Voici, pour la période couvrant le mois de septembre notre sélection de contenus picorés sur le web concernant la périnatalité et la pédiatrie, le plus souvent en anglais. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.
Augmentation de la mortalité maternelle de 30% en Chine
La mortalité maternelle a augmenté de 30% en Chine depuis le début de l’année 2016. C’est détérioration notable fait suite à des années de progrès considérables qui avaient permis à la Chine d’atteindre les objectifs fixés par l’OMS. Il semblerait que l’assouplissement de la politique de l’enfant unique soit à l’origine de cette mortalité à la hausse. De nombreuses Chinoises considérées comme en âge avancé pour la procréation (plus de 40 ans) ont voulu profiter de la possibilité d’avoir un deuxième enfant. Cette soudaine augmentation de l’âge maternel aurait mécaniquement entraîné une hausse des complications obstétricales et les chiffres devraient revenir à la normale d’ici deux ou trois ans. Autre raison avancée : les obstétriciens chinois ne sont pas assez nombreux pour faire face à cet afflux de nouvelles maternités.
Des programmes de prévention des grossesses précoces totalement contre-productifs
Les jeunes filles qui participent à des programmes de prévention des grossesses adolescentes utilisant des simulateurs sous forme de poupons plus vrais que nature ont en fait plus de risques de débuter une grossesse. Ces programmes appelés VIP pour « Virtuel Enfant Parentalité » inventés aux USA ont le vent en poupe en Australie. Ils n’avaient jusque là pas vraiment été évalués. Les jeunes filles sont censées s’occuper tout un week-end d’un enfant virtuel qui pleure, réclame à manger et a besoin d’être changé. Une étude vient de comparer les résultats obtenus dans un groupe d’adolescentes ayant suivi ce programme avec ceux obtenus via des cours plus classiques d’éducation sexuelle prodigués par des infirmières scolaires. Davantage de grossesses sont survenues dans le premier groupe. Certaines jeunes filles ont constaté qu’elles bénéficiaient d’une attention plus soutenues de leur entourage lorsqu’elles étaient vues avec leur faux bébé. D’autres au contraire ne se gênaient pas pour couper le son ou cacher le robot.
Et l’excision devint une mutilation
Un article paru dans le Clinical Anatomy Journal rappelle que selon l’OMS près de 200 millions de femmes ont subi une mutilation sexuelle (de l’ablation du clitoris à l’infibulation) et que chaque année 3,5 millions de petites filles risquent de subir elles aussi une excision. La pratique est particulièrement élevée au Mali, en Guinée et dans la partie est de l’Afrique mais aussi en Egypte et en Indonésie. Elle répond davantage à des normes culturelles qu’à des impératifs religieux.
Un sujet de tension entre Nord et Sud
Un autre article publié par l’INED dans le cadre de sa revue Population revient sur la longue et tumultueuse histoire de la prise en compte de ce phénomène par les instances internationales. Il aura fallu du temps pour que les mutilations génitales féminines (MGF) soient considérées comme telles. Et, d’après les auteurs, «elles ont fait et font toujours l’objet de débats et de controverses.» « Les MGF mettent aussi en jeu des questions de rapports entre les pays du Nord et les pays du Sud dans la définition d’une doctrine internationale, de prise en compte des minorités dans les sociétés multiculturelles, de remise en question de schémas explicatifs hégémoniques. »
L’article rappelle ainsi qu’en 1980, lors de la conférence mondiale sur les femmes qui se tient à Copenhague, les confrontations entre les délégations européennes et africaines sur cette question sont assez tendues. « Les délégations africaines revendiquent encore majoritairement la reconnaissance de ces pratiques comme des rituels inscrits dans le passage à l’âge adulte, au même titre que la circoncision des garçons. Les positions évolueront nettement lors de la Conférence mondiale sur les femmes en 1985 à Nairobi, où un consensus plus large commence à émerger sur la reconnaissance du caractère néfaste de ces pratiques. »
Un tournant en 1990 avec l’adoption du terme « mutilations »
C’est au cours de la décennie 1990 que la lutte pour l’abandon des MGF va définitivement se structurer. En 1990, le Comité inter-africain de lutte contre les pratiques traditionnelles, créé par les associations féministes bataillant contre ces pratiques, adopte le terme de mutilations, dans la foulée de l’Unicef.
