La deuxième partie du colloque organisé les 3 et 4 octobre derniers par l’Institut de la Parentalité porte sur « la théorie de l’attachement dans la compréhension de la construction des liens ». Ce focus a pour objectif de décrypter un des systèmes de construction psychique de l’individu, qui permet que des liens durables, uniques et émotionnellement importants se créent entre un enfant et sa figure d’attachement.
Après une ouverture consacrée à la grossesse et aux fragilités psychiques qu’elle peut déclencher, révéler ou intensifier, le colloque de l’Institut de la Parentalité s’est poursuivi avec une immersion dans la théorie de l’attachement.
Retrouvez l’intégralité de notre compte-rendu, découpé en quarte articles (dont celui-ci, en gras ci-dessous):
Première partie du colloque: focus sur la santé mentale périnatale
Deuxième partie du colloque: la construction des liens
Troisième partie du colloque: la théorie de l’attachement depuis la fenêtre de la protection de l’enfance
Quatrième partie du colloque: Des interventions de prévention et de protection construites autour de l’attachement
Découvrez les neuf propositions formulées à l’issue des deux journées
George Tarabulsy, les concepts et les aspects majeurs de la théorie de l’attachement
L’après-midi s’ouvre avec le québécois George Tarabulsy, directeur scientifique du Centre de recherche universitaire sur les jeunes et les familles. Ce professeur de psychologie est spécialiste de l’attachement dans le développement de l’enfant et du travail auprès des populations vulnérables.
Il introduit son propos avec le film de Roberto Benigni, « La vie est belle ». « Vous devez aller voir ce film ! C’est une métaphore intéressante pour le travail qu’on fait avec les parents. C’est l’épopée d’un papa qui se retrouve dans un camp de concentration, environnement hostile s’il en est. Comment préserver l’enfant de cet environnement ? Comment les enfants apprennent que leur milieu est difficile ? Qu’est ce qui fait que l’enfant s’en sort ? Dans le film le papa porte le poids de l’environnement difficile. Le dernier rempart ce sont les parents, et ce n’est pas culpabilisant. On peut travailler avec les parents pour réduire les inégalités sur le plan du développement humain. Il est possible de travailler avec ces familles et d’améliorer l’environnement proximal.»
Il revient sur la définition de l’attachement : « L’attachement est comme le lien affectif qui organise l’enfant dans différents contextes. Notre chien Thésée a eu une belle vie chez nous. Notre famille était très attachée à lui. On ne parle pas de ça quand on parle de l’attachement. C’est un lien affectif qui organise la personne sur le plan cognitif, psychique, comportemental, émotionnel. Pendant que l’enfant est en détresse, son cerveau n’est pas attentif, l’apprentissage n’est pas actif. Le comportement de l’enfant reflète quelque chose de physiologique, neurologique. La relation d’attachement se construit au quotidien dans ce qu’il y a de plus banal. Un enfant chouine, se manifeste, quelqu’un entend, comprend, réagit. La mère l’aide à gérer ses émotions. Il y a une reconnaissance tacite que l’enfant a besoin d’aide. Les interactions banales construisent la façon dont l’enfant se représente le monde. Toutes ces interactions sont importantes, elles viennent en paquet ».
Zoom sur la sensibilité parentale
Il enchaîne avec le rôle de la sensibilité parentale dans le développement de l’attachement.
On conçoit la sensibilité des comportements parentaux à l’égard de l’enfant selon trois dimensions :
– la prévisibilité
– le caractère approprié (la cohérence) : on peut être prévisible et inapproprié
– La chaleur du comportement : le parent peut-il manifester à son enfant que c’est une personne importante ?
« Il y a eu un foisonnement scientifique après guerre sur le comportement humain. Après cette boulimie de violence on s’est demandé « qu’est ce qui nous est arrivé ? » Beaucoup de gens ont écrit là-dessus, ont essayé de comprendre. C’est sur ce terreau qu’on a réfléchi à l’attachement. Deux grands enjeux sont apparus: le développement est-il continu (ce qu’on vit au début de notre vie a-t-il un impact plus tard?), le behaviorisme. Avant 1970 les lois canadiennes n’exigent pas qu’on stabilise le cadre de vie et les liens de l’enfant. On pense qu’il est résilient, qu’il va s’adapter. Nous changeons de philosophie car nous savons maintenant que le développement est continu. On ne savait pas si la relation parent-enfant était importante. La relation apparaissait comme un effet collatéral. Il faut dans la vie d’un enfant la présence d’un adulte actualisée. Bronfenbrenner, qui a développé le concept d’organisation écosystémique du développement de l’enfant, disait : « Si je devais résumer toute la recherche, ce dont un enfant a besoin c’est que quelqu’un soit fou de lui ». Il a en tous cas besoin qu’un adulte se mettre à sa place et décode ses pleurs.»
