubles, tous sexes confondus, présentent des différences au niveau du cortex préfrontal (la région impliquée dans la planification, la prise de décision et le contrôle des impulsions) par rapport à des jeunes « sains ». Plus le comportement est anormal, plus l’est aussi la structure du cerveau. Mais cette recherche met aussi en évidence que parmi les jeunes souffrant de troubles du comportement, certaines structures spécifiques du cerveau diffèrent selon le sexe de l’individu observé, avec une moindre épaisseur corticale que la normale pour les garçons et une épaisseur corticale plus marquée pour les filles. L’étude suggère donc que la cause de ces troubles, ou leur base biologique, varie selon le sexe. Ils estiment qu’il est peut-être nécessaire de revoir les programmes de prévention et de prise en charge à l’aune de ces données. La fragilité particulière des garçons face aux troubles du comportements ou aux troubles neurodéveloppementaux a fait l’objet d’un remarquable numéro spécial de la revue Infant Health Medical Journal, que nous avions synthétisé.
Améliorer le vocabulaire des enfants malentendants grâce à une prise en charge précoce
Cette étude montre que les enfants malentendants dépistés avant l’âge de trois mois et qui bénéficient d’une prise en charge avant six mois se développent mieux sur le plan du vocabulaire que ceux qui reçoivent un traitement plus tard. Les auteurs estiment que l’absence de diagnostic et de prise en charge précoces induisent des troubles supplémentaires, environnementaux et évitables qui amènent les enfants à se conduire comme s’ils avaient un retard mental. L’étude montre que les enfants qui ont une meilleure audition à la naissance, des parents avec un haut niveau d’instruction ou des parents eux mêmes malentendants (mais maîtrisant la langue des signes) ont un meilleur niveau de vocabulaire.
Aux USA 96% des bébés passent un test auditif avant un mois. En France le dépistage systématique de la surdité en maternité est devenu obligatoire en 2015.
Effets à long terme des programmes de soutien social et émotionnel
Les programmes de soutien axés sur l’apprentissage social et émotionnel des jeunes améliorent la santé mentale, les compétences sociales et les résultats scolaires et continuent à avoir un impact plusieurs mois plus tard. C’est ce que montre en tous cas cette méta analyse sur des programmes menés aux USA et en Europe. Ces programmes apprennent aux enfants à reconnaître et comprendre leurs émotions, à ressentir de l’empathie, à prendre des décisions, à construire et maintenir des relations. De précédentes recherches ont montré que le fait d’inclure ces programmes dans la classe améliorait les apprentissages scolaires, diminuait l’anxiété et les problèmes de comportement.
Le fort impact des expériences négatives de l’enfance sur la santé psycho-sociale à long terme
D’après les auteurs de cette recherche il s’agit de la première revue de littérature synthétisant les données sur les effets des « expériences négatives pendant l’enfance » (ACE en anglais) à l’âge adulte. Les ACE comprennent à la fois les négligences et maltraitances mais aussi les facteurs environnementaux délétères (précarité économique, maladie mentale du parent, conflit parental, violence conjugale…). L’identification d’au moins quatre ACE présente un risque pour le développement ultérieur de l’individu. L’association avec des ACE est faible pour l’inactivité physique, l’obésité et le diabète, modérée pour le tabac, la consommation forte d’alcool, une mauvaise perception de sa santé par l’individu, le cancer, les troubles cardiaques et respiratoires et forte pour les conduites sexuelles à risque, la maladie mentale et l’alcoolisme, et encore plus forte pour l’usage de drogues et le recours à la violence (contre soi et les autres).
Les auteurs soulèvent que les ACE, en pesant sur la santé à long terme des individus, ont un réel impact économique pour l’ensemble d’une société. Ils observent que les politiques globales de prévention précoce qui considèrent l’ensemble des préjudices qui peuvent affecter un enfant ont plus de probabilité d’être efficaces que les interventions ponctuelles qui ne ciblent qu’une source de traumatisme. Des services collaboratifs, bien informés sur les traumatismes, qui proposent aux familles des interventions multiples peuvent éviter à leurs enfants de subir à leur tour les conséquences de conditions difficiles.
Les auteurs plaident pour les visites en maternité et à domicile afin de renforcer les compétences parentales et le dépistage en soins de routine des familles à risque. Repérer chez des patients adultes de potentielles expériences traumatiques pendant l’enfance peut permettre d’orienter le traitement mais aussi d’affiner la connaissance sur les liens de causalité. La connaissance des ACE devrait s’étendre à de nombreux domaines, école, justice, travail social. Il faut évidemment chercher à éradiquer l’ensemble des ACE mais en attendant, travailler sur la résilience, aider les enfants à affronter et à surmonter les obstacles par des programmes universels à l’école par exemple, peut se révéler une bonne stratégie.
Quand la pauvreté modifie le cerveau des enfants
Nouvel article dans la presse grand public, ici the Guardian, consacré à l’impact de la pauvreté sur le cerveau des enfants. De plus en plus d’études soulignent que des conditions matérielles difficiles ont en tant que telles des conséquences directes sur le développement cérébral des enfants (en dehors même des co-morbidités associées à la pauvreté : prématurité, moindre stimulation cognitive et langagière, violences). C’est notamment ce que soulignait en 2015 une étude de Seth Pollak, chercheur américain, citée dans cet article. Cette équipe avait montré qu’il existait un seuil de revenus en deça duquel le cerveau des enfants subissait de réelles altérations (dans les zones associées au langage et aux fonctions exécutives) alors même que les mères de l’échantillon observé avaient un bon niveau d’éducation.