« Une forme de suspicion a longtemps pesé sur les fondements de la mobilisation des mouvements féministes internationaux, racontent les auteurs. La mobilisation internationale a trop souvent présenté de manière réductrice les femmes africaines comme subissant sans résister la perpétuation de cette coutume alors même qu’elle met en danger la vie de leurs filles. Cette présentation manichéenne a conduit à reprocher à la mobilisation internationale son inscription dans un schéma post-colonial racialisant, vécu comme une forme de croisade des féministes du Nord occultant les mobilisations émanant des sociétés concernées ».
Une pratique mondialisée avec les flux migratoires
L’article de l’INED précise que la France a été le premier pays du nord à pénaliser la pratique, en 1979, et qu’elle a pendant longtemps été le seul pays à avoir porté des affaires d’excision en justice.
Avec les mouvements migratoires, l’excision a cessé d’être le seul problème des pays du sud pour devenir une problématique mondialisée. Les auteurs posent que la pratique devrait logiquement reculer en France avec l’ascension sociale des groupes exposés. « Toutefois, la discrimination et la position défavorisée des minorités pourraient induire un « culturalisme réactif », se traduisant par une réinvention de traditions permettant d’affirmer l’identité du groupe d’origine ».
La médicalisation de l’excision, un accommodement raisonnable…ou révoltant
Autre problématique passionnante abordée dans ce texte très riche : la médicalisation des MGF qui a nettement augmenté au cours des dernières années, tout particulièrement en Égypte, au Kenya, en Guinée, au Nigeria et au Sud-Soudan. Elle est aussi avérée au Yémen et en Indonésie. Dans ces pays, entre 30 % et 80 % des femmes excisées l’ont été par des professionnels de santé (Unicef, 2013, 2015). « C’est particulièrement prégnant parmi les plus jeunes générations, pointent les auteurs, et il s’agit bien d’une évolution récente et préoccupante puisqu’elle sape potentiellement les fondements du discours de lutte contre ces pratiques néfastes. Ces nouvelles formes de MGF, impliquant les professionnels de santé, se sont développées depuis le début des années 2000, fragilisant l’argumentaire pour l’éradication de ces pratiques.» Autre question qui se pose aux médecins, y compris occidentaux: que faire face à une femme qui réclame lors de son accouchement d’être ré-infibulée c’est à dire recousue après que la cicatrice a cédé pour laisser passer le bébé) ? Dans la mesure où les analyses cliniques mettent en évidence le risque lié à la ré-infibulation, le médecin n’a pas besoin de se retrancher derrière une clause de conscience pour refuser.
Les auteurs notent enfin que l’élaboration d’un discours international commun reste une gageure. « Si la défense des droits des enfants et la protection des mères font consensus, le droit à une sexualité épanouie reste plus soumis à discussion. »
Pas de contre-indication pour l’IRM au 1er trimestre de grossesse
Saint Michael Hospital
L’IRM passé au premier trimestre de grossesse ne présente aucun risque pour le fœtus, ni de fausse couche, ni de décès ultérieur in utero ou à la naissance, ni de malformation, ni de cancer dans les quatre premières années de vie.
De nouvelles preuves du lien entre césarienne et obésité de l’enfant
Nouvelles preuves du lien entre césarienne et obésité infantile
Deux nouvelles études mettent clairement en évidence le lien entre la césarienne et le risque d’obésité. La première évoque un sur risque de 64%. Dans la seconde il est de 52%. Cette deuxième recherche conclut qu’il n’existe pas en revanche de risque accru d’hyper tension à l’adolescence.
Complications obstétricales confirmées pour les grossesses issues d’un don d’ovocyte
International Journal of Obstretics and Gynaecology
Cette meta-analyse vient confirmer que les grossesses issues d’un don d’ovocyte présentent un risque accru de complications obstétricales et néonatales. Pour limiter ces risques il est conseillé d’éviter les grossesses gémellaires et de ne réimplanter qu’un seul embryon par tentative.
Le déclenchement de l’accouchement par la prostaglandine ne présente pas de risques
Archives of Gynaecology and Obstetrics
Une étude israélienne affirme que le déclenchement du travail (notamment par l’administration de prostaglandine) ne présente pas de risques supplémentaires par rapport à un accouchement non déclenché. Le sujet est très controversé depuis plusieurs années car le déclenchement artificiel après la rupture de la poche des eaux est régulièrement accusé de provoquer une décélération du rythme cardiaque du fœtus et des hémorragies de la délivrance. Ce que contredit totalement cette étude effectuée auprès de 625 patientes ayant connu une rupture de la poche des eaux non suivie immédiatement d’un début de travail. « Les gens ont dans l’idée que tout ce qui est naturel est meilleur, y compris dans la naissance mais l’induction n’est pas nécessairement plus dangereuse pour l’enfant et pour la mère que Dame nature elle même », affirme le Dr Liran Hiersch.