Les modèles relationnels à travers « la situation étrange »
George Tarabulsy raconte que jusque dans les années 60 on réalisait peu d’observations systématiques impliquant les interactions parent-enfant et la manière dont elles pouvaient impacter le développement. « Cela ne faisait pas partie de nos pratiques de recherche et pratiques cliniques. L’être humain est-il fait pour être en relation avec ses enfants ? La réponse est « oui ». »
Il décrit ce qui est observé avec l’expérience de la « situation étrange » mise au point par Mary Ainsworth. Un enfant est dans une pièce avec sa mère. Puis un adulte inconnu entre et s’assoit. La mère sort. Puis au bout de quelques secondes elle revient dans la pièce. On observe le comportement de l’enfant tout au long de l’expérience, notamment lorsque la mère sort (en général il pleure) et lorsqu’elle revient (parvient-il à calmer ses pleurs ?). Cette mise en situation a permis de théoriser trois grands modèles relationnels selon la recherche de proximité manifestée par l’enfant lorsque sa mère revient dans la pièce :
– Le maintien du contact
– L’évitement au moment de la réunion
– La résistance
L’attachement Sécurisant (B) se manifeste ainsi : l’enfant interagit facilement avec son parent, il est très en détresse quand le parent part, se console quand il revient. C’est l’attachement majoritaire. Dans certaines cultures on valorise le contact physique, dans d’autres l’autonomie. Un enfant qui pleure pour manifester ses besoins c’est une bonne chose.
L’attachement « insécure évitant » : l’enfant est peu troublé par le départ de l’adulte, il porte son attention sur les jouets, il évite son parent à son retour.
L’attachement « insécure ambivalent » : l’enfant surveille un peu le parent, son comportement d’exploration est moins organisé, il exprime de la méfiance vis à vis de la personne étrangère. Il fait une grosse colère au départ de la mère et est difficilement consolable.
Dans les situations d’évitement on rencontre en général un parent qui manque de chaleur. Il met l’accent sur la compétence cognitive, l’auto-régulation de l’enfant. Il vise la perfection, met la barre haut. Dans les situations ambivalentes c’est la prévisibilité qui est problématique. Ces attachements couvrent 90% des situations.
L’attachement désorganisé est fondé sur la peur comme agent important dans les interactions. Il est très fréquent auprès des populations maltraitantes. Il est aussi associé aux pertes de figures parentales durant l’enfance, aux traumatismes et hauts niveaux de conflits familiaux.
L’attachement, très prédictif des troubles ultérieurs
« Au delà des grandes théories, poursuit Georges Tarabulsy, on a suivi des enfants pour voir si on pouvait prédire le développement de l’enfant. Le paradigme aide-t-il à faire de la prédiction ? En ce qui concerne les troubles extériorisés (agressivité, hyperactivité), la désorganisation de l’attachement est le meilleur prédicteur. On prédit 50% des troubles ultérieurs. Les troubles internalisés (dépression) sont plus en lien avec le développement cognitif et langagier, la régulation émotionnelle et les fonctions exécutives. Il y a une interaction, des processus enchevêtrés ».
Pour lui, ce que montre aussi l’étude Hart et Risley de 1995 sur le langage (celle qui a conduit à la notion du « fossé des 30 millions de mots » entre les enfants les plus défavorisés et les plus aisés), c’est que « l’enfant apprend qu’il n’est pas suffisamment important pour qu’on lui adresse la parole ». « L’attachement n’est pas juste pour les enfants, prévient Georges Tarabulsy. C’est la première feuille de route de l’enfant, le bateau qui quitte le port. On peut en parler pour les relations amoureuses, entre pairs, dans les liens avec d’autres adultes importants ».
