De la grossesse aux trois ans de l’enfant, chaque famille vulnérable adressée par le réseau est accompagnée par un binôme sage-femme/psychologue: c’est la spécificité du dispositif porté depuis vingt ans par l’association Echoline à Charleroi (Belgique).
A l’occasion de son 20ème anniversaire et de l’organisation de son premier colloque, l’association belge Echoline a demandé à plusieurs mamans accompagnées par ce service innovant de bien vouloir témoigner devant une caméra. Le résultat est saisissant de spontanéité et d’émotion.
A l’image se succèdent plusieurs jeunes femmes. Certaines ont dû composer avec la souffrance du déracinement et de la migration. D’autres semblent porter sur le visage, dans le regard, le poids d’une enfance chaotique et pas si lointaine. Toutes racontent le désarroi, le sentiment d’incompétence, l’espoir, l’estime de soi retrouvée. Des témoignages qui disent le dénuement matériel -« Ils m’ont prêté des choses, un mobile, des jeux, un porte-bébé »-, la souffrance psychique – « Je n’ai pas eu l’amour affectif de ma maman et de mon papa, avec l’enfant je me suis mise sur pause, le lien n’a pas été tout de suite là, je n’arrivais pas à lui parler »-, le réconfort – « quelqu’un qui s’intéresse à ta vie, ça fait du bien, je pouvais tout dire ». Et puis les larmes irrépressibles qui inondent les joues et traduisent la gratitude comme l’angoisse du grand saut : «maintenant que mon enfant a grandi, ça va s’arrêter, je ne sais pas comment je vais faire sans elles. »
Elles. Trois sages-femmes, trois psychologues, une secrétaire et une coordinatrice qui accompagnent des familles vulnérables de la grossesse (ou juste après l’accouchement) jusqu’aux trois ans de l’enfant. Selon un principe simple : chaque maman est suivie par un binôme composé d’une sage-femme et d’une psychologue. Lesquelles assurent des visites à domicile mais accueillent également les familles dans les locaux de l’association, notamment pour des ateliers à thème ou des groupes de discussion selon l’âge des enfants. En fonction de leurs questions, de leurs angoisses, de leurs difficultés, qui évoluent tout au long de la grossesse puis des premiers mois de l’enfant, les femmes se tournent vers l’une ou l’autre des accompagnantes de leur binôme. « Notre travail a essentiellement lieu au domicile, en moyenne une fois tous les quinze jours, précise Emilie Querton, psychologue, coordinatrice. C’est important pour se rendre compte de leur réalité. »