Identifier les mères de prémas à risque de dépression avant le retour à la maison
The Journal of Pediatrics
La prévalence de la dépression du post partum est plus importante chez les mères de prématurés. Cette étude souligne qu’au delà du degré de prématurité de l’enfant, des facteurs de risque sont présents et identifiables avant même la fin de l’hospitalisation de l’enfant : des antécédents de troubles psychiques, une faible estime de soi, une faible perception de ses compétences maternelles, une forte anxiété vis-à-vis de l’enfant.
Les femmes présentant un risque d’accouchement prématuré ont besoin d’une information personnalisée
Cette étude canadienne s’est intéressée aux attentes en matière d’information des mères présentant un risque d’accouchement prématuré. Les visites prénatales qui leur sont actuellement proposées axent l’information sur l’enfant et les problématiques médicales liées à la prématurité en général. Les futures mères préféreraient des discussions plus personnalisées centrées sur leur rôle en tant que mère de prématuré, la façon dont les parents sont intégrés dans les soins, et le fonctionnement d’un service de néonatalogie.
A Manchester, un festival de théâtre autour de la naissance dans le monde
Du 19 au 22 octobre prochain le Royal Exchange Theatre de Manchester organise un festival dédié à la naissance dans le monde et propose une succession de pièces écrites par des femmes dramaturges du monde entier, entrecoupée de débats. Emma Callander, à l’origine de l’événement a eu cette idée en entendant le secrétaire général des Nations Unies expliquer en 2010 que de chaque année des millions de femmes et d’enfants mouraient lors de l’accouchement et que la plupart de ces décès étaient évitables. Fécondation in vitro, césarienne, induction des contractions, contrôle des naissances, grossesse et guerre… Des thèmes variés au confluent de la médecine, de l’économie, de la société, des droits des femmes.
En Nouvelle-Zélande, davantage de complications avec les grossesses suivies par les sages-femmes
En Nouvelle-Zélande,une étude conduite sur 244.000 naissances au cours des cinq dernières années a abouti à des résultats inattendus. Il apparaît en effet que les grossesses suivies par des sages-femmes ont donné lieu à davantage de complications que celles suivies par des médecins. En Nouvelle-Zélande (comme aux Pays-Bas), les sages-femmes interviennent en premier ressort. Les gynécologues obstétriciens ne sont censés suivre que les grossesses à risque. Or, selon l’étude, les bébés suivis par des médecins présentent un risque moins élevé de souffrir d’un manque d’oxygène pendant la naissance, d’une encéphalopathie néonatale ou d’avoir un faible score d’Apgar. Ellie Wernham, ancienne sage-femme qui a repris des études pour devenir médecin et qui a conduit cette étude, conclut à la nécessité de mener immédiatement une nouvelle recherche pour comprendre les causes de ce différentiel surprenant. Il se pourrait que trop de patientes qui nécessiteraient un suivi spécialisé soient en fait orientées vers des soins primaires. Le collège néo-zélandais des sages-femmes a immédiatement répondu. Les femmes qui en ont les moyens continuent en fait de se faire suivre par un médecin. Les sages-femmes suivent donc une population plus pauvre, plus tabagique, qui entre plus tardivement dans le système de soins. Les sages-femmes ont également dénoncé les sous-effectifs des maternités et le fait que très souvent aucun médecin n’était présent dans les services au-delà d’une certaine heure ou le week-end.
Diabète gestationnel : il est urgent d’identifier un effet de seuil
Une étude publiée dans le BMJ plaide pour parvenir à trouver un effet de seuil concernant les effets du diabète gestationnel. C’est un sujet épineux. Une méta analyse montre qu’il existe une corrélation linéaire entre le taux de glucose dans le sang et le risque de césarienne, d’induction ou de dystocie des épaules. Il est donc très difficile de déterminer à partir de quel taux de glycémie il faut prendre en charge une femme enceinte. Prendre en charge trop tard ou laisser passer des femmes à travers les mailles du filet peut avoir de graves conséquences au moment de l’accouchement. Mais la détection et la prise en charge à grande échelle présentent un coût considérable et la surmédicalisation n’est elle même pas sans conséquence.