Il conclut cette première intervention par une question en forme de teasing pour sa seconde présentation prévue le lendemain : « Si on peut prédire les aspects du développement à partir des observations des interactions parent-enfant, est-ce possible d’agir favorablement sur ces interactions pour améliorer le devenir d’enfants ? »
Nicole GUEDENEY, Prendre soin des enfants dans notre société ? Quel défi
La parole revient côté France avec l’intervention de la pédopsychiatre Nicole Guedeney. Elle commence par déplorer que l’attachement soit devenu « une théorie bisounours », alors qu’elle est beaucoup plus complexe que ce que sa version vulgarisée peut laisser entendre.
Au cœur du caregiving
La spécialiste propose d’expliciter la notion de « caregiving » à partir de plusieurs références (Bowlby 88/ George Solomon 1996, 2008/ Shaver et al 2016/ Feeney et Woodhouse 2016). Le caregiving est le fait de « prendre soin en répondant au besoin d’attention et d’exploration de l’enfant ». Il s’agit d’un système motivationnel complémentaire de celui de l’attachement, système général pro social, altruiste (contrairement à l’attachement qui est centré sur les besoins de l’individu, le caregiving dirige attention sur les besoins des autres). L’attachement et le caregiving forment un système de couplage et d’auto régulation. Les bébés naissent avec une capacité programmée à l’altruisme et l’empathie, ils sont capables d’aider quelqu’un de façon désintéressée. Notre caregiving se développe tout au long de notre vie. C’est l’une des dimensions des relations parents enfants, importante dans les moments de crise, qui contribue à la survie de l’espèce.
Quelles sont les conditions d’activation du caregiving (Shaver et al, 2016) ?
Il faut se sentir en charge ou en responsabilité d’une autre personne en position de vulnérabilité ou de besoin, qui doit faire face au danger, au stress, au malaise, ou qui a une occasion d’explorer, d’apprendre, ou de maîtriser (ce dernier aspect doit encore être validé).
Qu’est-ce qui entre en jeu pour répondre de manière optimale aux besoins d’attachement et d’exploration ? Les soins parentaux. Mais ils ont été étudiés dans des sociétés occidentales industrialisées sans risque majeur pour la survie des populations, dans des échantillons de mères à bas risque. « Ce qu’on décrit est pertinent dans nos sociétés occidentales. Il faudra réfléchir aux dimensions incontournables et majeures quand la survie n’est pas garantie.» (voir à ce sujet une très intéressante étude sur l’universalité de la sensibilité maternelle)
Comment le parent peut-il devenir une base de sécurité (Marvin et al 2002) ?
– Par un double état d’esprit : prendre en charge dès que nécessaire mais suivre autant que possible
– Par une attitude : assumer d’être le plus sage, le plus fort, être désireux d’aider
– Par une tonalité affective globale chaleureuse et affectueuse (Ainsworth)
Le caregiving et l’attachement : beaucoup plus exigeants que la seule bienveillance
« Le caregiving et l’attachement c’est très complexe ! » résume Nicole Guedeney. Il faut pouvoir être proche de son enfant, le protéger, le consoler, le réconforter. Bowlby parlait de « l’ouverture magique de l’arrivée du bébé qui pousse le parent à chercher de l’aide, pour son enfant ». Ce qui permet au parent d’être un havre de sécurité c’est notamment le bonding, cette facilitation biologique qui amène le parent vers un engagement et un sentiment de responsabilité, une disponibilité physique et psychologique, la capacité à se tenir en alerte et à répondre aux besoins. Les parents développent un « radar attentionnel » avec trois niveaux de vigilance (Omer et al, 2013).
Il faut aussi une proximité physique adaptée à l’âge. Le parent doit pouvoir considérer l’expression de détresse comme une priorité à traiter, mettre à disposition de son enfant toutes ses capacités pour l’aider à surmonter sa détresse, il faut prioriser, mettre de côté ses propres besoins.
Qu’est-ce que la sensibilité parentale ?
– Percevoir, accepter, tolérer (Ainsworth et al 1978)
– Percevoir les besoins d’attachement du petit
– Accepter les comportements d’attachement comme des signaux à valeur de communication
-Tolérer, c’est à dire surmonter le côté aversif des expressions de détresse du bébé, de colère quand ils sont intenses
– Interpréter : pouvoir utiliser ses capacités de mentalisation (imaginer que l’autre a un état d’esprit). La fonction réflexive parentale (slade 2005), c’ets à dire la capacité du parent de penser sur son propre état mental et celui de son enfant, est une dimension capitale.
Mais le parent doit aussi être capable de donner de la proximité, de la consolation et du réconfort (Ainsworth et Al, 1978), de la prévisibilité avec un timing de réponse adéquat (responsivité), c’est à dire répondre ni trop tôt, ni trop tard. Il doit recourir à la communication collaborative (Fonagy et Target 1997 ; Gergely et al, 2002 ; Fonagy et Allison 2008), au « mirroring », mais être aussi coach en résolution des problèmes. Le parent doit essayer de multiplier les stratégies orientées vers le bébé et non vers soi et sa propre détresse. En plus, l’enfant n’est pas forcément coopérateur. Il faut persister face à la détresse. Le parent doit aussi manifester une bonne capacité à réguler son propre stress déclenché par les signaux de détresse, de colère ou de peur du bébé (Leerkes et al, 2017).
« C’est différent d’une position juste « gentille et bienveillante » » relève Nicole Guedeney. En effet!
Ne pas oublier le besoin d’exploration
Elle poursuit sur l’idée que l’exploration apparaît comme « le parent pauvre de la théorie de l’attachement ». « Il faut soutenir l’exploration. L’enfant a besoin qu’on le regarde, qu’on fasse attention ». Mais là aussi c’est subtil et complexe. Il faut « regarder et faire attention, être en position d’attente ». L’intervention parentale est « flexible et différenciée » (on donne des indices, on enlève les obstacles, on évite les intrusions et interférences ».
Soutenir l’exploration c’est poser des défis appropriés, créer pour l’enfant des opportunités, ne pas faire à sa place mais être là pour que l’enfant ne se sente jamais trop seul. C’est la recherche d’un équilibre entre accepter les besoins de croissance personnelle et conserver une disponibilité continue si besoin.
La pédopsychiatre évoquent les facteurs qui jouent sur le caregiving maternel : la psychopathologie parentale, la qualité du réseau social, les facteurs liés au bébé, à la biologie de la grossesse, les expériences d’attachement du parent, la culture et la puériculture, le stress dans la famille. « Il est nécessaire de repérer pour chaque famille ce qui marche, ce qui est optimal. Le rôle des parents est majeur. Les bébés ont besoin de relations personnelles familières stables et spécifiques. La première année il se joue beaucoup des domaines du possible ».
Nicole Guedeney convoque une problématique sociétale, celle du congé maternité et de la flexibilité au retour du travail. «Dix heures de crèche dès 2 mois et demi, avec une auxiliaire pour 5 enfants de moins de un an, c’est beaucoup trop. Il n’y a plus beaucoup d’aide si on a envie de faire garder son enfant à domicile. Pourquoi forcément la crèche ? » Elle évoque la charge mentale des mères et des pères, « l’Agenda des carrières professionnelles versus l’agenda des bébés », le multi taches et le micro stress qui minent la sensibilité ( Holmes 2005, Leblanc 2007).
Elle déplore qu’on « on ne priorise plus ». « C’est un gros mot de parler de renoncement temporaire (pas sacrificiel). Un an pour un bébé c’est énorme, qu’est ce que c’est dans la vie d’un adulte qui travaille ? » Toujours sur ce versant sociétal, elle parle des écrans mais du côté des parents. « L’écran est délétère pour les interactions parents enfants. On ne peut pas être connecté à son enfant si on est sur un écran. » Pour Nicole Guedeney, les professionnels sont « mis au défi d’aider au caregiving ». « Mais la formation continue c’est trop cher et c’est trop tard ». Elle considère qu’aider les parents « ce n’est pas de l’angélisme ». « Il existe des techniques thérapeutiques validées. On n’a a jamais autant parlé des besoins du bébé tout en étant aussi peu à leur hauteur pour y répondre. »
Echanges autour des difficultés parentales et le soutien à leur offrir
Après cette présentation, un échange a lieu entre plusieurs participants. L’idée d’un entretien postnatal précoce est lancée. Il faut aussi compter avec les besoins non exprimés : « c’est aussi une clinique de la non demande : les parents vont montrer à voir mai ne vont pas dire ». Anne Raynaud remarque que la prévention consiste à intervenir sans être trop prédictif. George Tarabulsy revient sur les enjeux sociaux (écrans, mobilité, conflits familiaux) en insistant : « il y aura toujours une différence selon que l’on parle de familles à faibles risques ou de familles vulnérables. Il y a un besoin de réhabiliter les interactions dans les contextes de vulnérabilité. La théorie est vraiment utile. Il y a des enjeux pour tout le monde et des enjeux spécifiques avec les familles vulnérables ».