Il y a quelques années le taux de glucose à partir duquel le diabète gestationnel est diagnostiqué a été abaissé, entraînant une augmentation mécanique du nombre de patientes traitées. En France il a été mis fin au dépistage universel pour ne prendre en compte que les femmes à risque (plus de 35 ans, obésité, antécédents), partant du principe que les femmes jeunes sans antécédent qui déclencheraient un diabète en cours de grossesse présentaient moins de risques de complication à la naissance. Mais ce pré supposé a lui même été remis en question, notamment par une large étude menée par une équipe de l’hôpital Jean Verdier à Bondy. On le voit avec cette nouvelle étude du BMJ, il est toujours impossible d’être définitif sur le sujet.
Augmentation du nombre de parents américains opposés à la vaccination
L’Académie américaine de pédiatrie s’alarme d’une augmentation notable du nombre de parents refusant la vaccination de leurs enfants. 93% des pédiatres interviewés dans une enquête en 2013 disaient avoir tenté d’informer les parents pour les faire changer d’avis. Un tiers des parents avaient fini par accepter la vaccination. A ce sujet voir nos articles sur la situation en France et dans les pays occidentaux
Susciter le consentement chez les jeunes enfants en soins pédiatriques
L’Académie Américaine de Pédiatrie s’intéresse à la notion de consentement chez les enfants et publie de nouveaux supports à l’attention des pédiatres les invitant à s’enquérir de l’avis de leurs jeunes patients même quand ils ont à peine 7 ans. Le principe évoqué est qu’un enfant bien informé et engagé dans les échanges connaîtra un meilleur développement intellectuel et moral, construira plus facilement son autonomie et sera plus apte, à un âge plus avancé, à prendre des décisions médicales importantes. Il ne s’agit pas de leur donner le dernier mot en matière médicale, prévient un des auteurs de ces recommandations, mais de les traiter avec respect.
Le bon timing pour un soutien actif aux parents de prématurés
Les bébés prématurés sont plus à risque de présenter des troubles cognitifs ou neuro-développementaux. Les programmes d’intervention précoce auprès des parents ont déjà montré des effets positifs pour les enfants mais un doute demeure sur le moment opportun et la durée optimum de ces interventions. Cette étude montre que le fait de prolonger le soutien initial donné aux parents au moment de la sortie de l’hôpital par 4 à 6 visites à domicile axées sur la parentalité entre les 18 et 22 mois de l’enfant a un effet positif sur plusieurs aspects du développement et optimise la croissance du cerveau. Les auteurs estiment qu’il faut confirmer ces résultats par des études longitudinales poussées afin de mieux comprendre en quoi le soutien aux parents bénéficie à l’enfant et d’identifier les modalités et le bon timing de ces interventions.
Couchage des bébés : des règles qui ont encore du mal à passer
Malgré les campagnes de prévention contre la mort inattendue du nourrisson (à ce sujet voir notre article “comprendre et prévenir la MIN”), de nombreux parents américains continuent de ne pas suivre les préconisations en matière de couchage des enfants et à les installer sur le ventre ou dans le lit parental. Les auteurs de cette étude notent que les parents éduqués contreviennent tout autant aux règles sans cesse répétées (couchage sur le dos sans couverture ni oreiller ni doudou). En cause selon eux : le manque d’information, le sentiment que « ça ne peut pas m’arriver », l’épuisement des parents.
Alerte sur la codéine pour les enfants
L’Académie Américaine de Pédiatrie appelle à la vigilance concernant l’usage de la codéine pour les enfants. De plus en plus d’études font état d’effets secondaires graves à plus ou moins long terme, notamment des réactions respiratoires mortelles.
Les enfants grossissent, les parents s’inquiètent de la taille de leur pénis
Le Dr Perri Klass livre dans cet article une conséquence inattendue du surpoids croissant des enfants américains : les parents ont du coup l’impression que leur fils a…un trop petit sexe. Non, il est juste noyé dans la graisse et les replis de la peau.
Davantage d’enfants intoxiqués au cannabis avec la dépénalisation
Une étude menée dans l’Etat du Colorado aux Etats-Unis met en évidence les effets sur les enfants de la dépénalisation de la consommation de cannabis à la fois dans un cadre médical et récréatif. Le nombre d’enfants amenés à l’hôpital pour une exposition au cannabis a considérablement augmenté dans les deux années qui ont précédé et les deux années qui ont suivi le vote de la loi.