Nicole Guedeney note que « ce qui est nouveau pour les parents aujourd’hui c’est qu’ils sont tenus de réussir au moment où l’environnement est très différent avec une prégnance du travail féminin ».
« Quels messages viennent entraver l’expression du caregiving ? S’interroge-t-elle. Avec les bébés il ne faut pas parler, il faut regarder. La vidéo c’est génial.» Georges Tarabulsy remarque qu’au Québec, « on a une loi qui donne une année de congé parental, avec ensuite des services de garde éducatifs ». Mais d’après lui, il n’y a pour le moment « pas vraiment d’effet sur le développement de l’enfant », davantage sur la stabilité de la cellule familiale.
Une participante remarque que les parents ne savent pas comment faire le tri entre un site d’information et un blog. « Pour certains l’expérience du blog leur parle plus que le discours des médecins ». « On sous estime ce qu’est capable de faire un bébé, quand on le montre aux parents, ses capacités de communication, ça produit vraiment de l’effet », note un intervenant.
Pour Nicole Guedeney, il n’y a « rien de pire qu’un regard non informé ». « Comment transmettre ce qu’on voit ? On part toujours du négatif. Or parler de ce qui est positif ne fait aucun mal. On part du positif, ça change tout comme état d’esprit. » Un pédiatre remarque que les mères « sont déjà inondées de conseils divers et variés ». Comment trouver quelque chose qui les aide ? « Ce qui me choque, poursuit-il, c’est la défaillance maternelle le lendemain de la naissance, bien plus importante qu’avant».
Pour Georges Tarabulssy « la formation pour le travail avec les familles vulnérables est capitale ». « A cause d’antécédents lourds des familles on perd de vue des enjeux. Certains parents voient dans l’enfant un manipulateur. Si on perd de vue ce qui a été adaptatif dans les parents, on passe à côté de quelque chose ». « L’attachement et le besoin de sécurité , ça commence à rentrer dans les cours prénataux mais ils sont très chargés. Ca donne lieu à des bonnes discussions. Ca fait partie des programmes de prévention dans les milieux plus vulnérables. On les suit pour favoriser le développement de l’enfant ». Nicole Guédeney rebondit : « on peut proposer, les gens disposent. Attention à ce que les parents vont entendre. Le message c’est bien « quand le bébé signale la détresse il faut être prêt et répondre ». Attention aux notions trop simplistes. C’est « l’esprit de ».
Il ne faut jamais oublier Fraiberg. Avant de faire de la guidance parentale il faut prendre en compte le parent, il faut lui demander pourquoi il fait ce qu’il fait. D’où ça vient, pourquoi. Partir de la théorie des parents. Après on transmet la recherche « faite pour les parents » comme le disait Brazelton ».
Quelques constats sont posés en guise de conclusion pour cette première journée :
– La grande fatigue des professionnels
– Le besoin de s’appuyer sur un réseau de proximité d’acteurs « bio-psycho-sociaux » dès la prévention
– Le besoin d’un langage commun et d’outils partagés parmi tous les professionnels qui accompagnent parents et futurs parents
– Le manque de formation, sur les besoins d’attachement, le repérage des vulnérabilités, le dépistage en santé mentale précoce
– L’importance d’un réseau intégré de soutien cohérent pour la famille
– L’évaluation et le soutien des compétences parentales dès la période périnatale
– La continuité du soutien pour les familles en pré et post natal
– Les difficultés de conciliation travail-famille et le questionnement sur les modes de garde face aux besoins des enfants
– Les enjeux cliniques et sociaux et leurs impacts sur les familles
– Un manque de formation pour les professionnels de toutes disciplines, tant initiale que continue : sur le développement de l’enfant, les compétences parentales, l’attachement
– L’absence de grille de lecture commune
Retrouvez l’intégralité de notre compte-rendu, découpé en quarte articles (dont celui-ci, en gras ci-dessous):
Première partie du colloque: focus sur la santé mentale périnatale
Deuxième partie du colloque: la construction des liens
Troisième partie du colloque: la théorie de l’attachement depuis la fenêtre de la protection de l’enfance
Quatrième partie du colloque: Des interventions de prévention et de protection construites autour de l’attachement
Retrouvez les neuf propositions issues de ces deux journées d’échanges